Modou Diagne Fada : ''Des retrouvailles de la famille libérale seraient politiquement correctes"
Dakar, 7 juil (APS) - La famille libérale doit faire preuve d’intelligence et travailler à ses retrouvailles dans un cadre à déterminer, a réaffirmé, dimanche à Dakar, le président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates, le député Modou Diagne Fada, selon qui cette perspective ‘’politiquement correcte’’ est de nature à apporter plus de clarté au débat politique sénégalais.
‘’Nous avons intérêt à une clarification du débat politique sénégalais. Autrement dit, la famille libérale doit se retrouver’’, a-t-il déclaré au cours de ‘’Grand jury’’, une émission hebdomadaire de la Radio futurs médias (RFM, privée), en allusion aux forces politiques nées des flancs du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) dont l’ancien président Abdoulaye Wade demeure le secrétaire général national.
‘’Les libéraux doivent se mettre ensemble pour faire face aux communistes, aux socialistes (afin de) proposer des programmes alternatifs et travailler à respecter la prophétie de Wade qui veut que les libéraux restent au pouvoir pendant 50 ans’’, a dit celui qui se définit comme ‘’un libéral de forte conviction’’ vouant un respect aux socialistes ‘’qui sont de forte conviction’’.
‘’Macky Sall est un libéral. Idrissa Seck en est un. Les principaux dirigeants du Parti démocratique sénégalais aussi sont des libéraux. C’est politiquement correct, dans un futur que je ne peux pas moi déterminer, qu’ils se retrouvent dans le cadre politique’’, a soutenu l’ancien ministre libéral, un temps décrit comme l’une des figures montantes du régime de Wade (2000-2012), en particulier pendant les premières années du règne de l’ancien chef de l’Etat sénégalais.
Modou Diagne a toutefois reconnu que même si, fondamentalement, les retrouvailles de la famille libérale relève du ‘’politiquement correct’’, le cadre pouvant servir à matérialiser cette perspective reste à déterminer. Il pourrait s’agir d’un même parti politique ou d’entités politiques différentes mais qui disposent d’une plateforme programmatique politique, a-t-il laissé entendre.
‘’Je crois que si nous devons penser comme l’ancienne génération, pour construire des plateformes politiques, le pays ne va pas avancer. Il faut qu’on accepte de procéder à des ruptures et c’est la raison pour laquelle il ne faudrait pas que la rupture reste un slogan’’, a indiqué le parlementaire.
Il a fait observer qu’il est sensiblement de la même génération avec l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, par ailleurs maire de Thiès. ‘’Le président Wade (par contre) n’est pas de ma génération. Le président Diouf non plus’’, a-t-il relevé.
Modou Diagne Fada a souligné la nécessité pour sa génération politique d’aboutir ‘’à des ruptures générationnelles’’, ‘’des ruptures comportementales’’ mais aussi ‘’des ruptures du point de vue de la mentalité des uns et des autres’’, estimant que la clarification du débat politique sénégalais demeure ‘’un enjeu fondamental’’.
Il a précisé qu’il n’existait ‘’pas encore’’ de contacts formels, officiels et voulus entre les directions des différents partis concernés par les retrouvailles de la famille libérale, ni de contact officieux, même si, a-t-il reconnu, il peut arriver aux figures de ce camp politique de se parler et de se retrouver. ‘’La famille libérale doit être intelligente et ne pas commettre la même erreur que la famille socialiste’’, selon Modou Diagne Fada.
‘’Dans ce pays, a-t-il dit, il y a peu d’écoles politiques. C’est l’école de Senghor (premier président du Sénégal indépendant), c’est l’école de Wade, c’est un peu l’école de Majmouth Diop (considéré quelque part comme le père de la gauche sénégalaise) ou alors l’école de Cheikh Anta’’, le célèbre savant sénégalais.
‘’Voilà les quatre grandes écoles. Il faut que chacun soit sûr de ses convictions, de ce qu’il a appris au niveau de son école politique. Donc, nous ne devons être des concurrents qu’entre nous, mais en face des communistes ou des socialistes, nous devons trouver des plateformes de convergence pour faire en sorte que les socialistes ne reviennent jamais au pouvoir, en tout cas pas de sitôt’’, a-t-il fait valoir.
L’actuel chef de l’Etat Macky Sall, secrétaire général de l’Alliance pour la République (APR) et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, maire de Thiès et leader du parti Rewmi, tous deux désignés numéro deux du Parti démocratique sénégalais (PDS) en un moment donné de leur parcours, sont des figures politiques emblématiques de la dispersion des forces de la famille libérale.
Celle-ci peut compter sur un grand nombre de cadres politiques actifs ou non, recyclés à travers les institutions nationales, éjectés ou bannis, tout au long de la longue marche de leur parti d’origine, le PDS, de l’opposition au pouvoir, avant un retour à la case départ, à l’issue de la défaite en mars 2012 de Me Abdoulaye Wade face à son challenger et ancien Premier ministre, Macky Sall. Le ''maître'' et ''l'élève'' étaient opposés par le destin, à l'occasion du second tour de la dernière présidentielle sénégalaise.
Si MM. Seck et Sall ont été plutôt bannis tout près du graal politique, au moment de leur toute-puissance, d’autres cadres ou numéros deux du PDS ont été ‘’retournés’’, s’ils ne se sont tous simplement pas essoufflés par la longue marche de cette formation partie en 1974 à la conquête du pouvoir qui ne lui a tendu la main qu’en mars 2000.