NIASSE, UN AN D'ESPOIR
Anniversaire de son installation au Perchoir
Moustapha Niasse n’a pas été demandeur pour diriger l’Assemblée nationale. Il n’a pas, cependant, caché sa préférence pour régner pendant toute la Législature, sans interruption. Un an de dés-Espoir.
Un an de «mariage» entre l’Alliance des forces de progrès (Afp) et l’Alliance pour la République (Apr). La «flamme» s’est déclarée au lendemain du 26 février d’abord, alors que le candidat de Benno siggil senegaal (Bss) avait vu son destin présidentiel s’arrêter net. Tout comme les ambitions de Tanor et d’autres. Mais, avec ses 13%, Moustapha Niasse, faiseur de...Président, tient une bonne marchandise qui pèsera sur la balance des négociations au marché du second tour.
Mais le leader progressiste, qui ne veut pas montrer une certaine gourmandise et veut en même temps tempérer les ardeurs de Cissé Lô et Cie, fait dans le plus politiquement correct : «Moi, je n’ai pas demandé à être président de l’Assemblée nationale. C’est le président de la République, lui-même, qui m’a proposé d’être tête de liste de Benno bokk yaakaar. Je l’ai acceptée, comme j’accepte toutes les missions que le Sénégal attend de moi pour avancer vers le bonheur et le progrès. Ce qui va se passer demain (jour de l’élection du président de l’Assemblée nationale), c’est entre les mains de Dieu.» En fait, le chef de l’Etat a décidé, après avoir «élu» Niasse député, tête de liste de Benno bokk yaakaar (Bby), de le «nommer» président de l’Assemblée nationale.
Mariage
Le Progressiste résistera à la suprême jalousie d’un parti en désordre qui ne peut contrôler ses pions. Cette ingratitude à l’égard d’un allié qui a aidé à faire partir Wade et à offrir la majorité à Macky Sall aura, en partie, provoqué les larmes de Niasse asséchées au mouchoir blanc. Moustapha Niasse a également été ému, sans doute, de cette haute fonction qui fera de lui le 3è Premier ministre, après Habib Thiam et Macky Sall, à occuper le Perchoir. Presqu’un couronnement qui le laissera penser désormais à l’avenir de son parti qui, dit-on, sans lui, n’existe pas. C’est l’autre bataille qui s’annonce après un mariage scellé avec, il faut le dire, non pas Bby, mais bien l’Apr. Et surtout Macky Sall.
Le mandat
Moustapha Niasse était parti pour faire un mandat d’un an renouvelable pour toute la Législature. Et la confiance qui a prévalu à son élection-nomination autorisait à croire que le Président Sall rectifierait le coup de Sada Ndiaye en ramenant le quinquennat au Perchoir. Mais tout dépendait des circonstances, de la Realpolitik. Au bout de quelques mois, les relations huilées sont entachées par des calculs politiques des deux camps. Pour le leader de l’Apr, qui n’a pas la majorité, il faut que Niasse fusionne avec son parti, encore squelettique.
Pour le patron de l’Afp, plus proche du Président que Tanor, Idrissa Seck et les autres, c’est l’avenir de son parti qui est en jeu. Il refuse de «mourir» : «La retraite, je l’ai déjà précisée depuis 15 ans, quand j’avais 55 ans. Il n’y a jamais de retraite en politique même la personne qui a 90 ans qui vit, qui aime son pays, sous ses draps, cette personne-là n’est pas à la retraite. Ce débat n’a pas de sens.» Comme pour reprendre l’autre : «On n’est jamais mort en politique».
Le cas Gackou, numéro 2 de l’Afp, est venu se greffer à une crise de confiance qui prend de l’ampleur jusque dans le débat autour de l’abrogation de la «loi Sada Ndiaye». Si le Progressiste en chef joue la carte de la «loyauté» en laissant l’initiative à Rewmi qui a déclenché l’opération «Sauver Niasse», le président de la République, lui, ne le souhaite que pour une autre Législature. Pour quelqu’un d’autre peut-être.
Ainsi, Moustapha Niasse aura vécu un an d’Espoir, devise de son parti, mais plus pour un quinquennat sans interruption que pour un mandat renouvelé et jamais garanti. Il sera peut-être encore le président de l’Assemblée nationale en octobre prochain. Mais de l’adoption ou non de la proposition de loi de Oumar Sarr de Rewmi, devrait dépendre la suite.