MAGAL CHÔMÉ ET PAYE : HISTORIQUE D’UNE DÉCISION
Dakar, 22 déc (APS) – Le Magal de Touba est officiellement déclaré férié, chômé et payé, mais les Sénégalais devront attendre la célébration de cet évènement un autre jour que le samedi ou dimanche pour voir s’appliquer les dispositions de la loi.
Le Magal de Touba célébré ce dimanche est le premier depuis le gouvernement sénégalais a pris le jeudi 7 décembre 2012 la décision de déclarer férié, chômé et payé cet évènement religieux de dimension internationale.
Le gouvernement accède ainsi au vœu de nombreux dignitaires et disciples mourides qui réclamaient que la célébration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba soit déclarée officiellement jour férié dans le calendrier républicain.
Les députés ont adopté le samedi 30 novembre 2013 le projet de loi faisant du Magal un jour férié.
Les élus ont voté à l’unanimité ce texte intitulé ‘’Projet de loi n°10/2013 complétant et modifiant certaines dispositions de la loi n° 74-52 du 04 novembre 1974 relative à la fête nationale et aux fêtes légales, modifiée.
Dans son article 4, cette loi indique que ‘’la Fête nationale, la Tamxarit, la journée du Grand Magal de Touba et la journée du premier mai, les lendemains de Tabaski et de la Korité, si ces jours ne sont pas un samedi ou un dimanche, sont chômés et payés’’, selon le rapport de présentation de la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale.
Face à cette commission, le ministre de la Fonction publique, du Travail, du Dialogue social et des Organisations professionnelles, Mansour Sy, avait insisté sur l’importance du Magal de Touba qui marque le départ en exil du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba.
Selon lui, ‘’le Grand Magal de Touba est un grand moment de la vie d’une frange importante de la société. Il revêt une dimension religieuse estampillée fondamentalement d’une action de grâce mais également d’une dimension économique, socioculturelle et éducative non moindre’’.
L’ancien ministre de l’Intérieur Pathé Seck avait réaffirmé, lors de la dernière édition du Magal de Touba (Centre), la volonté du gouvernement d’introduire à l’Assemblée nationale un projet de loi en vue de légaliser la décision de l’Exécutif faisant du Magal une "journée fériée, chômée et payée".
"C’est une volonté du président de la République de reconnaître, sur le plan juridique, le Magal de Touba qui mobilise beaucoup de monde", avait dit M. Seck, relevant qu’"une loi pourrait être introduite dans ce sens à l’Assemblée nationale".
La décision du gouvernement déclarant la journée du Magal "fériée, chômée et payée" vient "légaliser ce qui était légitime", a déclaré en janvier 2013 lors du dernier Magal (118 ème édition), Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, membre du comité d’organisation de cet événement.
‘’En décrétant le Magal férié, le président de la République a légalisé ce qui était légitime, parce que durant le Magal presque personne ne travaille’’, a affirmé M. Mbacké, président de la Commission culture et communication du comité d’organisation du Magal.
’’Le Magal mérite qu’on en fasse un jour férié’’, a-t-il encore dit à des journalistes.
Le gouvernement a pris le 7 décembre 2012 la décision de déclarer "fériée, chômée et payée" la journée du Magal de Touba. Plusieurs services de l’Etat prennent part à l’organisation matérielle de cette commémoration.
’’Je serai prudent sur le chiffre d’affaires du Magal. On a fait des études sur ça. Et on continue d’en faire’’, a par ailleurs souligné M. Mbacké, ajoutant que les activités économiques menées lors de cette commémoration religieuse génèrent ’’entre 150 et 200 milliards de francs CFA’’.
Le Magal, qui commémore le départ en exil (1895-1902) au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), ’’génère des taxes indirectes pour l’Etat et impacte sur l’ensemble de l’économie du pays’’, a ajouté Cheikh Abdoul Ahad Mbacké.
’’Ça a un impact réel sur la consommation. Toutes les potentialités du Magal ne sont pas encore exploitées’’, a-t-il signalé, déclarant que ’’plus de trois millions de pèlerins’’ prennent part à cet événement.
C’est en janvier 2011 que le président de la République, Abdoulaye Wade, avait annoncé l’élaboration d’un projet de loi destiné à faire du Magal, une journée fériée et payée sur toute l’étendue du territoire national, insistant toutefois sur la nécessité d’une ’’adhésion populaire’’ à la question.
‘’Le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, et moi, nous allons réfléchir pour préparer un projet de loi en rapport avec notre groupe parlementaire et les autres partis représentés à l’Assemblée nationale et même en dehors de l’assemblée, pour que nous ayons une adhésion populaire autour de ce projet qui consiste à déclarer le Magal, journée fériée et payée sur tout le territoire du Sénégal’’, avait -t-il déclaré lors d’un séjour à Touba en, prélude à la célébration du Magal.
Le président Wade a ainsi manifesté sa volonté d’inscrire cet évènement en tant que fête dans le calendrier national à l’instar d’autres fêtes musulmanes ou chrétiennes. Toutefois, il a précisé qu’’’une telle déclaration relève de l’assemblée nationale’’.