PAPE OUMAR SAKHO JURE "IMPARTIALITÉ" ET "ÉTHIQUE DE LA RESPONSABILITÉ"
INSTALLÉ À LA TÊTE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Nommé en juin dernier, le nouveau président du Conseil constitutionnel Papa Oumar Sakho a prêté serment hier. Tout en jurant "impartialité" et "éthique", il s'est fixé comme première de renforcer davantage la confiance des Sénégalais vis-à-vis de l'institution qu'il dirige.
Le Sénégal a maintenant son Conseil constitutionnel au complet. Le président de ladite institution, Pape Oumar Sakho et son collègue "Sage", le professeur Ndiaw Diouf, ont prêté serment hier. Les deux nouveaux vont siéger à côté du vice-président Malick Diop, et de Mamadou Sy et Mandiogou Ndiaye. En prêtant serment, Pape Oumar Sakho et Ndiaw Diouf ont juré de remplir leur mission en toute impartialité.
Le successeur de Cheikh Tidiane Diakhaté, nommé en juin dernier, trouve sa mission "difficile", mais il se dit "résolument optimiste" à l'assumer, surtout en toute responsabilité et impartialité. Dans un contexte où le Conseil constitutionnel ne cesse d'être brocardé par l'opposition, surtout en période électorale, le nouveau président de l'institution se fixe comme première mission de "renforcer davantage la confiance du peuple sénégalais à l'endroit du Conseil constitutionnel".
Pour ce faire, le successeur de Cheikh Tidiane Diakhaté compte "mettre l'éthique au cœur de ses actions". Toutefois, a-t-il souligné dans son discours, cette éthique va de paire avec la responsabilité. "Vous conviendrez avec moi que la responsabilité doit aller de paire avec l'éthique. Ce qui suppose de notre part la défense de l'intérêt général, la rigueur, la vérité, l'équité, l'impartialité, l'intégrité, le respect des règles", a soutenu Pape Oumar Sakho.
Toujours pour rassurer la population, l'ancien président de la Cour suprême a laissé entendre que les membres du Conseil "serviront de manière digne et avec loyauté et rendront les décisions dans le respect de leur serment et du contrat social".
"L'homme qu'il faut"
Le ministre de la Justice, présent à cette cérémonie qui s'est tenue à la Cour suprême, a laissé entendre que "Pape Oumar Sakho est l'homme qu'il faut à la place qu'il faut". Au-delà de son président, Me Sidiki Kaba est convaincu que les "Sages" "feront leur travail pour le grand bonheur du peuple sénégalais". Face aux futures élections qui pointent à l'horizon, le Garde des Sceaux a tenu à rassurer la classe politique.
"A mon avis, cette composition doit rassurer les hommes politiques", a-t-il soutenu. Par ailleurs, Me Sidiki Kaba a pris la défense de Pape Oumar Sakho, en laissant entendre que son choix se justifie par son parcours. "Le Président Sall est un homme qui met en avant la compétence et l'intégrité", a-t-il confié.
Pour illustrer ses propos, le Garde des Sceaux a indiqué que Cheikh Tidiane Diakhaté avait été nommé Procureur général de la Cour suprême par l'actuel Chef de l'État, alors qu'il était directeur de cabinet de l'ex-Président Wade. "Le président n'a pas retenu cela.
Ce qu'il a retenu, c'est qu'il est un magistrat d'une grande qualité qui pouvait servir, vu son expérience", a expliqué le ministre. Et de citer également l'exemple de Mamadou Badio Camara, devenu depuis mars dernier Premier président de la Cour suprême. "Quand il a été nommé, les gens ont dénoncé le fait qu'il était à la Cour suprême depuis Wade, or le Chef de l'État l'a nommé pour sa compétence et son sérieux", a-t-il conclu.
Magistrat dans l'âme
Nommé en juin dernier Président du Conseil constitutionnel, Pape Oumar Sakho a été installé dans ses nouvelles fonctions hier. Le remplaçant de Cheikh Tidiane Diakhaté n'a vécu que pour la magistrature.
Admis à faire valoir ses droits à la retraite, en mars dernier, Pape Oumar Sakho devra encore attendre pour bénéficier d'une retraite dorée. La magistrature, pour laquelle il a servi pendant une trentaine d'années, a encore besoin de lui, en tant que juge constitutionnel. En fait, en juin dernier, il a été nommé à la tête du Conseil constitutionnel pour terminer le mandat de Cheikh Tidiane Diakhaté, décédé au mois de janvier. Même si la mission semble difficile, le vice-président du Conseil constitutionnel Mady Diop est optimiste.
"En raison de votre compétence et expérience avérées, votre parcours remarquable est le meilleur gage pour attester de ce que vous allez réussir votre mission", a-t-il dit à l'endroit du président. Aussi, a-t-il loué la "'bonté, l'urbanité, la mesure, le sens élevé du devoir bien accompli et la quête de la perfection" dont fait montre le patron des "5 sages", nom donné aux membres du Conseil constitutionnel. Pour lui, "avec de telles qualités, le Conseil constitutionnel comptera parmi les institutions les plus respectables du Sénégal".
Tout en se félicitant du choix porté sur la personne de Pape Oumar Sakho, le juge constitutionnel indique que le président "n'est pas en terrain inconnu pour avoir servi la magistrature pendant au moins 37 ans". Aussi, est-il revenu sur le parcours de l'ex-Premier président de la Cour suprême sorti de la division judiciaire de l'Ecole nationale d'administration (ENA). Pape Oumar Sakho a été juge d'instruction qu'il a cumulé avec celui de président du tribunal du travail du tribunal régional de Tambacounda. Après Tamba, il a servi au Tribunal régional de Kaolack, puis à celui de Dakar. A Dakar, il a commencé à gravir les échelons pour devenir conseiller à la Cour d'appel, ensuite président de la 1ère et 2ème Chambre civile de la Cour d'appel.
Pape Oumar Sakho a également eu à servir au niveau de l'administration centrale de la justice. A cet effet, il a été nommé à deux reprises Directeur des Affaires civiles et du Sceau de 1999 à 2001, puis de 2002 à 2005. A son départ de la direction des Affaires civiles, en 2001, le magistrat a été nommé directeur de cabinet du ministre de la Justice de 2001 à 2003, avant de revenir en 2005.
Au bout d'un an, en 2006, exactement, il est retourné dans les juridictions, pour devenir en mars 2006 Premier président de la Cour de cassation. En août 2008, il est devenu Premier président de la Cour suprême, "l'une des fonctions les plus hautes dans la hiérarchie judiciaire", selon les précisions du vice-président. Pour couronner le tout, Pape Oumar Sakho est le nouveau président du Conseil constitutionnel.
Son challenge, c'est de "renforcer davantage la confiance du peuple sénégalais à l'endroit de l'institution". Une confiance mise à rude épreuve par les politiciens qui, durant le régime de Wade, n'ont cessé de brocarder le Conseil constitutionnel, surtout lorsque celui-ci a validé la troisième candidature très contestée de Me Wade à la présidentielle de 2012.