MANSOUR CAMA DÉNONCE
LE PRIVÉ LOCAL ÉCARTÉ DE LA CITÉ DE L’EMERGENCE
Les commerçants de l’Unacois Jappo veulent jouer leur partition dans les projets du Plan Sénégal émergent (Pse). En atelier de partage sur les Partenariats publics- privés (Ppp), ils ont plaidé hier pour une plus grande implication du secteur privé national dans la mise en œuvre de ces projets.
Les membres de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois Jappo) souhaitent jouer leur partition dans le Plan Sénégal émergent (Pse).
L’organisation commerçante, qui a organisé hier un atelier de réflexion et de partage sur les financements publics et privés dans le cadre du Pse, plaide pour une implication du secteur privé national dans la réalisation des grands projets qui sont inscrits au Pse. Les commerçants sénégalais sont soutenus dans cette démarche par le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes).
Mansour Cama estime en effet que la capacité du secteur privé national à accompagner les projets du Pse, ne souffre d’aucun doute. «Mais pourvu que l’on s’entende avec l’Etat sur la manière de le faire», pose M. Cama.
Selon lui, le projet de la Cité de l’Emergence dont le Président Sall a posé la première pierre hier, est une parfaite illustration de la mise à l’écart des privés nationaux dans les projets les plus importants. «3 ha en plein centre-ville pouvaient peut-être servir de levier pour mobiliser des financements, quitte à s’allier avec des partenaires étrangers, si tant est que ces partenaires sachent construire des immeubles mieux que nous», dénonce M. Kama.
Le président de l’Unacois Jappo, Idy Thiam, qui s’engouffre dans cette brèche, ajoute que «les privés sénégalais sont tout aussi capables que les étrangers de lever les fonds nécessaires à la réalisation de grands projets, en plus d’en avoir l’expérience».
Mais les inquiétudes de ces privés ont été vite tempérées par les assurances du ministre en charge du Pse. Abdoul Aziz Tall précise en effet que le gouvernement sénégalais a déjà pris des dispositions pour permettre la participation du secteur privé national dans ces travaux.
Selon M. Tall, pour la construction de la Cité de l’Emergence, «c’est l’Etat qui a veillé à ce que 40% des travaux soient confiés aux entrepreneurs locaux et le promoteur s’est même engagé à faire plus».
Très rassurant, M. Tall estime que l’Etat du Sénégal a toujours prêté l’oreille au secteur privé. Une option qui doit avoir une assise légale, objecte Mansour Cama, qui invite le gouvernement à adopter des textes qui définissent la place du secteur privé national dans les grands travaux de l’Etat.
«Il n’y a aucune honte à écrire que dans un grand projet, on doit pouvoir réserver 20, 30, 40% au privé national». Privé national, une notion qui, selon lui renvoie, aux sociétés dont les 51% au moins sont détenus par des nationaux.
Mesures incitatives
L’Unacois Jappo qui estime que l’implication du secteur privé et des Petites et moyennes entreprises (Pme) est primordiale dans la réalisation des ambitieux projets du Pse, demande aussi que les conditions idoines soient mises en place.
«Une pleine implication des privés nationaux requiert une facilitation dans l’accès au foncier, des infrastructures modernes et un environnement favorable», souligne Ousmane Sy Ndiaye, secrétaire permanent de l’Unacois Jappo.
A ce niveau, les commerçants évoquent la possibilité de bénéficier d’allégements fiscaux et de mesures incitatives. «Nous pensons que s’il y a des opportunités de création de richesse, il est important de positionner d’abord les Sénégalais sur ce qu’ils savent faire ou leur donner la possibilité de s’associer avec des partenaires étrangers sur des chantiers sur lesquels les Sénégalais ont des limites», précise M. Ndiaye.