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ABDOULAYE WADE : FAITS D'ARMES D'UN ÉTERNEL COMBATTANT (VOIR AUSSI UNE GALERIE DE 12 PHOTOS)
Aussi loin que l’on remonte l’histoire politique du Sénégal, un homme, un seul, retient l’attention de par sa détermination et sa volonté à mener des combats souvent teintés de violence. Quelques faits d’armes d’Abdoulaye Wade, un opposant de 88 ans, toujours... imprévisible.
Il est passé maître dans l’art de faire vaciller une République. Abdoulaye Wade, éternel combattant de 88 ans, légendaire secrétaire général du Parti démocratique sénégalais, célèbre théoricien du SOPI, aime voir les choses sens dessus dessous. Candidat malheureux aux élections présidentielles de 1978, 1983, 1988, et 1993.
Il est enfin élu président du Sénégal le 19 mars 2000. Il sera réélu en 2007 pour un autre mandat de 5 ans, avant de perdre le pouvoir le 25 mars 2012.
Mais que de tactiques politiciennes, de pressions populaires, de rues occupées ou brûlées, de victimes, avant que le vieil opposant n'arrive au pouvoir. Déjà, lors de la présidentielle de 1988, c’est difficilement qu’il s’était fait à l’idée d’avoir perdu, lui qui soutenait mordicus avoir remporté les suffrages des Sénégalais avec 58% des voix.
La suite sera un recours à la violence comme option politique décisive pour se faire justice. De novembre à décembre 1988, on assiste à des scènes de violences. Des voitures piégées explosent dans les rues de la capitale sénégalaise. L’explosion du 8 décembre 1988 aura été particulièrement spectaculaire.
Elle s’est déroulée tôt le matin en face du commissariat de Dieuppeul, juste devant la caserne des sapeurs-pompiers. Elle concernait une voiture appartenant au ministère du Développement industriel. Très vite, les enquêtes s’orienteront vers le PDS, Cheikh Tidiane Touré et Pape Samba Mboup, qui deviendra plus tard chef de cabinet de Wade, seront arrêtés.
Assassinat de Me Babacar Sèye
Les arrestations vont se multiplier et se poursuivre en 1989 après un voyage du président Diouf dont le retour était prévu le 7 mars 1989. Abdoulaye Wade en profitera pour dérouler une stratégie ourdie, visant à déstabiliser le régime. Mobilisant les jeunes de son parti, il appellera le peuple dans la rue pour accueillir Diouf et le “déposer hors du pouvoir”.
La journée du 13 mars sera particulièrement chargée de tensions avec des forces de l’ordre positionnées partout. Le drame sera évité de justesse. Abdoulaye Wade aura démontré à travers cet épisode le potentiel d’opposant dangereux qui dormait en lui. En avril 1991, le président Diouf, pour calmer le jeu, fait de Wade un ministre d’État auprès du président de la République.
Le 15 mai 1993, Wade sera arrêté avec 3 membres de son parti. Ils seront accusés d’être les commanditaires de l’assassinat de Me Babacar Sèye, à l’époque vice-président du Conseil constitutionnel et chargé de la proclamation des résultats de l’élection législative de février 1993. Faute de preuves, ils seront relâchés trois jours après.
Élu président de la République, Abdoulaye Wade prendra une mesure pour le moins surprenante en février 2002 en accordant la grâce aux trois meurtriers de Me Sèye. Le jeudi 17 février 2005, il promulgue, contre toute attente, la loi Ezzan relative à l’amnistie politique. Un texte qui offre l’impunité à tous les crimes politiques commis entre 1993 et 2004 en relation avec les élections.
16 février 1994 : six policiers tués à l'arme blanche
Auparavant, précisément le 16 février 1994, Abdoulaye Wade profitera d’une situation sociale tendue matérialisée par plusieurs facteurs défavorisant dont plus de 30 ans de règne du régime socialiste pour jeter le feu à l’huile.
Sur initiative de la Coordination des forces démocratiques (Cfd), un meeting sera organisé le 16 février 1994. Les leaders de l’opposition à l’époque, notamment Me Abdoulaye Wade et Landing Savané, présideront cette rencontre. De même que les membres du mouvement religieux, Moustarchidines. Au terme de son discours, le secrétaire général du Pds dira :
“Vous voulez marcher, eh bien marchez !” Une marche qui va dégénérer. 7 personnes, dont six policiers, seront tuées à l'arme blanche et plusieurs blessés enregistrés du côté des manifestants. Plus de 150 membres du mouvement des Moustarchidines sont arrêtés ainsi que plusieurs leaders de l’opposition dont Serigne Moustapha Sy.
De 1995 à 1997, Wade sera de nouveau invité dans le gouvernement et se verra octroyer le poste de ministre d'État auprès du président de la République du Sénégal dans le gouvernement de Habib Thiam. Il en ressortira pour préparer les élections de 2000. Son retour en 1999 sera triomphal. Le régime de Diouf ne s’en est plus jamais remis.