''PACIFIER ET REUNIFIER LA FAMILLE DE LA BALLE ORANGE''
SERIGNE MBOUP PRESIDENT DU COMITE DE NORMALISATION
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Sa silhouette était familière aux habitués du stadium Marius Ndiaye où il venait assister aux compétitions de basket. Nommé depuis jeudi président du Comité de normalisation du basket sénégalais (Cnbs), Serigne Mboup, veut mener à bien sa mission telle que assignée par le ministère des Sports. Première décision de ce Cnbs, la restitution des deux trophées de l’Afrobasket des moins de 18 ans entachés de fraude sur l’âge.
Vous venez d’être nommé président du Comité de normalisation du basket. On vous connaît comme un acteur de ce sport, mais qu’est-ce qui vous lie au basket ?
« Je suis un passionné comme tout le monde. Je suis sportif en étant sur beaucoup de choses dans le sport en général. Je suis un des initiateurs d’Olympes qui est une association des supporters de Marseille. Je suis un pratiquant de tennis et un adepte du jogging. Ma relation avec le basket découle de deux raisons majeures outre la passion. Ce sont les liens personnels que j’ai avec Amadou Gallo Fall qui est le président de Nba Afrique et initiateur de Seed Academy de Thiès. Dès 2007, il m’avait demandé, avec d’autres amis, de l’aider à gérer l’Académie. Et je m’y suis impliqué. Ma vraie relation avec le basket a donc démarré avec l’Académie Seed où je suis avec les équipes techniques et d’autres personnes. On s’est attelé à l’aider dans la gestion et le développement de l’Académie. La deuxième raison qui m’a amené dans le basket, c’est que mes propres enfants sont des adeptes du basket. J’ai deux enfants qui ont fait Seed et qui, après leur bac, ont intégré des universités américaines. Ils sont actuellement des joueurs de Ncaa (la ligue universitaire de basket américaine). L’un est en Arkansas et l’autre dans le Tennessee. De par mes actions dans l’Académie Seed, j’ai intégré l’équipe sortante de la fédération où j’étais membre du Comité directeur en tant que coopté du ministère des Sports. J’ai travaillé avec le président Tandian et tous les autres. Très tôt, il m’avait chargé de coordonner l’organisation du tournoi de la Zone 2 à Dakar en 2010 et qui a été un énorme succès populaire. Quand il y a eu des tensions dans la fédération de basket, le ministre des Sports, Mbagnick Ndiaye, m’avait saisi officiellement pour essayer de tenter une médiation avec les différentes parties, notamment du côté des anciennes internationales. J’ai fait de l’intermédiation parce que je suis un proche du président Tandian avec qui j’ai d’excellentes relations et à qui je rends hommage pour tout ce qu’il a fait pour le basket. C’est dans les mêmes conditions que, probablement, quand il y a eu cette crise, faisant appel à mes qualités d’homme qui prône le consensus, de fédérateur de différentes synergies ou de management, qui est mon métier, les autorités m’ont fait confiance pour coordonner ce comité. Quand l’Etat a pris la décision, on m’a demandé de coordonner cela pour l’intérêt du pays. J’ai accepté cette mission avec beaucoup d’humilité. Moi et toutes les personnes connues dans le comité, nous essaierons de faire notre maximum. »
Peut-on dire que l’équipe qui vous accompagne dans cette mission est constituée d’acteurs du basket ?
