ME BORSO POUYE FUSILLE LES AVOCATS DE L’ETAT ET LE PARQUET SPECIAL
PLAIDOIRIE DE L’AVOCATE DE MBAYE NDIAYE DEVANT LA CREI
La plupart des avocats de la défense n’ont pas plaidé, mais la riposte de Me Borso Pouye a tout de même été foudroyante à l’encontre des conseils de la partie civile et du parquet spécial. L’avocate qui s’est évertuée à démontrer l’innocence de son client Mbaye Ndiaye, qu’elle considère comme un cheveu dans la soupe, n’a pas été tendre à l’endroit des conseils de l’etat. selon son confrère Me Michel Basse, Karim Wade a même présenté ses excuses à l’ancien patron de l’agence des aéroports du sénégal (ads) pour cette affaire qui ne le concerne pas. d’ailleurs, revèle-t-il, les relations entre Karim Wade et Mbaye Ndiaye étaient devenues «exécrables». de son côté, Mbaye Ndiaye a juré n’avoir jamais pris un sou de l’argent du sénégal.
Le procès de Karim Wade ne tire pas dans un seul sens comme on le craignait. Après les plaidoiries de la partie civile et les réquisitions du Parquet Spécial, la défense ou une partie des avocats de la défense a pris la parole hier pour apporter une réplique salée. Me Borso Pouye qui était aux côtés de son confrère Me
Michel Basse pour assurer la défense de Mbaye Ndiaye a rendu la gifle à chacun des avocats de l’Etat du Sénégal, mais également au Procureur Spécial et à son adjoint. «Le Procureur Spécial adjoint a dit que l’on aura tout vu, mais moi je dirai qu’on aura tout dit sauf le droit. On a fait tellement d’éloges au Président et à la Cour et il faut reconnaître qu’ils n’ont rien à ravir à Mbaye Pekh. Mais je crois que la justice est sereine et ne s’occupe que des faits», ironise Me Pouye à l’entame de son propos. Défendant ses confrères du Collectif qui ont préféré ne pas assister à l’audience, Me Pouye dira à l’attention des avocats de la partie civile : «que Dieu nous préserve de Cheytan (Satan). Il y en a qui ont essayé de dresser la Cour contre les avocats de la défense. Mais on a toujours plaidé des exceptions d’incompétence en référé ou devant un autre juge et je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui on vient vous dire que c’est à vous personnellement que l’on s’est attaqué.
Me Yérim Thiam a fait le procès des avocats de la défense qui ont choisi de ne pas assister à l’audience, ce que je ne comprends pas puisqu’ils ne sont pas là». A en croire Me Borso Pouye, les conseils de l’Etat du Sénégal et le Parquet Spécial n’ont fait qu’évoquer des généralités sans jamais parler droit et des faits. A l’endroit du Procureur Spécial Cheikh Tidiane Mara, Me Pouye dira : «Il est manifeste que c’est le bon Dieu dans ses plans qui l’a amené ici, parce que même dans son réquisitoire il se perd».
«William Bourdon, quant à lui, a parlé de criminels d’argent. Je ne vois pas pourquoi il a fait le voyage si ce n’est que pour nous parler de cela. Quant à Me El Hadji Diouf, no comment», raille la robe noire. Cette page tournée, Me Borso Pouye en vient aux faits. Et c’est pour soulever de nouveau les exceptions en demandant que la procédure soit déclarée nulle et de nul effet en ce qui concerne Mbaye Ndiaye, au motif que la commission a instruit au-delà des 6 mois et que les faits qui lui sont reprochés ne lui ont pas été «expressément explicités». Elle a demandé à la Cour d’écarter la constitution de partie civile de l’Etat du Sénégal et de la déclarer irrecevable ou, au mieux, de lui allouer le franc symbolique. Elle estime que son client n’est nullement concerné par cette affaire. «Mbaye est un vieux à la retraite. Il n’est pas de la même génération que Karim, il n’est pas son copain d’enfance. Il n’a pas de comptes bancaires ailleurs qu’au Sénégal», argue l’avocate avant d’ajouter : «Mbaye Ndiaye n’est ni actionnaire réel ni actionnaire supposé». Pour se montrer convaincante, elle n’a pas manqué de lever le voile sur les relations exécrables qui existaient entre l’ex-patron des Ads et la famille Wade.
