"ON NE PEUT PAS DETAILLER L’UTILISATION DES FONDS POLITIQUES, SINON..."

Dans cet extrait de l’entretien qu’il a accordé à SenePlus, le porte-parole du gouvernement se dit favorable à une plus grande transparence dans l’utilisation des fonds politiques affectés au chef de l’Etat. Cependant, Abdou Latif Coulibaly estime que les activités menées avec lesdits crédits doivent être entourés du sceau du secret eu égard à leur caractère sensible.

L’utilisation des fonds politiques au Sénégal pose moins une question de réglementation que de contrôle, selon le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly. ‘’Les fonds politiques sont votés par chapitres-blocs, ce n’est pas détaillé, a précisé le ministre en charge de la Promotion de la bonne gouvernance dans un entretien exclusif avec SenePlus. Il y a les fonds secrets, les fonds de sécurité. Il y a trois affectations, mais on ne précise pas les affectations respectives. Sous Senghor, c’était plus précis, les rubriques étaient détaillées. Diouf les a réformés, avec Abdoulaye Wade.’’

De l’avis du porte-parole du gouvernement, ce voile de secret qui entoure l’utilisation des fonds politiques ne doit pas être considéré, comme une absence délibérée de transparence. ‘’Vous pensez qu’on peut détailler et proposer à l’Assemblée nationale les activités menées par le Sénégal dans un pays voisin ? s’interroge-t-il. A la limite, il peut y avoir une commission restreinte qui connait de l’utilisation des fonds. Sinon les fonds ne seront plus secrets. Cela se poase de la même manière dans tous les Etats.’’

Latif Coulibaly reconnait néanmoins la nécessité de mieux encadrer l’utilisation des fonds en questions. ‘’Il y a une pratique récente qui  a fait que tout le monde suspecte l’utilisation des fonds politiques. On se réveille, on est riche. On te demande (d’où provient ton argent), tu dis que c’est le président qui t’a donné les fonds politiques. Senghor et Abdou Diouf avaient des fonds politiques. Ça n’a jamais fait l’objet de débat. Parce qu’ils l’ont fait dans un cadre républicain, en respectant l’essentiel de l’orthodoxie en la matière.’’ 

L’ancien journaliste jure qu’il n’est ‘’pas en train de plaider le fait qu’il n’y a pas la possibilité de rendre plus judicieux et beaucoup plus intègre l’utilisation des fonds politiques’’. Dans ce sens, révèle-t-il, des discussions sont en train d’être menées au sommet de l’Etat pour voir ‘’la meilleure façon de rassurer les citoyens de l’utilisation de ces fonds’’. Toutefois, indique Latif Coulibaly, il n’est ni question de supprimer les fonds politiques ni de divulguer totalement leur utilisation.

‘’Un état, pour être légitime, a besoin de transparence, mais aussi de secret. C’est un principe fondateur de tout Etat, le tout-transparence n’existe nulle part, défend le ministre en charge de la Promotion de la bonne gouvernance. Mais je ne crois pas qu’on puisse retourner à cette étape où les fonds politiques ont servi à acheté des titres privés.’’