PEUT MIEUX FAIRE...
LES LIBÉRAUX À PROPOS DE LA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE
La Déclaration de politique générale du Premier ministre, Aminata Touré, a été un moment fort pour livrer une bataille de communication. Et aussi une occasion saisie par certains libéraux pour cracher des vérités à Mimi Touré, notamment au régime de Macky Sall.
Face aux députés hier, lors de sa Déclaration de politique générale (Dpg), le Premier ministre Aminata Touré a reçu les foudres de certains députés libéraux. Ils ont craché certaines vérités au régime de Macky Sall. La députée libérale, Fatou Thiam, a dénoncé la «justice à deux vitesses» qui prévaut actuellement au Sénégal. Notamment avec l’arrestation «arbitraire» de Cheikh Béthio Thioune, aujourd’hui en liberté provisoire. «On a vu un autre député (Barthélemy Dias) qui a avoué avoir tiré sur un individu et qu’il a atteint sa cible. Mais, il a bénéficié d’une liberté provisoire et est bombardé d’une immunité parlementaire. Je pense qu’il y a une justice à deux vitesses et que Cheikh Béthio Thioune a été victime de sa collaboration avec l’ex-Président Abdoulaye Wade», a dit Fatou Thiam au Premier ministre. Elle a exigé, par ailleurs, que le Président Macky Sall rende compte de façon claire aux Sénégalais «l’origine licite des 8 milliards de FCfa » constituant son patrimoine. «Macky Sall ne peut pas être blanc comme neige. S’il y a des voleurs aujourd’hui, Macky Sall fait partie de ces voleurs.» Même s’il bénéficie d’une immunité présidentielle, dit-elle, «Macky Sall doit, devant un jury d’honneur, s’expliquer sur ses 8 milliards». Mais, Mimi Touré a clarifié le débat. Cela, en indiquant que «le Président Macky Sall a justifié ses avoirs de A à Z. Il a tout déposé entre les mains du Conseil constitutionnel», précise-t-elle. Avant d’indiquer : «Il faut que les gens arrêtent de salir la peau de leurs concitoyens en disant des choses qu’ils ne maîtrisent.»
Le Président Sall n’a pas été le seul à recevoir les foudres de la députée libérale. Ousmane Tanor Dieng, de la mouvance présidentielle, a pris aussi des coups. «Tanor Dieng est aujourd’hui milliardaire grâce aux magouilles qu’il a eu à faire avec les licences de pêche du temps des socialistes au pouvoir», dénonce Fatou Thiam. Le président du Groupe parlementaire libéral, Moudou Diagne Fada, quant à lui, est resté sur sa faim après le passage du Premier ministre, Mimi Touré, à l’Assemblée nationale. «Je suis très déçu par la qualité de la Dpg de Mme le Premier ministre», confie Diagne Fada, qualifiant la prestation de Mimi Touré comme un «catalogue de vœux pieux de bonnes intensions». Pour lui, le gouvernement de Macky Sall n’a rien fait jusqu’ici pour soulager les Sénégalais comme promis. «Les Sénégalais attendaient une baisse des prix des denrées de première nécessité, des solutions hardies aux problèmes des inondations, des délestages, une prise en charge correcte de la question de l’emploi des jeunes, etc. À ces questions précises, nous n’avons pas obtenu des réponses précises de la part du Premier ministre», se désole Modou Diagne Fada. Il a relevé des «contradictions des chiffres» entre l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, et l’actuel Premier ministre Mimi Touré sur le déficit budgétaire, le taux de croissance et le service de la dette. Parlant des questions de droits de l’Homme, Diagne Fada a fait savoir au Premier ministre que «le Sénégal a renoué avec les prisonniers politiques et d’opinion qu’on n’avait plus revus depuis l’ère du Parti socialiste».
La palme à Mimi Touré. Député du Groupe parlementaire majoritaire Bennoo Bokk Yakaar, Barthélemy Dias a salué les engagements pris par le Premier ministre lors de sa Dpg. Car, dit-il, le Premier ministre, Aminata Touré, a pu mettre l’accent sur toutes les politiques sectorielles qu’elle souhaiterait mettre en œuvre. Ce qui reste, souligne M. Dias, est de voir quels sont les mécanismes sur lesquels elle compte s’appuyer pour pouvoir trouver de l’argent pour mettre en œuvre ses projets et programmes. Il invite les députés à accompagner le gouvernement en mettant l’accent sur certaines priorités. Même son de cloche chez le député non inscrit Mamadou Diop Decroix. Pour lui, «Mme le Premier ministre, Aminata Touré, a décliné ses objectifs. Il y a une différence entre sa Déclaration de politique générale et celle de l’ex-Pm Abdoul Mbaye au sens où elle a mis l’accent, cette fois-ci, sur des questions très concrètes et pratiques». Ce qui, dit-il, permettra de mesurer ce qui va être fait.
Quant à Iba Der Thiam, il a salué la tonalité du discours de Mimi Touré «placé sous le signe de la sérénité et de la responsabilité». Manifestation, dit-il, d’une volonté de décrispation. «Elle a choisi de s’écarter des chantiers de la polémique, de la stigmatisation et de la diabolisation. Des signes d’une volonté de définir des rapports avec l’opposition, un type de comportement nouveau qui mérite d’être salué», confie Iba Der Thiam.
Scandales du régime de Wade ? Le passage à l’Assemblée nationale de Mimi Touré a été l’occasion pour certains députés de revisiter les «dérives» de l’ancien régime libéral. Barthélemy Dias a révélé son intention d’interpeller le Premier ministre par rapport à certains «scandales hérités de l’ancien régime de Wade», particulièrement sur les cas des Industries chimiques du Sénégal (Ics). Pour lui, «c’est inadmissible, ce qui se passe aux Ics, avec les Indiens qui ne sont là que pour le profit et le gain au détriment des Sénégalais». Le député Dias a pointé également du doigt «l’escroquerie» des Sénégalais à l’Autoroute à péage par la société Eiffage. «L’Autoute à péage a été financée par l’Etat du Sénégal. Sur les 380 milliards de FCfa, l’Etat a apporté une bonne partie de l’argent. Au nom de quoi aujourd’hui les Sénégalais doivent payer pour utiliser l’autoroute à péage ? La société Eiffage exploite cette autoroute pour plus de 30 ans. C’est inadmissible. Le gouvernement doit tout faire pour rétablir les Sénégalais dans leurs droits», plaide Barthélemy Dias. Avant d’indiquer : «Mme le Premier ministre a réussi son oral. Mais, ce qui reste est qu’elle nous dise de façon concrète ce qu’elle compte faire pour remettre à l’endroit ce qui est à l’envers.»
Dans son intervention, Mamadou Diop Decroix a souligné que le principal problème au Sénégal reste «le problème de vision». Il invite le gouvernement à avoir des ambitions claires pouvant permettre d’arriver à un taux de croissance à deux chiffres. Cela, pour arriver à avoir un Sénégal émergent.