A MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU SÉNÉGAL
Notre pays traverse depuis plusieurs mois bien des remous aux plans économique, social, politique... Parmi ceux-ci, nous pouvons citer entre autres, dans un passé récent comme dans le présent : Echec de la campagne agricole 2013, incendie et mort d’enfants «talibés» à la Médina, pénurie d’eau à Dakar, persistance des délestages et récurrence des coupures d’électricité, déficit pluviométrique, traque controversée des biens supposés mal acquis par une Crei de plus en plus contestée, affaire commissaire Keïta avec la supposée existence de policiers dealers à l’Ocrtis , affaire colonel Ndao dont le brulot a fini de secouer l’Etat, affaire de la supposée corruption dans la Magistrature, affaire des 690 élèves-maîtres accusés de fraude et en passe d’être radiés, affaire de l’étudiant Bassirou Faye, assassiné...
Monsieur le président, face à ces questions brûlantes de l’actualité et d’intérêt national, les Sénégalais ne vous entendent presque jamais. Au nom du Peuple, l’Assemblée nationale a le devoir de se fendre de communiqués, non pas pour prendre position, mais pour alerter face à certaines dérives.
Pourtant, le groupe parlementaire de la majorité n’a cessé de se mêler d’affaires qui intéressent plus Benno bokk yaakaar que le Sénégalais qui les a envoyés à l’Hémicycle ; et de telles sorties sont monnaie courante et se passent sous vos yeux comme si vous les cautionniez.
Monsieur le président, vous êtes devenu étrangement passif et étonnamment aphone depuis que vous êtes devenu la 2ème personnalité de l’Etat. Si votre silence, semblable à un inconcevable reniement est dû à des calculs politiciens, je m’étonne de cette attitude sachant que l’Administration d’Etat et la Nation vous ont tout donné bien avant l’indépendance et des décennies après celle-ci.
Même si l’Afp, votre formation poli- tique, a le droit indiscutable de se fondre dans l’Apr, celle du président de la République, vous, président de l’Assemblée nationale, n’avez pas le droit de fondre le Peuple dans l’Apr ou dans le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar.
Monsieur le président, le bureau politique de l’Afp peut suspendre sine die ses rencontres et on le lui concède, mais vous, j’attendais de vous l’homme que j’ai toujours suivi avec fierté et intérêt entre la fin des années 80 et celle des années 90, puisque je suis né bien après l’indépendance.
Je sais que vous fûtes un collaborateur privilégié et très respecté du Président Senghor, grâce à vos qualités d’homme d’Etat doublé d’un éminent intellectuel d’une particulière élite africaine de votre époque. Vous avez bénéficié de la même notoriété sous Diouf et votre clash dont une des conséquences fut l’historique appel du 16 juin aura été fatal au Ps.
En effet, arrivé 3ème à la Présidentielle de 2000 avec 17% des votes, votre soutien à Wade fit encore de vous l’une des pièces maîtresses de la 1ère alternance démocratique connue par notre pays. Et face à Wade, vous avez toujours pu conserver votre liberté et avez pris vos responsabilités au moment opportun.
Alors Monsieur le président, j’attendais de vous que vous restiez celui que vous fûtes. Ne pensez pas que votre silence est salvateur pour vous et protecteur pour le Président Sall ! Non ! Ce silence gène votre allié privilégié et étonne le Peuple.
Vous gagneriez même à donner des positions et orienter votre «fils» de chef de l’Etat, car si c’est en privé que vous le faites pour lui, c’est mal placé puisque les Sénégalais vous suivent et il ne faudrait pas perdre de vue un tel aspect puisqu’ils savent juger et jugeront le moment venu.
Vous constaterez avec moi, Monsieur le président, que j’ai juste voulu par ce mot vous prier de rester le grand homme que j’ai appris à connaître. Veuillez faire table rase de tous ces faux calculs et de cette gauche loyauté que vous semblez maintenir en bandoulière. Votre cote de popularité en sera continuellement éprouvée.
Sur toutes les questions qui nous interpellent au quotidien, le Peuple que vous incarnez au premier chef a besoin de votre avis même personnel, le Président aussi a besoin de vous entendre parler aux Sénégalais et vous n’avez pas toujours besoin de sa permission, surtout au nom du Législatif, dans un pays qui fait de la séparation des pouvoirs un principe sacro-saint.