MODIBO DIOP RESTE DANS LE NOIR
L’EX-DG DE L’ASER CONDAMNE A 5 ANS DE PRISON
Reconnus coupables de détournements de deniers publics, d’escroquerie, Modibo Diop, ancien directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), et quatre de ses collaborateurs ont été condamnés, hier, à 5 ans de prison ferme. Les mis en cause ont été condamnés à payer solidairement à l’Etat du Sénégal, à titre de dommages et intérêts, la somme 600 millions.
5 ans ferme. La première chambre correctionnelle du Tribunal régional Hors classe de Dakar a donné hier, lecture de sa décision, dans le procès de l’ex-directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) et cinq de ses collaborateurs, cités dans une affaire d’escroquerie, détournement de deniers publics, faux et usage de faux et complicité. Le dénouement est cruel pour l’ex-responsable du Pds à Colobane qui a toujours assimilé cette procédure judiciaire à un règlement de comptes politico-judiciaires.
Il aura fallu une détention provisoire de deux ans et neuf mois pour que Modibo Diop et ses co-prévenus soient fixés sur leur sort. Dans son délibéré, le juge a déclaré l’action publique recevable, après avoir reconnu les prévenus Modibo Diop et ses quatre acolytes notamment Mahanta Thiam, Pape Diallo, Fara Diallo Thioune et Abdoulaye Diop coupables d’escroquerie portant sur des deniers publics et complicité.
Le juge correctionnel a établi les faits qui leur sont reprochés. En plus de cette peine de 5 ans de prison ferme, une amende ferme de 5 millions a été prononcée à l’endroit de l’ex-Dg de l’Aser et son co-prévenu Pape Diallo. Les sieurs Thioune, Thiam et Diop, reconnus coupables de complicité d’escroquerie portant sur des deniers publics, devront verser chacun une amende de 100 mille francs dans les comptes du Trésor public. Le juge correctionnel a été plus clément que le procureur de la République. Dans ses réquisitions, le ministère public avait demandé 10 ans de prison ferme.
Pour les intérêts civils, les condamnés ont été assignés à payer, solidairement à l’Etat du Sénégal, la somme de 600 millions de francs Cfa, à titre de dommages et intérêts. Alors que la partie civile avait réclamé 10 milliards de francs. Le Tribunal correctionnel a ordonné le paiement de cette somme, sous peine de sanction relativement à la saisine des biens des mis en cause. Toutefois, le Tribunal a ordonné la relaxe de Ibrahima Dieng, qui recouvre ainsi la liberté, après plus de 2 ans de détention préventive. Les charges retenues contre lui n’ont pas été suffisantes aux yeux du Tribunal pour entrer en voie de condamnation.
Recours sur les intérêts civils
Placé sous mandat de dépôt le 21 décembre 2010, pour détournement de deniers publics de plus de 4 milliards dans le cadre d’un financement de la Banque mondiale, l’ex-directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), Modibo Diop, va devoir rester en prison deux ans encore. Le montant du préjudice subi par l’Etat du Sénégal était initialement fixé à 4 832 347 835 avant d’être revu à la baisse, à la suite de l’instruction du dossier.
Ainsi, les 600 millions de dommages et intérêts en guise de réparation de ce préjudice matériel et qui découlent des faits objets de la poursuite sont jugés insuffisants par des conseils de l’Aser et l’Agent judiciaire de l’Etat. «Entre le préjudice subi par l’Etat du Sénégal et les dommages et intérêts qui lui ont été alloués, le gap est énorme. C’est une décision mitigée», commente Me Bassirou Sakho, un des avocats de l’Etat du Sénégal.
Me Sakho et ses collègues réfléchissent sur l’opportunité d’interjeter appel sur les intérêts civils. D’autant plus que le détournement de deniers publics est bien constitué, estiment-ils. Toujours est-il qu’ils n’ont pu justifier, à l’audience, le préjudice exact subi par la partie civile lors de ce procès. C’est pour cette raison que Me Moussa Félix Sow, l’un des conseils de la partie civile, avait sollicité une contre-expertise, afin de «vérifier l’exactitude du préjudice».
Du côté de la défense, on n’est pas évidemment d’accord avec le jugement du Tribunal relativement à la peine de 5 ans prononcée. Me Demba Ciré Bathily et ses confrères se disent toujours «déterminés» à tirer d’affaire leur client. Me Bathily reste convaincu que Modibo Diop n’est pas coupable des faits qui lui sont reprochés. «Notre client ne peut faire l’objet de poursuites pour des infractions qu’il n’a pas commis. Nous allons interjeter appel», estime-t-il.