ME EL HADJ DIOUF CRAQUE À LA BARRE... POUR SON ONCLE
PROCÈS DE L’EX-DÉPUTÉ OMAR SY
Même s’il encourt une peine de 2 ans ferme pour escroquerie foncière, l’ex député libéral Omar Sy a recouvré la liberté hier, à l’issue d'un procès au cours duquel l’un ses avocats et parent, Me El Hadj Diouf, s'est mis à pleurer...
I l s’est toujours vanté de son courage, de sa témérité, de sa bravoure. Bref de toutes les qualités dignes d’un guerrier mais également d’un roi. Pourtant, hier, le roi ‘’Bour Saloum’’, Me El Hadj Diouf pour ne pas le nommer, a montré une autre facette de lui : la ‘’faiblesse’’.
Le roi s’est senti touché dans son amour propre et a craqué. L’avocat-député a en effet pleuré lors du procès de son ex-collègue parlementaire et oncle, Omar Sy poursuivi pour escroquerie foncière. Entamant sa plaidoirie par la poésie ‘’Femme noire’’ du poète-président Léopold Sédar Senghor avant de s’attaquer au réquisitoire du parquet, la robe noire s’est finalement laissé emporter par ses sentiments.
Tout comme ses confrères, Mes Ndiaga Sy et Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye, il n'a pas digéré que son client soit écroué ‘’dans une affaire purement civile’’. Encore que les parties civiles désintéressées se sont ensuite désistées. ‘’On veut le casser en l’envoyant en prison. Il ne sait pas voler sinon, en tant que 1er adjoint au maire de Mbour, il aurait pu vendre des terres’’, a asséné Me Diouf. La voix étreinte par des larmes, il a ajouté : ‘’Qui aurait pu imaginer un fils de Mor Sy en prison !’’.
Pour Me Diouf, le prévenu qui est son oncle parce que cousin à sa mère, est victime de sa fidélité au Parti démocratique sénégalais (PDS). ‘’ Il est puissant à Mbour et vu sa notoriété, il pourrait déranger certains adversaires politiques car même si le PDS a perdu le pouvoir, lui est resté digne’’. S’inscrivant dans cette logique, Me Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye a souligné que ‘’la justice n’est pas le bras armé de la République’’.
C’est pourquoi Me Sy trouve injuste la peine de deux années de prison requise par la représentante du parquet. D’autant, a-t-il argué, que leur client a versé 31 millions de francs aux parties civiles. Seulement pour la parquetière, la médiation pénale est un échappatoire pour le prévenu qui, a-t-elle rappelé, a été appréhendé pour des faits similaires. Mais ‘’à chaque fois, il s’est empressé de proposer une médiation pénale pour passer entre les mailles du parquet afin d’éviter les rigueurs carcérales’’.
Omar Sy, arrêté par la Section de recherches de la gendarmerie, avait proposé une médiation pénale à ses quatre plaignants. ‘’Les gendarmes m’ont suggéré de venir auprès du procureur habilité à entériner la médiation. A ma grande surprise, j’ai été placé sous mandat de dépôt’’, a-t-il fulminé.
L’ex-député est accusé d’escroquerie foncière car les plaignants qui lui ont versé divers montants n’arrivent pas à entrer en possession de leur terrain. La cause, a expliqué la seule partie civile présente, ‘’lorsque je suis partie à la Sicap, j’ai appris qu’il n’avait pas payé certaines redevances, c’est pourquoi nous n’avons pas pu entrer en possession du second terrain situé à Pyrotechnique qu’il a vendu à ma soeur’’. Niant les faits d’escroquerie foncière, l’ex parlementaire a soutenu avoir cédé les terrains sur la base d’un protocole signé avec la Sicap non sans évoquer des lenteurs administratives pour la délivrance des titres de propriétés.
’’Il y a eu un blocage mais depuis 30 ans, je travaille avec la Sicap et j’ai vendu plus d’une cité en tant qu’entrepreneur’’, a avancé le patron de l’Entreprise générale en bâtiment Oumar Sy (EGBOS) pour attester de sa bonne foi. Il a évoqué des raisons médicales après avoir passé plusieurs mois à l'extérieur pour se faire soigner.
Le Tribunal a renvoyé le délibéré à lundi prochain. En attendant, le tribunal des flagrants délits de Dakar a accordé la liberté provisoire à l’ex-député placé sous mandat de dépôt depuis jeudi dernier.