PAROLE À LA DÉFENSE
Procès de Karim Wade – Exceptions soulevées par les avocats de l’ancien ministre d’État : Enquête préliminaire non conforme – Violation des droits de l’accusé – Rupture d’égalité avec la partie civile…

Le procès de Karim Wade a été suspendu ce mercredi à 18 heures. Il reprendra demain à partir de 10 heures. L’audience devrait se poursuivre comme elle s’est arrêtée aujourd’hui : les parties vont s’étriper encore dans la bataille de procédures, qui dure depuis l’ouverture des débats, mardi 6 août.
Au moment où l’accusation avait des raisons d’espérer entrer de plain-pied dans le fond du procès Karim Wade, la défense maintient le statu quo. Elle se cramponne aux vices qui entacheraient la procédure. Dans cette perspective, elle a monopolisé la parole lors de l’audience de ce mercredi, qui a été renvoyée à demain à partir de 10 heures.
À l’ouverture de la séance de ce jour, la Crei a rejeté le sursis à statuer réclamé par les avocats de Karim Wade. Une décision qui fait suite à celle de la Cour suprême déclarant irrecevable, pour vice de forme, leur recours pour démontrer l’incompétence de la Crei. Une Cour que, lundi dernier, s’est dit compétente à juger l’ancien ministre d’État.
Malgré ces revers, la défense a maintenu sa position soit pour persister à essayer de démontrer que la Cour est incompétente soit en soulignant que la procédure est truffée de vices.
À la suite du juge Henri Grégoire Diop, qui a rejeté leur demande de sursis à statuer, les avocats de Karim Wade ont révélé avoir déposé un pourvoi en cassation. Un nouvel élément, à leurs yeux, qui nécessite la suspension du procès.
Prenant la balle au bond, l’avocate française du fils d’Abdoulaye Wade dira qu’il existe une rupture d’égalité entre le prévenu et la partie civile. Le premier, souligne-t-elle, ne pouvant pas faire de recours tandis que le second en a le droit en cas de non lieu.
Pour sa part, Me Souleymane Ndéné Ndiaye, toujours pour la défense, dira que dans cette affaire l’État n’avait pas à se constituer partie civile.
Autre exception par Me Ciré Clédor Ly et Cie, l’enquête préliminaire n’a pas été menée dans les règles. Ils estiment que celle-ci a été menée par le commandant Cheikh sarr et ses hommes alors qu’elle être conduite conjointement par la police, la gendarmerie et des éléments des impôts et domaines. Ce qui, dans leur entendement, doit déboucher sur l’annulation de l’enquête préliminaire ainsi que de toute la procédure.
Pour Me Pape Leyti Ndiaye, les droits de la défense ont été violés. Il dit ne pas comprendre que les présumés complices de Karim Wade n’aient pas bénéficié d’une mise en demeure comme son client. Ce qui, à ses yeux, constitue un motif d’exception de nullité annulant toute la procédure.
Reprenant la parole à la reprise du procès à 15 heures, Pape Leyti Ndiaye évoque une violation de la loi relativement à la deuxième mise en demeure servie à Karim Wade par la Crei. Or, souligne-t-il, en droit les mêmes faits ne peuvent faire l’objet de deux inculpations. S’engouffrant dans la brèche, Me Alioune Badara Cissé demandera la mise en liberté de Karim Wade au motif que la première mise en demeure n’a rien donné.
Face à ces exceptions de la défense, la partie civile a parlé de dilatoire et de juridisme. Flétrissant les positions du camp adverse et réclamant que la bataille de procédure laisse la place au fond du dossier.
Me El Hadji Diouf et ses collègues de la partie civile seront-ils entendus. Élément de réponse demain, jeudi 21 août, à partir de 10 heures, pour la reprise de l’audience autour du juge Henri Grégoire Diop.