PARIS-DAKAR, NOUVEAU DÉPART
ACCORDS MILITAIRES ENTRE LE SÉNÉGAL ET LA FRANCE
Les députés ont adopté hier à l'unanimité le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier le traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre le Sénégal et la France... Le ministre des Affaires étrangères s'en est expliqué, mais des zones d'ombres, sur le théâtre bien réel des opérations, subsistent...
Équivoque levée à propos du projet de loi instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre la France et le Sénégal. Un projet de loi, autorisant le président Macky Sall à ratifier le traité qui institue ce “partenariat”, a été adopté à l'unanimité par les députés à l'issue de précisions apportées par le ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye (photo). C'est la député Sokhna Dieng Mbacké qui a interpellé le ministre sur l'intérêt de cet accord signé le 18 avril 2012, soit “deux semaines après la prestation de serment du président Macky Sall et quatre jours avant le premier tour de présidentielle française”, alors que les bases militaires françaises étaient presque fermées par l'ex président Abdoulaye Wade.
Le ministre des Affaires étrangères explique le contenu des nouveaux accords
“Il ne s'agit pas d'un accord de défense. L'accord de défense qui liait le Sénégal et La France date de 1974. Cet accord de partenariat en matière de coopération militaire abroge toutes les dispositions dans l'accord de défense de 1974”, a précisé d'emblée Mankeur Ndiaye. Un partenariat “sans secret”, qui a été décidé d'un “commun accord” qui laisse le choix aux deux parties de se retirer à tout moment de cet accord et qui ne renferme aucune clause d'assistance au Sénégal en cas d'agressions extérieures et de crise interne, d'après le ministre.
Il s'agit plutôt, poursuit-il, des échanges d'informations sur des menaces, sur le développement de la coopération sous régionale, sur le soutien éventuel que la France pourrait apporter au mécanisme de sécurité régionale et collective dans lequel le Sénégal devrait être impliqué. Le ministre a également soutenu que cet accord a été acté “sans tenir compte du contexte post-électoral au Sénégal et pré-électoral en France” puisque c'est l'ex- président français Nicolas Sarkozy qui avait invité Macky Sall à une visite de travail, visite qu'il était impossible de décliner pour un Chef d'État quel que soit le contexte. “Ils ont signé cet accord qui était déjà en négociation très avancée. Il y avait quelques dispositions qui restaient juste à être réaménagées. Cela a été fait et le président a signé durant sa visite officielle”, a indiqué Mankeur Ndiaye.
“C'est la France elle-même qui a décidé de retirer ses bases...”
Il a aussi insisté sur l'importance de coopérer avec la France qui est “un partenaire stratégique”. “Sans l'intervention de la France, nous ne pourrions pas dire ce que serait le Mali aujourd'hui”, a-t-il clamé. “Même pour le retrait de base dont vous (Ndlr, les députés) parlez, il faut respecter un peu l'histoire en mettant l'accent sur le fait que c'est la France même qui a décidé de retirer ses bases dans un certain nombre de pays en Afrique, pour des raisons qui lui sont propres, à la suite du fameux discours que le président Sarkozy avait prononcé en Afrique du Sud. C'est une décision souveraine de la France, ce n'est pas le Sénégal qui a demandé aux Français de partir”.
Et pour Mankeur Ndiaye, ce nouveau partenariat a pour objectif majeur de contribuer à la préservation et à la promotion d'une paix durable avec une vision sous-régionale, voire continentale et dans la perspective d'une constitution de la Force africaine.
Une base sera construite à Bamako
Il faut aussi ajouter que le présent traité a déjà été ratifié par la France en décembre 2013. Au pays de Marianne, le débat est bien timidement évoqué car il s'agit d'intérêts stratégiques qui créent un consensus fort, au niveau de l'essentiel de la classe politique française. C'est déjà un secret de Polichinelle qu'il est prévu dans le courant de ce mois de janvier, la signature d'un accord de défense avec le Mali où il est prévu l'implantation d'une base militaire, précisément à Bamako. 3000 soldats français devraient aussi marquer une présence permanente dans huit pays de la sous-région dont le Sénégal. Malgré le discours sur la fin d'une certaine françafrique, les manœuvres observées sur plusieurs théâtres d'opération, dont la Centrafrique, renforcent l'idée selon laquelle l'option française est bien loin d'un désengagement affirmé. Et dans ce cadre, le Président tchadien Idriss Déby joue un rôle central.