MARÉE HUMAINE AU MEETING DU PRINCIPAL OPPOSANT DANS LE NORD-EST
PRÉSIDENTIELLE AU NIGERIA

Maiduguri (Nigeria), 16 fév 2015 (AFP) - Muhammadu Buhari, le principal rival du chef de l'Etat Goodluck Jonathan à l'élection présidentielle au Nigeria, a été accueilli lundi par une marée humaine à Maiduguri, grande ville du Nord-Est ensanglanté depuis des années par les islamistes de Boko Haram.
L'ex-général Buhari, un musulman de 72 ans ayant déjà dirigé le Nigeria 20 mois entre fin 1983 et août 1985 au temps des dictatures militaires, a promis des mesures énergiques contre Boko Haram, sans donner de détails, en cas de victoire à l'élection du 28 mars contre le chrétien Goodluck Jonathan.
"Si nous obtenons le mandat du peuple, (...) les Nigérians commenceront à voir un gouvernement qui se préoccupe vraiment d'eux", a déclaré M. Buhari, candidat du Congrès progressiste (APC), à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno.
"Ce ne sera pas facile de lutter contre les insurgés, mais nous sommes déterminés à les affronter directement", a ajouté l'opposant devant une foule de milliers de personnes. Durant la campagne, il a régulièrement promis de donner plus de moyens aux forces nigérianes, peu efficaces face au groupe armé bien équipé, qui enchaîne les victoires.
Muhammadu Buhari s'exprimait après une visite au Shehu de Borno, un des importants chefs musulmans au Nigeria. C'est à Maiduguri qu'est né en 2002 le mouvement Boko Haram. Il s'agissait alors d'une secte qui s'est transformée en 2009 en groupe islamiste armé, après l'exécution de son chef par les forces nigérianes.
Depuis, les islamistes ont multiplié les attaques sanglantes, essentiellement dans trois Etats du Nord-Est: Borno, Yobe et Adamawa. Ils se sont emparés de pans entiers de territoires et ont étendu leurs opérations aux pays voisins: Cameroun, Niger et Tchad.
Depuis six ans, l'insurrection et sa répression souvent aveugle ont fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, où beaucoup dénoncent l'inefficacité de l'armée. Le président Goodluck Jonathan, qui s'était rendu dans le Nord-Est en janvier, avait été vivement été critiqué par les habitants.
Certains ont accusé son pouvoir d'incurie face à Boko Haram qui a tenté ces derniers mois de prendre Maiduguri, sans succès. Lundi, des milliers de résidents de la ville avaient fait fi des précautions sécuritaires pour se masser dans les rues bien avant l'arrivée de Muhammadu Buhari, qui a été accueilli en héros. Des habitants ont indiqué avoir rarement vu autant de monde dans les rues de leur ville.