« Nous avons des personnes de qualité dans ce comité. Le premier vice-président est le général Mansour Niang qui était un haut gradé de la gendarmerie, ancien entraîneur et arbitre de basket. Malgré son rang, ses fonctions à ses heures perdues, il est encore dans le basket. Le deuxième, c’est Amadou Gallo Fall qu’on ne présente plus pour ce qu’il a fait pour son pays et le leadership international qu’il a au niveau des Etats-Unis dans la Nba. Il a été directeur des relations internationales avec rang de vice-président des Dallas Mavericks et connaît toutes les grandes figures du basket mondial. Il dirige aujourd’hui la section Nba de l’Afrique qui a pour mission essentielle de promouvoir et de développer le basket en Afrique. Le troisième vice-président, c’est Mame Maty Mbengue qui, on me l’a soufflé hier (avant-hier Ndrl), est le joueur africain le plus titré, toutes nationalités confondues. Elle est d’un leadership et d’un charisme reconnus et fait consensus entre les générations de joueuses. Tout le monde se rappelle comment elle se battait avec ses coéquipières dans les moments les plus difficiles. Le quatrième, c’est Lamine Savané qui est aussi un acteur du basket, par lui-même, par la famille avec son frère qui est international. Il a fait les études conséquentes et c’est son métier de travailler dans le sport, le marketing. Outre que c’est un patriote, un passionné de basket, il est le président de l’Académie Aspire, qui n’est pas une institution sans importance. Le secrétaire général, c’est Léopold Germain Senghor, qui est un homme du sérail, cadre supérieur qui connaît le basket et était membre de l’équipe sortante. On a voulu avoir une administration forte et stable. Tous les membres du comité ont des fonctions ailleurs et nous avons voulu organiser les choses de façon à avoir un suivi cohérent de ce que nous allons faire. Le secrétaire permanent est un agent du ministère, Ibrahima Ndiaye. La trésorière, c’est Mama Diawara qui est une ancienne gloire du basket et cadre de banque reconnue et respectée. Elle aura comme adjoint Pathé Keita qui est un inspecteur du trésor et enfant du basket. Dans les commissions techniques, nous avons des têtes de pont, mais nous allons travailler pour avoir tous les acteurs du basket. Nous allons voir comment étoffer ces commissions. Il y a un travail énorme à faire à la base. Des commissions dirigées par des hommes compétents, reconnus et respectés, chacun dans son secteur d’activité. Et nous appelons tous les acteurs du basket à venir nous rejoindre. »
En quoi consistent les missions qui vous ont été assignées par le ministère des Sports ?
« Les missions qu’on a assignées au comité sont d’abord de réunifier et de pacifier la famille du basket. Cela est fondamental. Le basket, comme tous les sports, fait l’objet de toutes les passions, entre les gens qui y mettent leur temps, leur énergie, leurs moyens. Ils le font juste pour des questions de bien-être. Donc, on doit être capable de fédérer toutes les énergies autour de quelque chose. Sans la paix, le respect, cette capacité à se retrouver autour de l’essentiel, on ne peut pas arriver à de grands desseins. Ce sera donc la première mission. Evidement, après, il faudra organiser les compétitions, convoquer une concertation nationale sur la situation du basket avec tous les acteurs. Nous voulons faire en sorte que tout le monde soit mobilisé pour discuter sur ce qu’il faut faire. L’environnement mondial de la pratique sportive a changé, les règles et les enjeux ne sont plus les mêmes. Nous essaierons de trouver les formules les plus appropriées pour repositionner notre basket dans des situations de performances. Nous avons aussi pour mission d’organiser l’assemblée générale afin de, justement, installer de nouvelles instances. Et puis, nous donner les moyens afin que le Sénégal soit présent dans toutes les compétitions internationales de basket avec le maximum de chances et dans une totale éthique sportive. C’est assez clair et ambitieux. Ce ne sera pas de tout repos, mais nous pensons qu’impossible n’est pas sénégalais. Quand tous les passionnés se retrouvent et qu’il y a de la lucidité autour, on est capable de faire de grandes choses. »
Pourquoi la décision de rendre les trophées des Afrobasket de jeunes acquis après fraudes sur l’âge ?
« Nous avions décidé de prendre langue très rapidement avec les instances supérieures du basket. Les autorités l’ont déjà fait avec Fiba Afrique et Fiba Monde avant que le gouvernement ne retire sa délégation de pouvoir. De notre côté, nous devons nous rapprocher de ces instances internationales du basket pour voir comment faire avec ces sanctions, celles qui sont connues et celles qui vont suivre. Reprendre langue avec elles, réexpliquer la situation et prouver la bonne foi du Sénégal et voir comment faire pour que la sanction liée à cet incident fâcheux soit atténuée. Et aussi voir comment faire pour rebâtir les liens de confiance qui ont toujours existé avec ces instances. Le Sénégal a gagné beaucoup de trophées et est un des pays les plus titrés d’Afrique. Jamais nous n’avons eu des problèmes de cette nature. Les problèmes de fraudes, de dopages, sont des questions très sensibles sur lesquelles les institutions internationales qui gèrent le sport sont extrêmement sévères. L’idée pour nous, c’est de faire en sorte qu’on puisse avoir un dialogue franc, sincère, pour que ces sanctions soient atténuées voire réduites. Pour tout cela, c’est un signal fort de reconnaître qu’on a gagné les trophées qui ont entraîné cette situation, de façon pas fairplay. Comme le Sénégal n’a jamais eu ces problèmes, malgré tous les trophées remportés, nous préférons que ce palmarès ne soit pas entaché. En rendant ces trophées, nous montrons notre détermination et celle des autorités de se donner les moyens de faire en sorte que cette situation ne se reproduise plus. »