ME SIDIKI KA POUR UN DIALOGUE CPI-UA SUR LE KENYA

Dakar, 21 nov (APS) - Le ministre sénégalais de la Justice, Me Sidiki Kaba, a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à ‘’un dialogue constructif et ouvert’’ avec l’Union africaine (UA) pour l’examen des requêtes formulées par l'organisation panafricaine au sujet de la procédure visant le couple exécutif kenyan.
Intervenant mercredi à la Haye, lors de la première session plénière de l’Association des Etats de la Cour pénale internationale (CPI), le garde des Sceaux ‘’a exhorté la CPI à entretenir un dialogue constructif et ouvert avec l’Union Africaine pour examiner les requêtes que cette dernière a formulées, relatives à la situation prévalent au Kenya’’, rapportent ses services dans un communiqué transmis à l'APS.
Selon le communiqué du ministère sénégalais de la Justice, Me Sidiki Kaba doit prendre part ce jeudi à la Haye à ‘’un débat demandé par l’Union africaine pour définir le cadre des relations entre la CPI et l’Union africaine sur les propositions d’amendement, relatives à la modification de l’article 27 du statut pour une éventuelle suspension des poursuites pénales de chefs d’Etat en exercice’’.
La CPI devait entendre le 12 novembre dernier le président kenyan Uhuru Kenyatta, poursuivi pour crimes contre l’humanité en relation avec les violences postélectorales de 2007-2008, qui ont fait plus de 1500 morts et des milliers de déplacés. Le vice-président kényan William Ruto est lui aussi poursuivi par la CPI pour les mêmes motifs.
La défense et le procureur de la CPI se sont mis d’accord pour un renvoi de cette audience au 5 février 2014. La partie kenyane avait invoqué le fait que le président kenyan doit s’acquitter de tâches ‘’essentielles’’ depuis l’attaque du centre commercial Westgate de Nairobi, menée par un commando et revendiquée par les shebabs, faisant au moins 67 morts et une vingtaine de disparus.
La CPI a rejeté la plupart des arguments de la défense bien qu’elle ait donné son accord pour un report du procès. La procureure de la CPI avait de son côté assuré qu’elle souhaitait aussi un report du procès mais seulement dans le but de disposer de temps supplémentaire pour être en mesure de présenter ses témoins dans un ordre logique et cohérent.
Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) jusqu’à sa nomination comme ministre, sera par ailleurs ‘’l’invité spécial de la CPI pour intervenir sur la protection des victimes’’, selon ses services.
Il a rappelé, à l’ouverture de première session plénière de l’Association des Etats de la Cour Pénale Internationale (CPI), l’attachement du Sénégal à la juridiction internationale, ‘’car les valeurs morales et juridiques qui la fondent sont conformes à celles du Sénégal’’, rapporte le communiqué. Selon le ministre sénégalais de la Justice, ''justice et paix se conjuguent ensemble pour promouvoir la démocratie et le développement durable dans le monde''.
‘’Le ministre de la Justice a rappelé que le Sénégal est le premier pays au monde à avoir ratifié le Statut de Rome montrant ainsi son attachement à la lutte contre l’impunité qui est la source, sinon la cause principale des conflits qui ensanglantent l’Afrique en causant d’énormes tragédies dans plusieurs foyers’’, mentionne le texte.
‘’Il a également rappelé, au cours de son intervention, que la CPI a une coopération exemplaire avec le Sénégal qui a satisfait à toutes les requêtes d’assistance et enquêtes de cette Cour au Sénégal’’, rapporte le communiqué.
‘’Dans la foulée, Me Sidiki Kaba a lancé un appel pour que tous les pays (du Nord comme du Sud) qui n’ont pas encore ratifié le Statut de Rome puissent le faire rapidement, illustrant ainsi leur engagement dans la lutte universelle contre l’impunité et pour la protection universelle des droits’’, lit-on dans ce texte.
A la demande du Kenya, un sommet extraordinaire de l’UA s’était tenu le 12 octobre dernier sur les relations entre la CPI et l’Afrique. L’UA demande "le sursis des poursuites" contre les dirigeants kényans. Plus généralement, une opinion africaine accuse la CPI de ne poursuivre que des, ressortissants africains, s’insurgeant contre une justice internationale à double vitesse.