Selon Me Pouye, il existe un reportage dans lequel Mbaye Ndiaye a été totalement zappé alors que tous les directeurs ont été interrogés. Pire, lorsque Wade se rendait un jour sur le site de Diass, tout le monde était invité à l’exception de Mbaye Ndiaye. En fait, entre Karim Wade et l’ex-Dg des Ads les relations n’étaient pas au beau fixe. Selon Me Michel Basse, l’autre conseil de Ndiaye, cela s’est senti à la fin, précisément aux dernières années de Mbaye Ndiaye à la tête des Ads. «Karim Wade menaçait de l’envoyer en prison si son père gagnait les élections, pour vous dire combien leurs relations étaient exécrables», argue l’avocat.
ME MICHEL BASSE : «JE PENSE QU’IL Y A UNE BANDE ORGANISEE, MAIS MBAYE NDIAYE N’EN FAIT PAS PARTIE»
«Je pense et c’est mon opinion personnelle, qu’il y a bien une bande organisée composée de gens qui ont eu à gérer des milliards et qui ont montré une certaine arrogance», soutient Me Michel Basse qui ajoute cependant que «Mbaye Ndiaye ne coopère pas avec cette bande». A l’en croire, l’ex-boss des Ads n’a jamais apporté aide ou assistance ni à Karim Wade, ni à aucun de ses amis ou copains d’enfance. D’ailleurs, souligne Me Basse, «le 17 avril, alors qu’on attendait de voir s’il y aura mandat de dépôt, j’étais avec Mbaye Ndiaye et Karim Wade est venu lui dire : «Tonton je vous présente mes excuses pour cette affaire qui ne vous concerne pas et dans laquelle vous êtes impliqué.».En fait, l’implication supposée de Mbaye Ndiaye c’est d’avoir payé des prestations à la société Daport sans qu’il y ait une concordance entre la prestation et les paiements ; et Daport était payé à hauteur de 125 000 euros par mois pour un total de 2,5 milliards de francs. Or, selon l’avocat, l’ex-patron des Ads a payé après que la commission d’orientation lui a donné instruction de le faire. Mieux, Mbaye Ndiaye ne savait pas que Karim Wade était derrière Daport. Pour l’avocat, c’est à l’audience qu’il a appris que Wade-fils était derrière Daport.
«KARIM WADE AVAIT MENACE D’ENVOYER MBAYE NDIAYE EN PRISON SI SON PERE GAGNAIT LES ELECTIONS»
A en croire Me Basse, Daport a signé avec l’Etat du Sénégal un contrat en 2006 ; un accord a été signé avec Aibd; des redevances sont prévues et Daport reçoit toujours le même montant que celui que lui payait Mbaye Ndiaye. Daport, indique la robe noire, est toujours contractuellement liée à l’Etat du Sénégal.
Pour toutes ces raisons, Mes Pouye et Basse ont demandé que leur client soit purement relaxé. Ayant la parole en dernier, Mbaye Ndiaye a juré être blanc comme neige dans cette histoire. «Je n’ai jamais bradé l’économie nationale. Je n’ai jamais bouffé l’économie des Ads. J’ai toujours subi un contrôle de l’Armp ou de l’Ige. Il y a eu une convention signée entre Ads, l’ancien ministre Habib Sy et Daport. J’ai toujours pensé que c’étaient les Allemands qui étaient derrière la société Daport», se défend l’exboss des Ads. Mbaye Ndiaye d’ajouter : «On m’a accusé d’avoir donné un milliard de francs à Abdoulaye Wade et 450 millions de francs à Karim Wade, mais on s’est rendu compte que ce n’était pas vrai».