ME PAPA KHALY NIANG PLAIDE L’IMPLICATION DE LA SOCIÉTÉ
LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ ET LA CORRUPTION
Face à la montée de la criminalité et de la corruption, l’Etat ne peut pas, à lui seul, assurer la sécurité des populations. Cette conviction est celle du directeur de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp), Me Pape Khaly Niang, qui soutient qu’une association des autres franges de la société, peut participer à inverser la courbe de la délinquance.
La montée du phénomène interpelle les Etats du monde : Le terrorisme, la criminalité organisée, la corruption sont, entre autres, les maux qui menacent la stabilité de plusieurs Nations. Les attentats meurtriers, perpétrés par la secte islamiste Boko Haram au Nigéria et l’instabilité au Nord Mali, poussent le Sénégal à solidifier son dispositif de sécurité pour rester à l’écart de ces menaces.
«Quelles réponses apporter à la criminalité et la corruption», c’est le sujet d’une conférence publique animée hier par le directeur général de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp), Me Papa Khaly Niang.
Cette cérémonie clôt une session de formation des Agents de sécurité de proximité, initiée par ladite agence en partenariat avec la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho).
Face aux bénéficiaires de la formation, le conférencier exhorte l’Etat à associer les autres catégories de la société dans les politiques de sécurité. «Max Weber disait que seul l’Etat détient le monopole de la violence légitime. Après la création de l’Asp, on nous servait cette citation de Max Weber. Cette situation est révolue ! Compte tenu des évolutions de la criminalité, de sa dimension scientifique, de la révolution numérique, on ne peut plus se permettre de cantonner la sécurité au niveau régalien.
Le biologiste, l’ingénieur, l’informaticien, le sociologue... ont leur rôle à y jouer», explique Me Niang, également criminologue. Evidemment, cette thèse de «sécurité pluridimensionnelle» remet en cause les attributs de l’Etat-providence où tous les corps de métiers sont assurés par l’Etat. Cette ouverture dans la manière de gérer la sécurité amène Me Pape Khaly Niang, à justifier la création de l’Asp.
«Avec l’Etat-providence, il n’y avait ni la démocratie, ni la décentralisation, ni la société civile, il fallait que l’Etat porte le combat de la sécurité. Après cette étape, on est passé à la notion de police de proximité. En parlant de cela, c’est pour rapprocher les populations à la police parce qu’il y avait un décalage, un rapport de suspicion très à l’écart avec les attentes des populations», souligne Pape Khaly Niang.
«Le Sénégal a les outils pour faire face aux défis de sécurité»
Il précise que la notion de police de proximité «a cédé» la place à celle de sécurité de proximité pour enlever la connotation policière. Selon lui, les Asp permettent d’éradiquer «la loi du Talion dans certains quartiers où parfois les voleurs sont battus ou tués par les populations».
Ce qui, d’après le criminologue, est «contraire» aux droits humains. Pour sa part, Aboubacry Mbodj, secrétaire général de la Raddho, pense que «le Sénégal est doté d’outils pouvant faire face au défis de sécurité».