"Moi Ousmane, fils des diouras, je ne connais pas mes parents"
ISSU D’UN MARIAGE A DUREE DETERMINEE
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Selon Salif Doucouré Inga, d’origine ghanéenne, le contrat de mariage a toujours existé dans les sites d’orpaillage. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’enfants qui sont, en quelque sorte, de purs produits des diouras et qui ne connaissent même pas leur papa. C’est le cas du jeune Ousmane Tandjigora, d’origine malienne et surnommé Ousmane Dioura, petit vendeur d’eau sur les sites d’orpaillage. Il a très tôt perdu sa mère guinéenne. Malgré son jeune âge, Ousmane est connu de tous.
Interpellé sur sa vie dans les diouras sans sa maman ni son père, Ousmane, qui ne parle que le peulh, nous fait comprendre ne pas connaître sa mère. «Je suis éduqué par le chef du village de Tinkoto, en l’occurrence Bambo Cissokho, je reconnais ses dames comme mes mamans, déclare Ousmane. On m’apprend que mon père est Malien et ma mère Guinéenne, mais rien ne me le prouve, parce que je vis avec des Guinéens, mais personne ne me parle de ma maman ou, en somme, de mes parents. En tout cas, je dis ne pas connaître mes parents. Ce n’est pas important ; j’ai perdu l’amour de mes parents, mais le Tout-Puissant est grand. Je me débrouille, je prie de ne pas tomber malade.»
Il existe beaucoup d’enfants dans ces situations d’enfants esclaves, soumis à de lourds et durs travaux pour gagner leur pain. Et la plupart d’entre eux sont issus des mariages sous contrat.
L’autre phase, qui nécessite la célébration de ces mariages par contrat, affirme Diamba Daffé, aide-chef de dioura à Diakhaling, est que des femmes mariées dans leur pays, quittent leur mari pour venir passer la saison dans cette région. Ces dames, pour sauver leur premier mariage avec leur mari laissé au pays ou village d’origine, exigent ce type d’union, car le jour où leur époux lancera un avis de recherche - chose très fréquente sur les sites – il ne trouvera pas de difficultés pour retrouver sa femme entre les mains d’orpailleurs. En revanche, certaines dames passent par le mariage sous contrat pour divorcer d’avec leur mari qui, pourtant, les attendent à la maison. Le cas est fréquent en Guinée. Chaque fois, les deux époux se retrouvent au tribunal pour des histoires de mariage à durée déterminée.
Et devant pareille situation, les membres du comité des sages dégagent leur responsabilité et parlent des principes des diouras. Ces gens, même si on les convoque à la gendarmerie ou au tribunal pour témoignage, refusent de se présenter.
Sur les sites d’orpaillage, le chef des diouras, le chef de la localité et les membres du comité des sages, qui participent à la signature des mariages temporaires, constituent le noyau dur qui contrôle l’organisation sociale et morale. Et pour être accepté, il faut, avant tout, respecter les lois en vigueur dans la localité.