NIGERIA : L'AGENCE ANTIDROGUE ASSIGNE À RÉSIDENCE UN SÉNATEUR RECHERCHE AUX ÉTATS-UNIS

Lagos, 23 mai 2015 (AFP) - Des policiers de l'agence antidrogue nigériane ont assigné samedi à résidence un sénateur fraîchement élu recherché aux Etats-Unis pour trafic d'héroïne, la justice devant statuer lundi sur son extradition, selon un communiqué.
Buruji Kashamu, élu en avril au Sénat nigérian, avait été inculpé de conspiration visant à vendre de l'héroïne par un tribunal de l'Etat d'Illinois (Etats-Unis) en 1998.
Il avait été arrêté en décembre 1998 en Grande-Bretagne mais avait réussi à convaincre les autorités britanniques que les faits de trafic de drogue concernaient son frère et que les enquêteurs américains confondaient les deux hommes.
Un tribunal britannique l'avait libéré en 2003 et M. Kashamu était rentré au Nigeria, où il est devenu un des grands financeurs du Parti démocratique populaire (PDP), au pouvoir de 1999 (à la fin des dictatures militaires) jusqu'aux élections de cette année.
Après des années de demandes américaines concernant M. Kashamu, les policiers nigérians ont finalement agi samedi à 05H00 (04H00 GMT).
"Une équipe spéciale de la NDLEA (National Drug Law Enforcement Agency, agence antidrogue) a assigné le sénateur élu de l'Etat d'Ogun (sud-ouest), Buruji Kashamu, à sa résidence de Lagos jusqu'à sa comparution en justice lundi 25 mai pour régler les détails de son extradition aux Etats-Unis", indique un communiqué de la NDLEA.
Un porte-parole de l'élu, Austin Oniyokor, a qualifié l'opération de la NDLEA de "complot pour un enlèvement illégal" organisé par des ennemis politiques.
Les accusations contre le sénateur découlent de l'arrestation d'un trafiquant transportant 6,4 kilogrammes d'héroine, à l'aéroport O'Hare de Chicago en 1994, selon la justice américaine.
Durant son interrogatoire, cet homme avait identifié M. Kashamu, qui habitait alors au Bénin, comme le chef de cette opération de transport d'héroïne. L'élu a toujours nié toute implication, rejetant constamment la faute sur son frère à qui il ressemblerait beaucoup.
Le président sortant du Nigeria, Goodluck Jonathan, battu à la présidentielle cette année, a été critiqué pour ses liens avec Buruji Kashamu. Son parti, le PDP, va perdre le pouvoir vendredi prochain lorsque le nouveau président Muhammadu Buhari, chantre de la lutte contre la corruption qui gangrène le pays, entrera en fonction.
Le parti de M. Buhari, le Congrès progressiste (APC), est également majoritaire au parlement. Il n'était pas clair dans l'immédiat si l'opération de la NDLEA était liée à ces changements politiques.