MONSIEUR LE MINISTRE DU TOURISME ET DU TRANSPORT AÉRIEN
Qui sommes nous ?
Vos compatriotes sénégalais, investisseurs, chefs d’entreprises, personnes ressources, créateurs d’emplois et de valeurs ajoutées. Nous exerçons en milieu rural là où la réduction de la pauvreté est plus que nécessaire (DSRP2) afin de fixer les jeunes, et éviter l’exode rural.
Nous sommes les forces vives du secteur du tourisme qui créent de la richesse localement, qui maîtrisons les spécificités de nos localités. Nous sommes au début, au milieu, à la fin du tourisme culturel, de découvertes, de pêche et de loisirs qui apportent énormément de devises aussi.
Mais nous vivons tous les maux et difficultés que rencontre le secteur : manque de fréquentation, altercations, taxes forfaitaires imposées, manque d’eau et d’électricité, inaccessibilité, manque de visibilité, tracasseries administratives tels que l’obtention de licences et de permis, problèmes de comptables compétents, d’approvisionnements, de tout...
Nous sommes les parents pauvres de notre secteur. Nous sommes oubliés parce que nous ne sommes pas pris en compte dans aucune instance de décision.
Nous sommes représentés par des soit disant acteurs qui ne maîtrisent pas le langage évoluée de notre industrie. Ce qui nous agacent davantage, nous éloignent de nos objectifs, c'est ce melting-pot de discours et d’actions inefficaces qui ne font que plomber encore et encore notre tourisme.
Monsieur le Ministre notre secteur a reçu beaucoup d’aides des bailleurs de fond ces dernières années : Mise à niveau, étude d’impact, formation, tourisme, etc.
Cependant, nous nous trouvons toujours dans un contexte où foisonnent les discours moralisateurs alors que les indicateurs de performance sont en perpétuel régression et les actions menées dans le tâtonnement.
En effet, comment on peut faire d’un instituteur, un inspecteur de tourisme, ou d’un illettré un président de syndicat d’initiative du tourisme alors que le secteur exige un langage, une démarche, un comportement et des connaissances particulières, ou encore faire d’un administrateur civil un expert en tourisme qui dirige, centralise et rédige les rapports destinés aux décisions vitales.
Ces rôles reviennent aux fils du pays qui ont étudié pour la maitrise technique, touristique et spécifique de leur terroir. En quelque sorte, nous avons une pléthore de personnes ressources inaptes à leurs rôles.
Ces goulots d’étranglement empêchent le secteur de prendre son envol. Un exemple épatant, c’est à Kigali (au Rwanda) que le tourisme est en pleine production parce que là-bas, ils ont mis les moyens et des personnes ressources de qualité.
Au Sénégal, nous devons nous ressaisir et revisiter l’architecture sociale, politique et administrative de l’économie touristique du Sénégal si nous voulons émerger et devenir un pays où le tourisme demeure une activité rentable pour créer des emplois. Le tourisme est pourvoyeur de devises, il résorbe le chômage, il réduit la pauvreté, c’est prouvé et démontré partout.
Mais il peut être facteur de sous développement en impactant négativement notre société s’il est mal maîtrisé. Pourquoi ne mériterait-il pas une attention particulière, une priorité nationale.
Monsieur le ministre, je voudrais porter à votre connaissance la problématique posée par l’aménagement des zones de Mbodiène et Pointe Sarène où des Sénégalais se sont investis pendant très longtemps. Il s’avère qu’ils doivent être délogés et leur emplacement vendu à d’autres qui ont plus de moyens financiers, cela mérite une réflexion plus juste, plus humaine.
Pouvez-vous intervenir pour ces braves gens. J’ai le pressentiment que Monsieur le Président de République prendra en considération le cas des concernés afin qu’ils puissent continuer leurs investissements.
A mon humble avis, c’est l’État qui devrait aider ces jeunes ou père de famille plutôt que de récupérer ce qu’ils ont déjà valorisé pour le redistribuer à autrui. Au cas ils ne rentreraient pas dans le format établi, il serait plus acceptable de leur allouer un fonds d’adaptation pour les intégrer dans le nouveau plan directeur.
Monsieur le ministre, nous sommes vraiment les parents pauvres du secteur, bien que durant le mois d'Août 2013, j’ai rencontré au moins 4 Sénégalais, rentrés au pays avec toutes leurs économies, amassées durant toute une vie à l’étranger (comme ce fût mon cas), qui croient en leur pays pour revenir y investir. Ils sont sur le point de se décourager et de tout laisser tomber. Leur motif : ils ne sont pas pris en compte, ils subissent des harcèlements, ils ne peuvent pas obtenir leurs actes administratifs.
Pourtant, ce sont les nouveaux entrants, ils sont importants pour le devenir du tourisme sénégalais, ils viennent avec des projets modernes, innovants qui feront la force de notre économie de demain.
Depuis une dizaine d’année, notre pays change de Ministre du Tourisme tous les ans ou tous les ans et demi à l’exception de feu Ousmane Masseck Ndiaye. Les questions que je me pose depuis :
- Est-ce d’intérêt institutionnel ?
Dans quel pays au monde un Ministre du Tourisme peut apporter un résultat en un temps si court surtout que l’on parle d’industrie touristique qui est internationale et qui dépend des paramètres techniques du marché mondial ?
Une vision à long terme s’impose pour sortir le tourisme sénégalais de sa léthargie.
- Est-ce d’intérêt général ?
Que sont devenus les appuis de notre secteur : les fonds PPIP et autres ; où sont les indicateurs de réussites ? Nous ne les trouvons nulle part. S’ils existent, ils doivent être vulgarisés, archivés pour qu’ils nous servent de référence afin d’avancer au mieux. Nous sommes tenus de laisser des empreintes pour les générations futures ; c’est un devoir.
- Quelles logiques ?
Pourquoi notre pays n’organise-t-il pas des assises nationales du tourisme comme tous les pays à vocation touristique ? Pourquoi ne se dote-t-il pas d’un Observatoire du tourisme composé d’experts avérés ? Le Sénégal en possède si on se donne la peine de les dénicher. L’industrie touristique internationale a ces exigences : LE PRAGMATISME et LE PARTENARIAT PUBLIQUE PRIVÉ RENFORCÉ.
Notre pays a essayé toutes les formules, inventé tous les discours possibles et imaginables, nous somme toujours dans les mêmes difficultés. Où se trouvent les vrais handicaps ? Cherchons ensemble, ils peuvent être liés à des facteurs de proximité qu’il va falloir décoder et combattre.
Le tourisme, bien maitrisé, réglementé, promu, peut être facteur de développement rapide comme au Maroc ou ailleurs. Nous étions au même point de départ vers les années 1970. Saly a commencé à se développer, la Casamance aussi. L’un comme l’autre ont entamé leur implosion et si on n’y prend pas garde cela va s’accentuer.
Les faits sont là malheureusement. Bien géré, le tourisme sénégalais doit être une énorme source de création d’emploi pour les jeunes, d'activités génératrices de revenues pour l’environnement, d’économies additionnelles pour la nation.
C’est le concept du tourisme durable, une option adaptée à notre contexte afin d’asseoir une politique touristique viable.
Doudou Gangue Diop, ONITS