''NOTRE SOCIETE NE S'EST PAS CREER DES ANTIDOTES''
ME ASSANE DIOMA NDIAYE

Depuis quelques temps, il ne se passe pas une semaine sans qu’un fait de mœurs n’alimente les pages des faits divers ou ne soit sujet de débat dans les radios. La dernière en date est celle des 5 femmes trouvées dans une mauvaise posture au bar «piano piano» de Yoff. Me Assane Dioma Ndiaye, avocat à la cour, débusque le mal dans les émissions télé et autres informations distillées dans le net qui sont quotidiennement «consommées» dans nos familles.
La dépravation de nos mœurs s’accentue de plus en plus. La dernière preuve est l’affaire des cinq filles qui ont été arrêtées dans le bar-dibiterie «piano piano» de Yoff par les limiers de la Section mœurs du commissariat de Dakar et qui doivent comparaître lundi prochain devant la barre du tribunal des flagrants délits pour actes contre nature.
Joint au téléphone, Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise de droits de l’homme (Lsdh) explique la chute libre de nos mœurs par les séries qui sont diffusées tous les jours sur le petit écran et qui sont très suivies dans les foyers. «Cette situation est due en grande partie par ce qu’on voit sur nos séries télévisées. Et le Conseil national de régulation de l’audiovisuel ne fait rien pour s’opposer à la diffusion de ces films. On y voit des hommes et des femmes dans des comportements peu orthodoxes et nos enfants s’adaptent à cet environnement chimérique. Nous sommes envahis par l’internet, l’autoroute de l’information… Et drame, c’est que notre société ne s’est pas crée des antidotes au niveau des structures familiales, religieuses, encore moins au niveau des mécanismes de régulation de l’audiovisuel pour faire face à ce monde chimérique. Il faut voir comment protéger davantage les personnes devant cette mondialisation qui intègre nos foyers de plus en plus», analyse Me Assane Dioma Ndiaye.
SURMEDIATISATION OU UNE JURIDICIALISATION».
Pour le cas spécifique des filles du bar «piano piano», l’homme de l’art craint une difficulté au niveau de la caractérisation de l’infraction. « Ce ne sera pas facile d’avoir des éléments objectifs qui puissent caractériser l’infraction en dehors des aveux des concernées ou peut-être des témoins concordants. Pour ce que j’en sais, les filles ne reconnaissent pas les faits. Le problème pour nous, c’est le risque de condamner des gens sur la base de simples rumeurs, étant entendu que notre droit positif réprime l’attentat à la pudeur et les atteintes aux bonnes mœurs. C’est vrai que certains actes qui revêtent un caractère de publicité entre des personnes de même sexe ou de sexes différents, peuvent être caractérisés comme des infractions aux bonnes mœurs ou attentat à la pudeur. Mais, il ne faut pas stigmatiser outre mesure ces jeunes filles. A leur âge, elles appellent de la protection. Si elles sont sur une mauvaise pente, la société doit les aider à se «resocialiser». Je crains une sur médiatisation ou une judiciarisation qui entraînerait des troubles psycho traumatiques, surtout pour celles qui n’ont pas atteint l’âge de la maturité».