PAS UN CRIME, LE DESSIN BLASPHEMATEUR ?
« Le dessin ne sera jamais un crime », a dit, hier, un slogan déployé au siège de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo dont l’équipe de rédaction a été presque décimée, le 14 janvier, par un duo de frères terroristes prétendant avoir vengé le prophète de l’Islam, Mohamed, contre les caricatures outrageantes faites de lui par un journal iconoclaste ayant inscrit son orientation rédactionnelle dans une ligne plus qu’outrancière.
Outrage toujours, non point seulement contre l’Islam, que, aussi, contre le christianisme catholique. On n’ose même pas rappeler la planche insultante, insolente, injurieuse qu’un de ces caricaturistes fit du pape Jean Paul II baisant le sol comme à chacune de ses arrivées en voyage. On n’ose pas non plus évoquer de manière une des planches des caricaturistes de cet hebdo au sujet du Coran transpercé par des balles et qui n’a même pas pu protéger un musulman barbu. La légende du dessin est des plus injurieuses. Ils en jugeront ceux qui ont vu cette planche.
Après cela, allez faire comprendre à des croyants blessés dans leur foi, choqués et scandalisés dans leur humanité que « le dessin ne sera jamais un crime ». Pas un crime, peut-être dans un Occident qui croit que la religion est une affaire réactionnaire, vieillotte… S’ils ne croient plus en rien qu’ils laissent dans leur foi ceux qui croient qu’il n’y a qu’un seul Dieu, Tout-Puissant et miséricordieux à l’infini ! C’est aussi simple que cela. Et refusera d’être Charlie toute personne, de quelque race qu’elle soit, quelque pays qu’elle habite.
Ainsi donc, Charlie Hebdo est toujours en vie ; et est en train de faire fortune de ses malheurs. Il est reparu hier en récidivant le blasphème de représenter le prophète de l’Islam et le forçant à être Charlie, c’est-à-dire être du côté de l’irrévérence. Charlie a récidivé pour se donner de la contenance, de n’avoir pas abdiqué ni perdu la face, encore moins s’être affaissé. « L’étonnant aurait été qu’il n’y ait pas de caricatures du prophète Mohamed », a dit l’avocat du journal, Me Richard Malka. Dans chaque numéro de Charlie Hebdo depuis vingtdeux ans, il n’y en a pas un où il n’y ait pas de caricatures du Pape, de Jésus, de curés, ou de rabbins, d’imams et de Mahomet ». « On ne cédera rien, sinon tout ça n’aura pas eu de sens. L’état d’esprit «Je suis Charlie», cela veut dire aussi le droit au blasphème », a martelé Me Malka.
Pourquoi la touche humoristique de l’actualité religieuse ne peut-être autre que le blasphème ? Voilà la question qu’on pose à Charlie et assimilés et autoassimilés. Et ils ont été des millions de lecteurs à l’aider dans ce combat pour la survie en s’arrachant comme des petits pains un tirage initial de trois millions d’exemplaires vite passé à cinq millions et en seize langues ! C’est plus que ne pouvait espérer un journal à l’article de la mort et qui ne tirait plus qu’à soixante mille exemplaires (pour une population française qui fait un peu plus de 66 millions de personnes) soit 50 fois moins que le tirage d’hier.
Voilà donc Charlie Hebdo ragaillardi par la vague de sympathies et la « Marche républicaine » de Paris le dimanche 12 janvier dernier et à laquelle avaient participé aux côtés du président de la République de France des chefs d’Etat et de gouvernement dont notre chef de l’Etat qui doit s’apercevoir à présent de son initiative imprudente. Il semble que son pouvoir a voulu se rattraper en interdisant de vente au Sénégal Charlie Hebdo et Libération qui en a repris des contenus. Tant mieux…
Oui, à la liberté de presse, mais qu’elle ne serve pas de prétexte à l’insulte à la foi !