NOUVELLES INCERTITUDES
Ce lundi 9 février 2015 devait marquer le début d’un compte à rebours pour résorber les détails devant mener à la Can juniors de mars à Dakar. Mais les énergies sont encore enfermées dans la tortuosité de l’avenir des "Lions"
Il n’y a point de coïncidence, vous diront ceux qui ne veulent point que leur existence soit soumise à la loterie du hasard. On tourne la page de cette 30e Can remportée par les Ivoiriens en se disant que tout est signe. Sortir de cette compétition avec un énième échec des "Lions" n’est pas une fatalité renouvelée, encore moins une malice du destin. C’était pressenti par beaucoup, les réalités l’ont confirmé.
La faillite ronge les cœurs au moment où se présente la Can juniors pour mettre le football sénégalais face à l’autre versant d’une politique sportive qui n’a été que fausses promesses, renonciations et négligences.
Passer de l’autre Can à celle-ci n’est pas une simple simultanéité des calendriers. C’est un signe du destin, une épreuve de vérité. On a beau affabuler pour que les vessies ressemblent à des lanternes, il arrive toujours un moment où, sous le soleil de midi, s’impose ce que d’aucuns appellent "la lumière de l’esprit".
Avec la Can des U20 qui démarre le 8 mars prochain, on plonge dans le cœur des contradictions du football sénégalais, espérant sortir des confusions et des fausses illusions. Ne sachant plus où on va, on saura peut-être retourner là où se forgent les véritables destins.
Mais tout est si mal parti…
Ce lundi 9 février 2015 devait marquer le début d’un compte à rebours symbolique pour résorber les infimes détails devant mener au rendez-vous de mars. Mais les pensées et les énergies sont encore enfermées dans la tortuosité de l’avenir des "Lions". Pire, on est dans le flou d’une préparation erratique des "Lionceaux", avec une dernière ligne droite qui mène vers un défi incertain.
Comme d’habitude, c’est à ces moments crépusculaires qu’on met les bouchées doubles à des enfants malnutris depuis deux ans. Sevrés de compétition, ne jouant guère plus de dix matches dans la saison, soumis au régime galérien fait de pain et de sel, les voilà qui risquent de se retrouver dans une ambiance d’abondance et de bombance. Mais à un certain degré de sous-alimentation, quand l’organisme s’habitue au manque et que le corps a fini d’épuiser ses réserves, le gavage subit est une erreur fatale. Pensez à certaines soirées de ramadan, quand la main gauche travaille autant que la droite...
Depuis deux ans que le Sénégal s’est porté candidat pour l’organisation de cette Can juniors, les "Lionceaux" ont été oubliés dans un enclos pendant que les "Lions" faisaient bonne chère. C’est juste la semaine dernière, après que les rois de la "Tanière" ont été ratiboisés à Malabo, que le président de la Fédération sénégalaise de football, comme dans un élan de manquements et de négligences à rattraper, a promis faste et luxe à ces pauvres hères. Ils dormiront là où dormaient leurs ainés. En plus, le Qatar leur a promis un mois de stage – partiront-ils ? Et sans doute verront-ils se presser autour d’eux, pendant une trentaine de jours, toutes ces attentions qui leur ont tant manqué pendant six cents jours.
C’est une insulte faite au temps que de vouloir comprimer une durée d’action dans le centième, voire le millième de ce qu’elle aurait dû être. Les responsables fédéraux le savent bien, eux qui n’imposent aux "Lionceaux" aucune exigence de victoire finale. Tout juste leur demande-t-on une qualification aux demi-finales qui ouvre les portes du prochain Mondial. Pour une compétition à deux poules de quatre équipes, il suffirait… d’un match gagné pour entrer dans ce cercle béni.
Quelle maigre ambition !
Mais quand on a le culte de la facilité, on ne s’embarrasse pas pour si peu. Et d’ailleurs, que fixer d’autre comme objectifs, quand rien n’a été fait pour inscrire cette Can des U20 dans un programme cohérent de développement du football de masse chez les jeunes, mettre en place des structures chargées de les former et d’encadrer, mobiliser les ressources humaines qui les portent à maturation, favoriser des compétitions régulières qui les poussent vers la confirmation et l’excellence ?
Augustin Senghor a annoncé, la semaine dernière, que le sélectionneur national va rentrer d’une tournée en Europe avec neuf joueurs professionnels pour renforcer les "Lionceaux". On présume qu’il n’a jamais eu à travailler avec eux. On se dit aussi que les quatorze gamins qu’ils vont compléter pour faire la liste des 23 ne les ont jamais vus ou les connaissent peu. Quelle belle perspective cela offrirait !
On s’est fourvoyé avec Guinée équatoriale-2015, on risque de s’engluer avec Sénégal-2015.
On souhaite cependant que la mayonnaise prenne. Car il est bon, de temps à autre, d’insulter la logique. Que serait ce monde si tout devait être toujours carré ?