PAUVRE SAMUEL SARR
Avant-propos : Samuel Sarr est un ami. Depuis de nombreuses années, nous ne sommes jamais restés sans avoir des nouvelles l’un de l’autre. Nous restons réunis par un attachement commun à une grande figure religieuse. Samuel Sarr a ses défauts et qualités, mais a mon respect, car ayant toujours su cultiver le sens de l’amitié sincère et accepté ma liberté et mon indépendance d’esprit et s’accommode de mes écrits ou de ceux de mes collaborateurs qui ne l’ont pourtant pas toujours ménagé.
On est triste pour Samuel Sarr qui croupit en prison depuis plusieurs semaines pour le délit d’offense au chef de l’Etat. Samuel Sarr avait fait des déclarations selon lesquelles il détiendrait les preuves de certains avoirs financiers faramineux que le Président Macky Sall posséderait dans une banque américaine.
Des accusations pareilles ne constituent pas une nouveauté venant d’adversaires du Président Sall. Mais il faut dire que Samuel Sarr n’est pas n’importe qui. Il est connu et très réputé pour être un homme versé dans les transactions financières et détenant d’importants réseaux et relations dans le monde des affaires et de la finance.
Une affirmation pareille de sa part revêt donc un caractère fort crédible. Ses dires sur des questions du genre ne peuvent aucunement être relégués à des propos d’un simple quidam mû par une simple vengeance politique.
C’est dire qu’il ne saurait, certainement pas pour le Président Macky Sall, être question de rester sans réactions. Un simple démenti aurait-il suffi ? Il est difficile de le penser. Le procureur de la République a pris Samuel Sarr au mot en lui demandant, en vain, de fournir les preuves de ses affirmations.
Samuel Sarr est un brave type et Dieu sait qu’il a cherché à œuvrer en coulisses pour rassembler la famille politique de Me Abdoulaye Wade derrière le Président Macky Sall. Pour cela, a-t-il eu à se heurter à de nombreux proches du secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), notamment des membres de sa famille biologique. Samuel Sarr a bien cherché à aller en prison.
Son geste n’est pas celui d’un désespéré qui aurait attendu de longs mois pour être édifié sur son sort lié à de nombreuses procédures judiciaires qui tardent à aboutir. Depuis plus de deux ans, Samuel Sarr est dans une prison à ciel ouvert. Il est confiné au Sénégal sans aucune possibilité d’en sortir et son business aurait souffert de cette situation.
Plus d’une fois, ses amis ont eu à constater ses états d’âme. Néanmoins, l’ancien directeur général de la Senelec et ancien ministre de l’Energie continuait à rester stoïque. L’homme ne manquait pas d’être préoccupé ou même affecté par le stress que vit sa famille.
Je me rappelle un matin, il m’accueillait au pas de la porte de sa maison en prenant la précaution de crier à sa vieille maman : «Maman, c’est un ami. C’est Madiambal.» La vieille, âgée de plus de quatre-vingts ans, pensait que tout visiteur était un policier ou un gendarme venu chercher son fils.
Pour autant, Samuel Sarr supportait cette situation avec une certaine foi en Dieu et en son guide religieux. Il cherchait à remuer ciel et terre pour calmer certains caciques du Pds qui travaillaient pour une confrontation avec le régime du Président Macky Sall. Aussi, a-t-il toujours cherché des canaux de dialogue avec le Président Sall. Ce dernier et son épouse ne semblaient pas s’y tromper. Ils ne manquaient pas d’estime et d’amitié pour Samuel Sarr.
Samuel Sarr mesurait bien la ligne à ne pas franchir dans un soutien à certains responsables du Pds qui ont maille à partir avec la justice. Il savait par exemple que si cela ne tenait qu’à un Karim Wade, Samuel Sarr aurait été jeté en prison du temps même du régime du Président Wade.
Samuel Sarr savait aussi que lui, «fils» du Président Wade et «Wadiste éternel», comme tous les autres responsables du Pds, ne pouvait pas compter sur un soutien engagé du Président Wade en cas de déboires judiciaires. L’ancien chef de l’Etat réserve son énergie pour la défense exclusive de son fils Karim Wade.
On en veut pour preuve que depuis son arrestation, Samuel Sarr est laissé à lui-même, abandonné dans son pauvre sort. Il n’a pas manqué de prendre sa part du combat. Denys Caton disait : «Lorsque quelqu’un te jure une amitié fidèle, portant la haine dans le cœur, ne le rebute point ; montre-lui même zèle : L’artifice est permis pour tromper le trompeur.»
En dépit de tout cela, Samuel Sarr a voulu coûte que coûte aller en prison. Pas pour lui, encore moins pour Karim Wade. Il semble avoir cherché à aller en prison pour Moïse Rampino ! Ce militant des «Jeunesses wadistes» a été arrêté et condamné à six mois de prison ferme pour troubles à l’audience à l’occasion des premiers jours du procès de Karim Wade devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).
Il a bravé la justice en insultant les magistrats et le Président Macky Sall publiquement dans la salle d’audience de la Crei. Samuel Sarr, qui se pose en mentor de Moïse Rampino qu’il a couvé, entretenu et soutenu comme du reste tout le groupe des «Jeunesses wadistes», a comme voulu assumer, engager sa responsabilité d’autant que Moïse Rampino s’est retrouvé seul dans sa situation.
Témérité, brin de folie ou fidélité en amitié ? C’est aussi ça Samuel Sarr ! Sacré Sam ! Pape Samba Mboup, lui aussi, a pensé faire du bruit autour de sa personne pour pouvoir être emprisonné comme son ami Samuel Sarr. Ce dernier l’a dissuadé de faire un tel sacrifice.
Post scriptum : Sam, j’ai préféré parler de toi avant de te rendre visite en prison.