ON NE PEUT PARLER DE CROISSANCE AU MOMENT OU LES ENTREPRISES CROULENT SOUS LE POIDS DES DIFFICULTES
IBRAHIMA LO, SECRETAIRE GENERAL DE L’UNACOIS
La viabilité des entreprises au Sénégal, la croissance, la cherté des denrées de première nécessité. Autant de questions qui interpellent au plus haut point les autorités du pays et sur lesquels, le Premier ministre, Aminata Touré est beaucoup attendu dans son discours de politique générale. Sur ce, le Secrétaire général de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal, Ibrahima Lo, se prononce.
Quelle sont les attentes aujourd’hui de l’UNACOIS par rapport au discours de politique générale du Premier ministre Aminata Touré ?
Au moment des élections, Macky Sall a été de passage à l’Unacois pour nous exposer son programme Yoonou Yokkuté, et discuter notamment sur le volet destiné au secteur privé. Tout le monde sait aujourd’hui que, depuis 2011, les entreprises croulent sous le poids des difficultés. Alors que certaines entreprises ont besoin d’être aidées et encadrées, parce qu’on ne peut pas parler d’économie au moment où les entreprises tombent en faillite. Il faut savoir que ce sont les entreprises qui peuvent créer des emplois et booster la croissance. Ce volet économique occupe pourtant une bonne place dans le programme Yoonu Yokkute. Ce qui reste maintenant, c’est d’avoir les moyens de l’appliquer. Il y a également le problème de la concertation permanente. C’est dire que le secteur privé rencontre toujours des difficultés qui peuvent survenir à tout moment, et ces problèmes ne peuvent être réglés que dans le cadre de concertations permanentes entre le secteur privé et le gouvernement, à tous les échelons. C’est dans ces cadres de concertation qu’on peut poser tous les problèmes et dégager des pistes de solution. Le reste, maintenant, c’est que nous venons tous du monde rural et le Sénégal est un pays à vocation agricole. Il y a beaucoup de terre et d’eau. Le gouvernement doit encourager le secteur informel, y compris les commerçants qui sont à Dakar et ailleurs, au retour à la terre. On ne peut prétendre développer ce pays sans l’agriculture. Il n’y a que l’agriculture qui peut fixer les populations dans leur terroir. Sans les populations dans le monde rural, il n’y aura pas d’agriculture. Il n’y a que l’agriculture qui peut booster la croissance et le développement de ce pays, mais aussi stabiliser notre balance commerciale, et faire fonctionner les services. Sur ce, nous sommes prêts à accompagner le président de la République, pour exploiter véritablement les potentialités agricoles de notre pays. Et c’est sur ces points que nous attendons le Premier ministre dans son Discours de politique générale.
Avez-vous été associées aux concertations relatives à l’Acte III de la décentralisation ?
Nous avons reçu copie du document de l’Acte III de la décentralisation. Le président de la République a déjà reçu les acteurs politiques et la société civile. Mais on ne peut parler de ces réformes sans parler des investissements à faire et des infrastructures marchandes dans le monde rural. Nous serons sans doute les derniers à être consultés parce que nous n’avons pas de problème particulier à ce niveau.
L’Unacois et la cherté des denrées de première nécessité. Qu’est ce à dire ?
Nous avons beaucoup travaillé sur la cherté des denrées de première nécessité. A l’avènement du président Macky Sall au pouvoir, le président Idy Thiam avait discuté avec lui, à ce propos. Nous étions tombés d’accord sur une éventuelle diminution des prix et c’est ce que nous avons réussi. Aujourd’hui, il y a une forte diminution du prix du riz. Le sucre aussi, nous sommes à 580 F le kilo. A l’époque, ça tournait autour de 700 voire 690 francs le Kilo. Il y a eu une diminution de 110F. Quand on le multiplie par 110 F Cfa le kilo, on a 11 milliards de F CFA qui retournent dans les poches des consommateurs. Quand il s’agit de l’huile qui était à 1200 francs, aujourd’hui c’est à 970 francs environ. Je pense que la diminution est importante. Ce qui reste, c’est d’encadrer le secteur privé pour lui permettre de créer des emplois parce que, quelle que soit la diminution, si les jeunes ne trouvent pas du travail, ce sera toujours difficile. Si on diminue les prix et que celui qui achète n’a pas d’argent pour acheter, cela pose problème.
Depuis qu’il y a eu une libéralisation du marché du sucre, est ce qu’il n’y a pas eu, de la part des commerçants, une sorte d’embargo sur le sucre produit par la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) ?
La Compagnie sucrière sénégalaise (Css) est une industrie implantée au Sénégal depuis 40 ans. Elle avait donné un délai de cinq ans pour auto-suffire le marché. 40 ans après, le marché n’est toujours pas satisfait. Nous avons toujours les prix de sucre les plus chers dans toute l’UEMOA. Il ne s’est pas agi d’une libéralisation, parce que le sucre a toujours été libéralisé. Mais il y avait des contraintes sur l’importation. Ce sont ces contraintes qui ont été levées. Mais l’usine de la CSS est là, il y a des travailleurs qui y sont. L’essentiel pour nous, c’est que l’usine continue à fonctionner. Que la CSS produise ce qu’elle peut, et qu’on laisse les opérateurs économiques résorber le gap, en important pour que le marché soit suffisamment approvisionné. On ne demande pas la fermeture de l’usine de la CSS, loin de là, parce que notre ambition, c’est de créer des usines et nous avons beaucoup de nos membres qui sont dans l’industrie, les PME. Ils ont l’ambition de créer des usines de sucre, de farine etc. Nous n’avons pas intérêt à ce que les usines ferment.
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