Obama en route pour l'Afrique du Sud, doute sur une visite à Mandela

PRETORIA, 28 juin 2013 (AFP) - En route pour l'Afrique du Sud, le président américain Barack Obama a exclu toute rencontre médiatisée avec le héros national Nelson Mandela agonisant, sauf si la famille en décidait autrement.
Selon le gouvernement sud-africain, il n'est pas prévu que Barack Obama rende visite à Nelson Mandela, la ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane ayant sobrement expliqué que l'ancien président agé de 94 ans était "souffrant".
"Nous verrons quelle sera la situation lorsque nous atterrirons. Je n'ai pas besoin d'une photo avec lui. La dernière chose que je veux faire, c'est d'être indiscret à un moment où la famille est inquiète", a déclaré Barack Obama à bord d'Air Force One.
Le conseiller adjoint à la sécurité américain Ben Rhodes avait indiqué à la presse il y a quelques jours que M. Obama s'en remettrait à la volonté de la famille. L'avion du président Obama a décollé de l'aéroport de Dakar à 11H00 GMT. Il est attendu en Afrique du Sud dans la soirée, mais son programme officiel n'y commence que samedi.
A quelques heures de son arrivée, une armée de journalistes venus du monde entier et des anonymes venaient toujours exprimer leur affection devant le Mediclinic Heart Hospital de Pretoria où est soigné l'icône de la lutte anti-apartheid, priant, apportant des petits mots, des photos, des ballons des bougies...
Dans la matinée, une vingtaine d'enfants ont chanté et dansé dans la rue, souhaitant que le héros national puisse fêter ses 95 ans le 18 juillet. Les foules étaient attendues plus tard dans la journée.
Les médias ont été priés de dégager l'entrée de l'hôpital où affluaient toujours des proches et des personnes rendant visite à Mandela, la police évoquant des "risques pour la sécurité". La famille du grand homme s'était plainte jeudi d'être importunée les journalistes.
Dès le début de sa tournée africaine, M. Obama a rendu un hommage vibrant, jeudi à Dakar, à celui qui a été tout comme lui le premier président noir de son pays et prix Nobel de la Paix. Mandela "est un héros pour le monde", a déclaré Barack Obama lors d'une conférence de presse.
"Quand il quittera cette terre (...), nous savons tous, je pense, que son héritage vivra à travers les âges." l'héritage de Mandela au premier plan En Afrique du Sud, "le président va parler de l'héritage de Nelson Mandela, et cela va occuper une grande part de notre temps en Afrique du Sud", a déclaré le conseiller adjoint à la sécurité américain Ben Rhodes.
Barack Obama doit rencontrer son homologue Jacob Zuma à Pretoria et visiter la célèbre township de Soweto samedi, avant de se rendre au Cap dimanche. Le président américain doit notamment se recueillir à l'île-bagne de Robben Island, où Mandela a passé dix-huit de ses vingt-sept années dans les geôles de l'apartheid.
Il s'agit d'une nouvelle étape symbolique pour le président américain, qui a déjà fait une halte remarquée jeudi sur l'île de Gorée, grand lieu de mémoire de la traite des Noirs au large de Dakar. C'est à Robben Island, en cassant des cailloux dans une carrière, que Mandela, qui allait devenir le père de la nation sud-africaine, a durablement abîmé ses poumons.
Des militants pro-Palestiniens, des opposants à l'usage de drones par l'armée américaine, des militants du parti communiste sud-africain et des syndicalistes doivent manifester au cours la visite du président américain.
Une cinquantaine d'étudiants musulmans se sont rassemblés dès vendredi après-midi devant l'ambassade américaine --non loin de l'hôpital où est soigné Nelson Mandela--, pour une prière de protestation.
"Nous sommes ici pour protester contre la venue de M. Barack Hussein Obama. En tant qu'individus épris de liberté, nous n'avons pas de problème avec M. Barack Obama, mais nous avons un problème avec le président Barack Hussein Obama" et la "politique étrangère brutale" de son gouvernement, a expliqué l'imam Syed Sayeed.
Ils ont été rejoints par quelques dizaines de militants de la Cosatu, la grande confédération syndicale proche du pouvoir sud-africain, criant "l'impérialisme américain ça suffit, le capitalisme ça suffit".
Nombre d'entre eux portaient des tee-shirts où il était écrit "Non, Obama, vous ne pouvez pas emprisonner sans procès", en référence à la prison de Guantanamo.
L'Afrique du Sud était pour le reste plutôt calme vendredi, les dernières nouvelles --datant de la veille-- laissant entendre que la mort de Nelson Mandela ne serait peut-être pas aussi imminente qu'on avait pu le craindre.
Le pays s'était préparé au pire jeudi, après l'annulation d'un voyage de Jacob Zuma au Mozambique à l'issue d'une visite à l'hôpital. Mais la présidence avait ensuite fait savoir que Mandela allait mieux. "Son état reste critique, mais s'est stabilisé", a-t-elle indiqué.
Mandela "va nettement mieux aujourd'hui qu'il ne l'était lorsque je l'ai vu hier (mercredi) soir", a même déclaré M. Zuma jeudi en début d'après-midi, après une nouvelle visite à l'hôpital. Mais sa famille a reconnu pour la première fois que la fin pouvait être proche.
"Je ne peux que répéter que papa est dans un état très critique", expliqué Makaziwe, sa fille aînée, à la radio-télévision publique SABC. "Tout peut arriver d'un moment à l'autre." Mais "il ouvre les yeux, il réagit toujours au toucher", a-t-elle souligné, ajoutant que "Dieu seul sait quand ce sera l'heure".
L'état de santé de Nelson Mandela, hospitalisé depuis le 8 juin pour une nouvelle récidive d'une pulmonaire, s'est aggravé durant le week-end.
Le prix Nobel de la paix 1993 est sous assistance respiratoire, selon un chef traditionnel qui lui a rendu visite mercredi. La présidence n'avait pas publié de nouveau bulletin de santé vendredi en milieu d'après-midi.