MONDIAL-2014: ET SAKHO EXPÉDIAIT LES BLEUS AU BRÉSIL

"Sakho! Sakho!" Le Stade de France a chaviré de bonheur lorsque Mamadou Sakho a poussé un Ukrainien à marquer contre son camp le troisième but des Bleus (3-0), qui effaçait le médiocre match aller (0-2) et leur offrait une place pour le Brésil.
A la 72e minute, Sakho mettait la pression sur Gusev et le contraignait quasiment à faire l'erreur fatale et tromper son gardien Pyatov. La délivrance ! Ivre de joie, Sakho fêtait ce but avec ses coéquipiers dans une mêlée digne des plus grands moments d'une équipe. Car c'en était bien un !
Le défenseur central de 23 ans (16 sélections) avait déjà ouvert la voie à l'exploit en inscrivant le premier but, dans un angle fermé (22e). Il était venu célébrer avec le banc et les remplaçants, même si la joie restait mesurée dans le camp français. Il restait encore du chemin à faire.
Auteur, disons, d'un but et demi, Sakho a aussi permis aux Bleus d'évoluer à onze contre dix pendant presque toute la seconde période. Une altercation avec son alter ego Khacheridi avaient valu un carton jaune à chacun (45e). Et peu après la pause, le défenseur ukrainien en récoltait un second, synonyme d'exclusion (47e).
Décisif sur le plan offensif, Sakho s'est aussi montré souverain dans sa tâche, celle d'un défenseur marquant son territoire à coup d'interventions autoritaires et au gré d'un placement intelligent.
Tranchant
Ses interventions furent parfois cruciales, comme sur ce sauvetage acrobatique dans la surface devant Zozulia (45e+1), cet accès d'autorité face à Bezus bien placé pour tirer (49e) ou encore ce nettoyage d'une situation dangereuse près de la cage de Lloris (49e). Dans ce temps fort ukrainien, "Mamad'" était tranchant. Le patron.
Sakho, c'était un peu l'enfant prodigue ce mardi soir, le Parisien de naissance et de coeur, et longtemps de maillot jusqu'à ce qu'il rejoigne Liverpool en août dernier, qui revenait chez lui.
Toujours un peu plus applaudi que les autres Bleus du fait de son parisianisme assumé, il lui fallait répondre à la pression d'un match pas comme les autres, et aux exigences de l'engagement physique des Ukrainiens. Un match assez anglais en somme, un jeu physique qui n'est pas pour lui déplaire, justement.
Et s'il revenait dans la banlieue de sa ville de coeur, il revenait aussi de loin, depuis qu'Eric Abidal avait profité de son manque de temps de jeu au PSG pour retrouver l'équipe de France et une place de titulaire.
Deux gauchers qui évoluent axe gauche, c'était un de trop sur le terrain. Le déclin d'"Abi" ces dernières semaines, flagrant à Kiev vendredi dernier, a incité le sélectionneur Didier Deschamps à revenir à ses "premières amours" dans la charnière centrale, ce "Mamadou" qui avait longtemps été le pilier défensif de DD en son début de mandat.
Ils étaient sans doute loin de penser qu'ils allaient vivre une telle soirée. Mais ils l'ont vécue. Elle restera gravée, à coup sûr, longtemps dans la mémoire collective de la France du foot. Et restera une page dorée dans la carrière de Sakho.