PARFUM DE FRANÇAFRIQUE
ROBERT BOURGI DEMANDE ''L'ÉLARGISSEMENT'' DE KARIM
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En juillet 2012, en visite en France, Macky Sall fraîchement élu président de la République avait reçu en audience Robert Bourgi et Claude Guéant, proches parmi les proches de la famille Wade. Une rencontre qui avait fait désordre et semé le doute dans l’esprit des Sénégalais. Deux ans après, Robert Bourgi revient sur cette controversée audience et fait de grosses révélations.
Un climat de suspicion et de rumeurs assez inédit s’était emparé du pays en juillet 2012 lorsque les Sénégalais avaient appris avec ahurissement l’audience que Macky Sall, alors fraîchement élu président de la République, avait accordée à Robert Bourgi et Claude Guéant à Paris où il était en visite.
L’étonnement des populations était d’autant plus grand que ces deux personnalités du monde politique français apparaissaient comme les missi dominici de Karim Wade dans l’hexagone. Deux ans après cette controversée audience qui a fait craindre une possible collusion entre le nouveau Président et le fils de l’ancien chef de l’Etat, la rencontre de Paris commence à livrer ses secrets. Et c’est Robert Bourgi qui lève le lièvre dans une interview accordée à nos confrères de «France 24», en racontant dans les détails les discussions qu’il a eues avec le successeur de Me Abdoulaye Wade au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Et comme le craignaient à juste raison beaucoup d’observateurs avertis, Karim Wade était au coeur
des discussions. Robert Bourgi révèle : «À l’occasion de la première visite du Président Macky Sall à Paris, j’avais accompagné François Fillon lors de la visite qu’il avait rendue à Macky Sall à la résidence de l’ambassadeur du Sénégal en France. Et Macky, en présence de François Fillon, m’avait dit : 'Robert, essaie de ramener Karim à la raison afin qu’il accède au désir, à la volonté de mon gouvernement de mettre un peu le nez dans les comptes'. J’ai dit : 'Il n’y a pas de problème Président, je m’en occuperai'. A l’époque, Karim était à Paris. C’était au mois de juillet de l’année de son élection».
Poursuivant ses révélations, celui que la presse française surnomme le «dernier pilier de la Françafrique» affirme : «J’avais appelé Karim, il est venu me voir à mon cabinet. Je lui ai dit : 'tu sais Karim, il serait peut-être bon que tu rendes visite au Président Macky Sall parce que ce matin il avait souhaité que, puisqu’on t’accuse d’avoir détourné, tu viennes t’en expliquer avec lui'. Et dans mon bureau, Karim a eu ce geste : 'tu diras de ma part au Président Sall que zéro plus zéro égale zéro, je n’ai rien'. J’ai dit : 'Karim attention, ne déclenche pas un mécanisme que tu ne sauras pas maîtriser'. Ça c’était il y a deux ans».
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Au moment où le fils de l’ancien président de la République va boucler ses douze mois de détention préventive, l’avocat francosénégalais se fait l’avocat de ce dernier. «Je ne voudrais pas me mêler des affaires de la justice sénégalaise, mais il serait souhaitable aujourd’hui, pour ramener un peu de paix dans le pays, que Karim puisse sortir de prison. Il est souhaitable qu’il puisse être libéré tout en restant à la disposition de la justice, plaide Robert Bourgi. Qu’on lui interdise de quitter le territoire, qu’on lui interdise de prendre contact avec telle ou telle personnalité.» L'avocat d'ajouter : «C’est un Sénégalais qui émet ce voeu, je suis Sénégalais dans l’âme.»
«J’EXPRIME MON SOUHAIT DE VOIR KARIM ELARGI»
A la question du journaliste de savoir si Macky Sall a commis une erreur politique avec le dossier Karim Wade ou s’il y a une chasse aux sorcières, le disciple de Jacques Foccart (père de la Françafrique) répond : «Je ne dirai pas que Macky Sall a fait une erreur…c’est peut être une erreur, … je ne sais pas. J’exprime mon souhait de voir Karim élargi.» A l’en croire, il n’est pas le seul à nourrir ce sentiment puisque, révèle-t-il, certains chefs d’Etat africains et arabes ont manifesté le même souhait directement auprès du Président Macky Sall.