NE JAMMEH PERDRE SES PAPIERS EN GAMBIE
PÉNURIE DE DÉCLARATIONS DES DROITS DE L’HOMME
Banjul – Panique et affolement dans la capitale gambienne. Président depuis bientôt 20 ans de ce souriant pays-suppositoire enfoncé dans le Sénégal, l’inénarrable Aladji docteur professeur Yahya Jammus Junkung Jammeh, chauffé à blanc, est entré dans une colère noire qui a fait trembler toute la Gambie. En cause, un problème logistique plutôt insolite mais d’une gravité réelle pour la stabilité socio-politique de cette République bananière, heu…arachidière. A quelques encablures seulement de la commémoration du vingtième anniversaire du putsch perpétré en juillet 1994 par l’ancien lieutenant Jammeh, la situation est grave chez les mbokkas.
Beaucoup de carreaux
Selon Ebrahima Manneh, analyste politique gambien entré dans la clandestinité depuis 1994 et contacté par nos soins, "On n’avait pas connu un état de tension politique aussi élevé depuis très longtemps". La crise a débuté apparemment mi-février dernier, au lendemain de la Saint-Valentin, sans qu’on n’y voie une corrélation de cause à effet, et elle persistait au moment où nous mettions sous presse, sans possibilité de règlement définitif avant le 1er avril prochain, au plus tôt.
Mi-février dernier donc, alors que le personnel de State House, le palais national où réside Yahya Jammeh s’attaque au nettoyage des carreaux blancs sur lesquels le président Alhadji Yahya avait fait dessiner d’innombrables cœurs rouges la veille pour déclarer son amour à toutes les Gambiennes, ils sont très vite confrontés à un problème de taille.
Les cent dix-huit hauts fonctionnaires préposés au nettoiement du bâtiment se rendent compte qu’ils sont à court de produits d’entretien et plus particulièrement de matériaux pour frotter les nombreux carreaux blancs des murs extérieurs du palais.
Le ministre-conseiller technique Moussa Njie est responsable de l’équipe de techniciens supérieurs de surface en charge de l’entretien global de l’édifice. Interrogé dans un bulletin spécial par GRTS, la chaîne d’état de Gambie aussi efficace que la RTS1 dans l’augmentation du taux de natalité de la population locale, il témoigne :
"On s’est aperçu que notre stock d’exemplaires de la déclaration universelle des droits de l’homme était complètement épuisé. Nous en utilisons une grande quantité tous les jours pour nettoyer les carreaux blancs du palais. Mais nous pensions que nous avions encore de quoi tenir quelques mois".
Le secrétaire général du palais national, Abdoulie Gassama, a annoncé des mesures d’urgence pour résoudre le problème : "Nous avons réquisitionné tout le papier réservé aux journaux d’opposition qui n’existent plus au demeurant et demandé aux imprimeries du pays de nous éditer au plus vite un nombre conséquent d’exemplaires de la déclaration des droits de l’homme, très adapté au climat chaud et humide de la Gambie".
Des substituts trouvés
Dans l’immédiat, et en attendant les arrivages en provenance des différentes imprimeries sollicitées, l’intendance du palais présidentiel a précisé qu’elle utiliserait des impressions de la page d’accueil des sites Free Gambia et Freedom Newspaper online, principaux quotidiens d’opposition en ligne, pour briquer les carreaux de State House, ainsi que des numéros importés de Sud quotidien, Walf quotidien, L’Observateur, le quotidien Le Quotidien, feuilles de choux notoirement connues pour leur efficacité à servir de torchons.
Le Soleil est pour le moment exclu de la liste, de peur de frotter sur les carreaux ses articles déférents envers Aladji docteur Yahya. En effet, le recours à l’aide internationale est sérieusement envisagé.
Appelé en consultation d’urgence au titre de la diplomatie de bon voisinage et en raison sa proximité, le Haut-Commissaire de la République de Gambie à Dakar, S.E.M Gibril Seman Joof, a proposé que l’on demande au Sénégal d’envoyer gracieusement les nombreux exemplaires du programme Yonnu Yokkuté qui n’ont jamais servi à rien, ainsi que les multiples copies de l’avant-projet de Constitution mort-né de la Cnri, qui a d’ores et déjà échoué à amadouer le Président Sally Mack.
Quelques millions d’exemplaires du programme Sénégal émergent (103 pages) ont également été sollicités auprès du patron de la diplomatie sénégalaise "Johnnie" Mankeur Ndiaye qui, après consultation de son collègue des Phynances s’est montré très disponible, étant donné que l’émergence n’est prévue qu’en 2035.
Alors que la propreté immaculée de State House ne peut attendre. Par envoyé spécial auprès de son Excédence Sally Mack, Aladji Docteur Professeur Yahya Jammus Junkkung Jammeh a fait comprendre à son homologue sénégalais que ceci pourrait faciliter grandement la construction d’un pont sur le fleuve Gambie avant 2035.
Au rang du train de mesures envisagé par le dictateur du progrès gambien, l’organisation d’un téléthon animé par Papa Thione Seck, Grand-père Ouza et Mère Coumba Gawouloo Séy Seck est en gestation, afin d’exhorter tous les Gambiens à remettre les exemplaires de la déclaration universelle des droits de l’homme qu’ils cachent sous leurs matelas. Toutefois, suite à cette pénurie inédite du produit d’entretien principal, la direction du palais national de Banjul a tenu à préciser que tout n’était pas négatif dans la gestion du lieu.
Si les carreaux blancs devraient attendre un peu avant de recevoir un traitement de qualité, en revanche, les toilettes, elles, sont toujours correctement fournies en grandes quantités d’exemplaires de la charte de la Cour pénale internationale, fournis directement par la juge compatriote Fatou Bensouda. Cependant, il convient de noter que leur disponibilité constante est aussi due à un trait culturel : ils ne sont utilisées qu’occasionnellement, en cas de pénurie d’eau.
Aladji Bakary Jallow, le grand imam de la mosquée de Banjul, a quant à lui formulé des prières pour une résolution de la crise et suggéré sur les ondes de la radio nationale gambienne Grts que l’on fasse recours à Bachar-Al-Assad, afin qu’il envoie en Gambie des exemplaires des nombreuses résolutions des Nations-Unies contre la Syrie, qui n’ont toujours pas trouvé preneur.
L’ex- architecte et toujours promoteur immobilier Pierre Goudiaby Atepa est aussi accouru à Banjul, où il a proposé au président Jammeh un ravalement de façade du palais présidentiel, avec adjonction d’essuie-glaces aux carreaux. Le financement de cette option n’a pas encore été trouvé.
Tiokk Baram
Par bidonnage spécial, depuis Sèrèkounda