MONDIAL/ALLEMAGNE: RETOUR D'ÖZIL ?
Cette fois, c'est parti ? L'Allemagne espère que le but marqué par Mesut Özil contre l'Algérie (2-1 a.p.) agira sur lui comme un déclic contre la France en quart vendredi et rapatriera sur le terrain un potentiel en exil.
Ce but, son 18e en 59 sélections, marqué au bout d'une contre-attaque et de la prolongation, le milieu de terrain offensif l'a fêté avec rage et expressivité, comme une revanche personnelle au bout de quatre matchs quelconques, à milles lieues du talent qui avait explosé sur la scène internationale au Mondial-2010 puis trois ans durant au Real Madrid.
Le virtuose de 25 ans avait "peut-être besoin d'une situation décision, qu'il réussisse à marquer un but", avait souhaité le sélectionneur-adjoint Hansi Flick avant le 8e de finale. Ce but le libérera-t-il pour de bon ?
Özil a en tout cas reconnu qu'il pouvait "être bien meilleur". "Et je vais le montrer", avait-il lancé, comme un défi, avant le rendez-vous de Porto Alegre.
"Je ne dois pas m'énerver autant quand je perds le ballon, avait-il aussi avancé en guise d'autocritique. Ca arrive puisque je suis un joueur qui aime faire des passes risquées. Mais je n'ai pas le droit de rester planté là et m'énerver, je dois continuer et montrer que je suis là".
- Exil à droite -
Contre l'Algérie, le joueur d'Arsenal était plutôt bien entré dans le match, à tenter en première période des passes astucieuses, restées vaines par manque de répondant de la part de ses coéquipiers ou par la présence d'un pied algérien traînant par-ci par-là. Et il s'est éteint. Jusqu'à marquer le but du 2-0 (119e), qui s'avérera utile vu la réduction du score des Fennecs dans la foulée (120 + 1).
Ses précédents matchs étaient du même tonneau, sans le geste décisif. Peu d'impact, quelques éclairs sans suite. Pas si mauvais, mais pas très bon non plus. Banal, quelconque: un comble pour un joueur à la technique supérieure.
Au rayon des statistiques, il n'a aucune passe décisive, pourtant sa spécialité au Real Madrid, au point d'en devenir le meilleur livreur en Europe.
Et si sa première saison à Arsenal est restée très mitigée, il avait su préserver son rôle décisif en sélection, lui le meilleur buteur de la Nationalmannschaft en qualifications à la Coupe du monde brésilienne (8 buts en 10 matchs).
Le problème, selon lui, c'est son exil à droite sur le terrain, même s'il permute sur l'autre aile et musarde beaucoup dans l'axe. "Tout le monde sait que je préfère jouer en meneur de jeu, mais c'est l'entraîneur qui décide, a-t-il souligné. Je joue donc à droite, et là on a pas autant de possibilités de peser sur le jeu".
- Soutien de Löw -
Mais Joachim Löw tient à son milieu à trois, avec la sentinelle Lahm épaulée par Kroos et Schweinsteiger ou Khedira, ce qui déporte Özil sur une aile. L'idée est aussi de profiter de sa finesse technique dans les petits espaces pour faire venir aussi le danger des côtés.
Löw tient cependant également mordicus à son joyau, et sa capacité de faire basculer un match sur un exploit technique. "Il peut être décisif", avait-il éludé en guise de défense face aux critiques naissantes au début du tournoi. Il le laisse d'ailleurs le maximum possible sur le terrain.
Le meneur allemand a aussi trouvé un autre avocat en la personne de son prédécesseur Michael Ballack. "Je suis surpris de voir à quel point Mesut est considéré de manière critique", a dit l'ex-capitaine dans le journal Express.
"Dans cette situation, Löw doit lui faire confiance, a-t-il ajouté. Car un joueur comme lui ou comme Mario Götze, les autres nations en sont jalouses. Ils font la différence".
"Il a simplement besoin d'un moment magique, il doit forcer ce moment", a aussi appuyé Ballack. La magie autour du but de Porto Alegre ne se mesurera qu'au Maracana, vendredi, ou pas.