MONDIAL/FRANCE: ILS ONT MARQUÉ AU MARACANA
Mercredi, l'équipe de France affrontera l'Equateur au légendaire stade Maracana de Rio. Les Bleus y ont déjà joué, en 1977, pour un match nul 2-2 contre le Brésil de Rivelino. Marius Trésor et Didier Six, buteurs ce jour-là, racontent le mythe à l'AFP.
. Le Brésil
Affronter le Brésil était considéré comme un privilège pour une équipe de France alors jeune et sans grande référence.
"La France n'avait pas d'image, on sortait de quelques années assez pauvres. Jouer au Brésil, c'était déjà un cadeau. Dans les chambres on se disait +tu imagines pour celui qui marque ? Quelle chance!+", se souvient Six.
Pour Trésor, Antillais, le voyage avait une saveur particulière. "Quand j'étais gosse en Guadeloupe et qu'on faisait des matchs, on n'était jamais un club français. On était Botafogo, Vasco, Flamengo. J'ai été bercé par ce football. Ils étaient triple champions du monde. C'est ce qui représentait le plus le foot", explique-t-il.
"Avec l'équipe, on avait fait plein de trucs, on avait visité des écoles de samba, on était monté au Corcovado. C'était vraiment magnifique. C'est toujours très présent, la preuve c'est que je m'en souviens aussi bien".
. Le stade
"Le Maracana, même de l'extérieur, c'était un monument. Il a été refait mais à l'époque c'était 200.000 places. Fouler cette pelouse, c'est inoubliable, unique", raconte Trésor, capitaine des Français ce 30 juin 1977.
Le stade est tellement grand, que les deux Bleus ont un souvenir un peu exagéré du nombre de spectateurs: 120.000 pour Trésor, 140.000 pour Six, alors qu'ils étaient environ 85.000.
"Mais la première chose, dont je me rappellerai toujours, c'est cette chaleur qui nous est tombée dessus quand on est sorti des vestiaires. Et on n'était pas habitué à ces ambiances. C'était vraiment particulier, on sentait une ferveur, il y avait toute cette musique, cette samba", se souvient Trésor.
"A vrai dire, au début on était un peu traumatisé. La veille on s'y était entraîné et on s'était retrouvé dans le vestiaire, avec les casiers Pelé, Didi, Vava...", relate Six.
. Le match
"La première période a été plus que compliquée. A la pause, Michel Hidalgo nous demande d'arrêter de les regarder. Parce que quoi qu'on dise, le Brésil, le Maracana, on ne peut pas aborder un match pareil en toute décontraction", rappelle Trésor.
Six est encore plus clair: "Si on en prend quatre en première, c'est pas volé. On n'a pas touché le ballon. Hidalgo a calmé les esprits. Il nous dit +vous avez la chance de jouer contre le Brésil, lâchez-vous+".
. Les buts
La partie bascule grâce à un but magnifique de Six. "C'est l'un de mes plus beaux souvenirs de footeux. Michel (Platini) a la balle à droite. Je fais un appel dans l'axe et je fais le geste qu'il faut. Avec une petite finesse aussi puisque je le touche un peu de la main et que ça revient sur mon pied gauche. Mais c'est pas dit que je l'aurais pas mis du droit !"
Trésor se souvient lui de l'ambiance, "extraordinaire", et des "França ! França !", scandés par le Maracana après le but de Six.Mondial/France: ils ont marqué au Maracana
"On s'est libéré, on a joué. Et c'était extraordinaire de voir les supporteurs brésiliens qui, au bout de 20 minutes, ont commencé à applaudir nos actions. Après le but de Didier, il n'y avait plus qu'une équipe sur le terrain", raconte-t-il.
Trésor marquera lui-même le but du 2-2, sur corner. "Je jouais dans l'axe avec Patrice Rio et on avait décidé de monter à tour de rôle. Juste avant mon but, j'étais déjà monté mais là, je ne sais pas pourquoi, je lui ai dit +j'y retourne+. Mon adversaire était Luis Pereira. Il jouait à l'Atletico Madrid, je l'adorais. Il était très grand mais là je vais plus haut que lui. Et quand j'ouvre les yeux, je vois que je l'ai mise au fond. Incroyable, formidable".
. Et après ?
Pour Six, ce match a été "le starter de notre génération" et a "donné confiance à l'équipe pour le Mondial-78 et la suite".
"On te prend plus au sérieux, moralement ça regonfle. Et même si on disait à l'époque qu'on était champions du monde des matchs amicaux, ça nous a servi après contre la Bulgarie pour se qualifier pour le Mondial", confirme Trésor.