PEUT-ON S’OPPOSER PAR TOUS LES MOYENS ?
''Dans quel pays peut-on accepter qu’un leader de parti appelle l’armée à intervenir dans le débat politique ? Apparemment, le Sénégal est en train de devenir un objet politique non identifié''
La réponse à une telle question coule de source dans un Etat démocratique comme le Sénégal car elle est évidemment non. Mais si elle se pose aujourd’hui dans notre pays, c’est parce que les déclarations du Front patriotique pour la défense de la République (Fdpr) et de sa principale composante le Pds ont créé des vagues dans l’opinion.
Quand dans le discours politique, un responsable, en l’occurrence l’ancien président Wade, fait ouvertement appel à l’armée pour le départagerdanslecombatqu’ilmènecontrel’actuelprésidentdelaRépublique Macky Sall, cela doit interpeller tout le monde.
Au Sénégal, ce sont les électeurs qui départagent deux leaders politiques dans la conquête du pouvoir et non l’armée nationale dont le caractère républicain est salué partout et nous a mis à l’abri des coups d’Etat qu’ont connus beaucoup de pays africains.
Dernièrement, des fidèles musulmans ont marché pour dire qu’ils n’étaient pas Charlie, mais je pense que cette fois-ci les citoyens devraient marcher pour manifester leur attachement à la République et contre les appels répétés à l’armée dans l’arène politique.Notresystèmepolitiqueestentraindeprendreunedéviationdangereuse et il faut que tous les démocrates se lèvent comme un seul homme pour dire stop.
Dans quel pays peut-on accepter qu’un leader de parti appelle l’armée à intervenir dans le débat politique ? Apparemment, le Sénégal est en train de devenir un objet politique non identifié.UneRépubliquequiserespectenepeut accepterqu’onutilisecontreellelapolitiquedubâtonetdelacarotte.
Cette forme d’opposition qui avait cours sous le règne du président Diouf, ne peut plus et ne doit plus prospérer. Les citoyens sont devenus matures et savent distinguer ceux qui se servent d’eux et ceux qui les servent.
L’opposition a le droit de se battre en démocratiepourconquérirlepouvoirmaiselleestastreinteàunecertaineéthique politique, en dehors des règles qui organisent son action. Il y a des droits qui garantissent celle-ci dans la Constitution, telles que la liberté d’expression, la liberté de manifester…Et dans le principe, tous les démocrates doivent se battre pour leur respect.
Toutefois, là où le bât blesse, c’est lorsque le Fdpr déclare que de « gré ou de force », il va marcher. Ce langage n’est pas tolérable en démocratie car il s’agit d’une défiance ouverte aux lois de la République.
Si dans ce pays, aucune règle n’est plus respectée, ce sera alors l’avènement de la république de Ndoumbélane, cette fameuse contrée dans nos contes où les animaux vivaient dans une harmonie qui a fini par éclater à cause du non respect des règles communes par l’hyène, le fourbe.
Qui plus est, si l’on peut exercer un droit, en abuser est condamnable et le fait de vouloir manifester en permanence dans les rues de Dakar avec les désagréments inhérents pour le déplacement des personnes, n’est pas loin de l’abus de droit.
Tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal ont eu à interdire des marches et celui de Me Wade ne faisait pas exception, bien au contraire. On se souvient de l’avertissement qu’il avait lancé à Benno Siggil Sénégal de Moustapha Niasse: «Si vous marchez, il y aura des morts ».
En ce moment dans notre pays, les libertés ne sont pas menacées au point de justifier cette agitation tous azimuts de certains opposants qui sont les seuls à voir le diablepartout.
Oncomprendleurstratégieconsistantàbrasserlargeenessayant de faire croire qu’ils se battent pour la défense des libertés, contre la vie chère. En quelque sorte on veut utiliser la méthode Coué, celle de l’autosuggestion pour nous faire penser par nous mêmes que rien ne marche dans le pays.
Même si nous vivons dans un pays pauvre donc confronté à des manques, la vie n’est pas plus chèreaujourd’huiqu’en2010ou2011. Bien au contraire, on ne connaît plus la flambée continuelle des prix comme pendant ces années et les prix du loyer ont baissé…
La morale de toute cette histoire, c’est qu’en politique comme dans la vie, il faut accepter d’être et de ne plus être. Refuser cette réalité mène tout droit au ridicule et au déshonneur