''NOUS AVONS PERDU PRES 75% DE NOS CLIENTS A CAUSE DES PRODUITS IMPORTES''
EL HADJI MAMADOU DJITE, VIEIL EBENISTE DE 98 ANS
El hadj Mamadou Djité est le chef de quartier de Fann Hock. Menuisier ébéniste de son état, ce vieux qui a fêté ces 98 ans le 15 janvier dernier, revient sur la concurrence disproportionnée des meubles importés.
«‘‘Les venants’’ généralement sont moins chers que les meubles locaux. Mais la matière qu’ils utilisent pour les fabriquer, n’est pas de bonne qualité. C’est très joli, mais cela ne dure pas. C’est pour deux, trois ans», explique le vieux qui respire toujours la forme. «Si vous ne regardez que le côté esthétique, vous allez acheter les meubles importés. Et cette situation nous fatigue beaucoup», fulmine le vieux Djité. Il explique que ces produits importés ont inondé le marché, et sont en train de tuer leur métier.
«Auparavant, on vendait beaucoup de meubles de bureau, de chambres à coucher, et il y avait beaucoup d’intérêts. Mais actuellement, les meubles importés, qui arrivent sur le marché local, sont identiques à nos produits, parfois même plus jolis. C’est pourquoi maintenant, on peut rester des jours, voire des mois sans avoir le moindre client», martèle t-il.
Du haut de ses 60 années d’expériences dans ce métier, M. Diop n’apprécie guère la tournure que les choses ont prise en cette fin de carrière: «J’ai fait 60 ans de menuiserie, je fais partie des premiers ouvriers du Sénégal. Mais cette situation nous dérange beaucoup », peste le vieux. Ce dernier, très actif malgré son âge, de demander aux autorités de limiter l’importation des meubles, parce que «cela va tuer le métier sur le plan local. Ce qui, à la défaveur des menuisiers, impactera négativement sur le plan financier car cela va réduire leurs revenus».
Sur sa longue carrière de menuisier, le chef de quartier nous explique: «Je travaille pour toutes les bourses. J’ai formé beaucoup d’ouvriers», nous dit le vieux»