OÙ SONT PASSÉS LES 500 MILLIARDS DE FRANCS ?

La gestion des ressources financières allouées à la santé a toujours fait l’objet d’une grande préoccupation. Un projet a été mis en place dans ce sens, pour permettre à une équipe de chercheurs de se pencher sur le système de santé sénégalais, particulièrement sur le financement, l’équité et la gouvernance. Les membres du comité de pilotage de ce projet ont tenu leur seconde réunion hier, une rencontre qui a permis de revenir sur les difficultés du secteur de la santé dans notre pays. 

Les milliards de francs Cfa injectés chaque année dans la santé n’ont pas pour autant facilité l’accès aux soins pour les populations. En marge de la réunion du comité de pilotage du projet mis en place pour étudier le système de santé sénégalais, hier, des voix se sont élevées pour dénoncer une mauvaise utilisation des ressources financières destinées au secteur de la santé.

Selon le président de la ligue des consommateurs sénégalais, le système de santé est un pot troué, un tamis. «Environ 500 milliards de francs Cfa ont été investis entre 2000 et 2010 dans ce secteur sans qu’on ne voie véritablement les résultats escomptés sur la qualité des soins et l’accès aux soins. C’est une grosse manne financière et il y a toujours un problème de gouvernance. On aura beau critiquer le système, il y a énormément d’argent injecté dans la santé sans qu’on ne voie les résultats. Le matériel commandé est souvent tombé en panne, alors que la garantie de ce matériel n’entre pas en jeu», dénonce le Pr El Hadj Niang.

Ce dernier se réjouit donc de la mise en place d’un tel projet et affirme que les objectifs sont toujours pertinents. «Il y a des bailleurs qui refusent d’investir au Sénégal parce que conscients que tout ce qu’ils donnent ne profite pas aux populations», ajoute-t-il. 
Ce nouveau projet permettra donc d’évaluer l’efficacité, l’efficience et l’équité du financement du système de santé dans notre pays.

A en croire le Pr Birahim Bouna Niang, directeur du Centre de recherche pour le développement économique basé à l’Ucad, ce projet est un moyen d’analyser les capacités des autorités à mobiliser les ressources nécessaires au financement du secteur de la santé, d’apporter des éclairages sur sa gouvernance, mais aussi de mettre en évidence les problèmes d’équité dans l’accès aux services de santé.

«En tant que chercheurs, nous avons mis en place ce projet pour apporter notre contribution à l’amélioration du système de santé dans notre pays, a-t-il déclaré. La gouvernance est une piste de recherche que l’on va exploiter parce que les performances dans ce secteur dépendent de la qualité de la gouvernance. Si elle est mauvaise, on aura beau injecter de l’argent dans ce secteur, on n’aura pas les résultats attendus.»

Ce projet qui devra s’étendre sur trois ans est financé par la coopération canadienne à hauteur de 175 millions de francs Cfa.