NON-ASSISTANCE À BANLIEUE EN DANGER
MARCHE CONTRE LES INONDATIONS

Les sinistrés de Yeumbeul Sud et de Malika Montagne ont affronté hier, les Forces de l’ordre pour marcher contre les inondations qui chahutent leur existence et dénoncer la «non-assistance à personne en danger».
C’est un avertissement. Etranglées par les inondations qui ne cessent de mettre à nu leur honneur et leur dignité, les populations de la banlieue, notamment de Yeumbeul Sud et Malika Montagne, ont organisé une marche pour dénoncer leurs conditions de vie. Il est évident que ces deux communes d’arrondissement, regroupant 52 quartiers, souffrent le martyr à chaque hivernage. Le ciel ouvre toujours ses vannes pour arroser ces quartiers, perdus dans la banlieue dakaroise, de malheurs et de désagréments. Les populations qui, en ont marre de cette situation faite de désespérance et de privations, ont battu le pavé pour dénoncer la «non-assistance à personne en danger» de l’Etat.
A Malika Montagne, la tension était très palpable entre Forces de l’ordre et les populations qui ont pris d’assaut les artères de cette localité. Le mot d’ordre, clamé à pleins poumons par une armée de ménagères et de jeunes surexcités, est très clair : «Nous en avons marre de ces autorités qui ne disent jamais la vérité sur les inondations.» Informées de la situation, les Forces de l’ordre ont rappliqué dans la banlieue à bord de pick-up pour réprimer cette marche. Bilan : 5 personnes sont interpellées avant d’être relâchées quelques heures plus tard. Ces arrestations n’ont pas, néanmoins, altéré la détermination des sinistrés. Le discours devient même plus sarcastique.
«Nous sommes fatigués, nous avons entendu des adjoints au maire dire dans les radios que la situation des inondations est maîtrisée dans la banlieue. Ce n’est pas vrai. Des centaines de familles vivent aujourd’hui des conditions misérables à cause des inondations», soutient Ndèye Arame Sène, porte-parole des sinistrés de Yeumbeul Sud et de Malika Montagne. Laissées en «rade par les autorités», les populations de cette localité réclament des motopompes, des camions-hydrocureurs, du carburant et des tuyaux flexibles pour mettre fin à leur cohabitation avec les eaux. Pour retrouver leur vie de terrien et quitter cet univers de lacustre.
«Marche d’avertissement»
Ce matin, un soleil impérial flotte sur un ciel dégagé et infuse d’énergie les protestataires. Excédés par leur situation actuelle, les résidents de Yeumbeul Sud ont pris d’assaut la mairie de leur localité pour déverser leur mal-être. Thierno Diop, conseiller municipal qui, dirige cette procession par «devoir et solidarité», harangue les troupes anéanties par plusieurs années de souffrances et de peines. Sans ambages, il dit :
«C’est un avertissement. Nous n’avons jamais voulu faire ce genre de choses. Mais trop c’est trop. Voici une localité qui est laissée en rade depuis le début de l’hivernage. Les autorités font la sourdre oreille. Rien n’a été mis à la disposition des populations, comme moyens de lutte contre les inondations, pouvant faire face à cette situation.» L’objectif est de susciter la réaction rapide de l’autorité dont l’immobilisme est dénoncé par les sinistrés des inondations : «Nous attendons de voir la réaction des autorités. Si elles ne réagissent pas, d’autres plans d’action sont prévus», renchérit Ndèye Arame Sène.
«Nous avons un Etat qui ne nous nous considère pas comme des êtres humains. Plus de 35 milliards de francs ont été annoncés à la veille de la saison des pluies pour faire face aux inondations. Ce sont des promesses politiques et des bobards. Nous n’avons pas faim. Que les autorités ne nous amènent pas du riz ou du sucre. Nous leur demandons juste de venir s’enquérir de la situation et de la régler au plus vite», braillent de colère les populations. Depuis 2005, le tube est remixé à chaque hivernage.