Mondial/France: Benzema en première ligne
Avec la défection de Franck Ribéry pour le Mondial-2014, Karim Benzema, de retour en équipe de France contre la Jamaïque dimanche, doit désormais se faire violence et assumer un rôle de patron technique inhabituel pour lui en bleu.
Depuis le coup de massue qui s'est abattu vendredi sur les troupes de Didier Deschamps avec le forfait de "Francky", l'attaquant du Real Madrid (26 ans, 65 sélections, 19 buts), enfin remis de ses soucis à l'adducteur gauche, fait figure de dernière bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher.
A l'issue de sa saison la plus aboutie sous le maillot du Real Madrid, marquée par le succès en Ligue des champions et 24 buts inscrits toutes compétitions confondues, Benzema se savait attendu pour sa toute première expérience en Coupe du monde.
"J'ai progressé. Il y a eu des critiques, des bonnes et mauvaises. Je fais partie des plus anciens en équipe de France et je dois montrer l'exemple. Je peux apporter mon expérience", a-t-il ainsi déclaré le 30 mai à Clairefontaine.
Mais le contexte a singulièrement évolué avec le forfait de son compère Franck Ribéry et le voilà propulsé en première ligne, seul à pouvoir porter l'encombrante étiquette de "crack, en attendant que Paul Pogba, destiné à intégrer un jour ce cercle très fermé, ne le rejoigne et partage le fardeau en équipe de France.
- Déclic -
Jusque-là, les phases finales n'ont pas vraiment réussi à Benzema. Muet lors des Euro-2008 et 2012, il n'avait pas été convoqué par Raymond Domenech pour le Mondial-2010. Le fiasco et le déshonneur dans lesquels les Bleus ont plongé à Knysna ont de quoi lui ôter tout regret de ne pas avoir été du voyage en Afrique du Sud. Cette fois, il ne pourra pas se dérober face à ses responsabilités.
Devenu international à 19 ans en 2007, le surdoué était voué à détenir un jour les clefs de la maison bleue. Encore fallait-il qu'il s'en donne les moyens et gomme ce surnom peu avantageux de "chat" dont l'avait affublé José Mourinho au Real en raison de son incapacité à se muer en "tueur", aussi bien devant le but et dans le vestiaire.
Cette époque est bel et bien révolue et il est maintenant considéré comme un membre à part entière du fameux "BBC" à Madrid avec ses deux compères Cristiano Ronaldo et Gareth Bale. L'arrivée de Carlo Ancelotti au Real Madrid à l'été 2013 et le poids grandissant de Zinédine Zidane dans l'encadrement merengue ont joué un rôle prépondérant dans cette métamorphose, lui permettant d'évoluer enfin libéré de toute pression et de ne pas être uniquement focalisé sur son rendement chiffré.
Une sorte d'incompréhension a en effet toujours prévalu au sujet de ce joueur à la finesse technique indéniable mais pas vraiment fait pour rester immobile dans la surface de réparation. Benzema aime décrocher, participer à la construction d'une action et ne doit pas être seulement jugé à l'aune de ses statistiques, finalement assez moyennes pour un avant-centre de son niveau (une seule saison à plus de 20 buts en championnat, en 2011-12 avec le Real Madrid).
Ses 1222 minutes passées sans marquer en équipe de France (du 5 juin 2012 au 11 octobre 2013) ont ainsi sérieusement écorné son statut. Mais le déclic a fini par se produire et "Benz" a logiquement repoussé la menace représentée en bleu par Olivier Giroud. Lundi, c'est dans la peau d'un incontestable N.1 en attaque qu'il s'envolera vers le Brésil. Voire un peu plus avec les malheurs de Ribéry.