NIGERIA: "NOLLYWWOD", L'INDUSTRIE CINEMATOGRAPHIQUE, ENFIN RECONNUE DANS L'ECONOMIE DU PAYS
LAGOS, 07 avr 2014 (AFP) - "Nollywood", la florissante industrie cinématographique du Nigeria - en référence au Hollywood américain - est prise en compte pour la première fois dans les nouveaux chiffres de l'économie du pays, un signe de reconnaissance envers un secteur en plein essor, se réjouissent les réalisateurs et les investisseurs.
Les films de Nollywood, très populaires en Afrique et parmi les Africains de la diaspora, sont essentiellement de petites productions, vite tournées et vendues souvent directement en dvd par des marchands à la sauvette dans les rues pour un dollar ou deux.
Mais grâce à une production pléthorique, le secteur emploie un million de personnes et pèse désormais 853,9 milliards de nairas (3,7 milliards d'euros), soit 1,2% du produit intérieur brut (PIB) nigérian, selon les nouveaux calculs.
Le Nigeria, pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d'Afrique, est devenu dimanche la première économie du continent, devant l'Afrique du Sud, après la révision de PIB selon de nouvelles méthodes de calculs intégrant les évolutions de l'économie.
En 1990, lors de la dernière révision, la contribution de Nollywood à l'économie était négligeable. "C'est important que le poids économique de Nollywood soit reconnu à sa juste valeur", estime l'acteur, réalisateur et producteur Zach Oriji, un des piliers du secteur.
Nollywood "croit de façon régulière depuis 20 ans et joue maintenant dans la même cour que ceux du calibre d'Hollywood (...) en termes de quantité de production, avec 1.500 à 2.000 films par an", affirme Jason Njoku, co-fondateur du site de vidéo à la demande Irokotv.
Pour l'homme d'affaires nigérian, qui a fait ses études en Grande Bretagne et dont l'entreprise est déjà considérée comme le "Netflix africain", l'intégration de Nollywood dans les chiffres de l'économie nigériane reflète le dynamisme de l'industrie locale du film.
- 50 films par semaine -
Le PIB du Nigeria a bondi de 264 à 453 milliards de dollars pour l'année 2012, avec le changement de méthode de calcul, et il devrait atteindre 510 milliards de dollars pour 2013, selon une estimation.
Les nouveaux chiffres de l'économie nigériane, qui prennent en compte l'apparition et le développement rapide de nouveaux secteurs et de nouvelles industries ainsi que l'évolution des habitudes de consommation des Nigérians ces 24 dernières années, indiquent des changements importants dans la structure de l'économie, selon le gouvernement.
Dans le domaine des télécoms, notamment, on note l'explosion du nombre de téléphones mobiles en circulation ces dernières années.
Selon une estimation des Nations Unies qui date de mai 2013, Nollywood emploie environ un million de personnes et peut potentiellement créer un million d'emplois supplémentaires dans les années à venir, si l'industrie est gérée correctement.
Près de 50 films sont créés toutes les semaines au Nigeria, ce qui est presque autant que la prolifique industrie indienne du film - surnommée Bollywood- , même si en terme de chiffre d'affaires, Nollywood est bien en dessous du géant indien, avec environ 590 millions de dollars par an.
Le président nigérian Goodluck Jonathan a annoncé l'année dernière qu'il comptait consacrer trois milliards de nairas (13 millions d'euros) au développement de Nollywood, un autre signe de reconnaissance de l'importance de ce secteur pour le pays.
Le piratage reste un problème majeur, estime M. Orji, et une meilleure distribution des films, notamment, permettrait de gagner plus d'argent, qui pourrait ensuite être réinvesti dans la production.
Les films de Nollywood, connus pour leur côté un peu trop mélodramatique, qui verse souvent dans l'absurde, parlent du quotidien des Nigérians, ce qui explique sans doute leur succès énorme dans de nombreux pays d'Afrique.
Très souvent, leur budget ne dépasse pas 25.000 dollars -- rien du tout, comparé aux productions hollywoodiennes -- et la plupart du temps, on compte à peine un mois entre le tournage et la mise en vente du film.