PIERRE AGBOBA SE DÉFOULE SUR LA COMMISSION D'ENQUÊTE
POURSUIVI POUR COMPLICITÉ, AIDE ET ASSISTANCE À KARIM WADE
Poursuivi pour le délit de complicité, aide et assistance à Karim Wade pour enrichissement illicite, Pierre Agboba, a balayé d'un revers de main, hier, les faits qui lui sont reprochés par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Tout en se défoulant sur la commission d'enquête devant laquelle il dit avoir subi un calvaire.
A la barre, hier, durant son interrogatoire, le Pca de la société Ahs Sénégal, à travers Ahs international, a tenu, d’emblée, à raconter à la Cour le calvaire qu'il a subi devant la commission d’enquête : «Ça fait 21 mois que je suis resté coincé à Dakar, et j’avoue que c’est pas du tout facile sans voir ma femme, mes enfants et sans travailler. C’est moi-même qui ai pris la décision de revenir au Sénégal pour tirer cette affaire au clair. Et j’ai été consigné pendant 4 mois à l’hôtel, sans savoir ce qui m’est reproché. Et le calvaire commence.
Comme disent les Burkinabé, je suis tombé du lit à Rebeuss. C’est du jamais vu». Et de poursuivre : «Je suis resté de 10 h à 22 h sans boire de l’eau ni manger. J’avais des vertiges, et je ne pouvais plus tenir. J’avoue que j’ai été torturé, et c’est ainsi qu’ils (les enquêteurs) ont déposé la déposition qu’ils voulaient».
Sur sa lancée, l’ingénieur béninois de railler la justice sénégalaise : «J’ai entendu beaucoup de bonnes choses sur la justice sénégalaise. Mais, je suis resté 21 mois sans oser demander une autorisation d’aller rendre visite à ma famille et sans savoir ce qu’on me reproche réellement. Parce que j’étais sûr que ça allait aggraver davantage l’humiliation que j’ai connue dans ce pays».
Sur les faits qui lui sont reprochés par la Crei, Pierre Agboba s’est interrogé sur la matérialité de ces faits. «Ce n’est pas moi qui suis parti chercher Bibo, c’est lui qui est venu vers moi afin que je lui apporte mon expertise au démarrage du fonctionnement de la société Ahs. Je suis devenu le Président du Conseil d’administration de Ahs Sénégal, à travers Ahs international. Je n’ai jamais exercé une fonction dans cette entreprise, j’ai juste apporté mon expertise en tant que consultant», a-t-il souligné.
«Je n’ai jamais servi de prête nom à cet homme pour un quelconque enrichissement»
M. Agboba a estimé que si l’agrément n’avait pas été obtenu, Bibo Bourgi n’allait pas faire appel à lui. «C’était ma première condition avant de venir. De toute façon, j’avais la certitude qu’il avait l’agrément», a renchéri l'ingénieur béninois. D’ailleurs, Pierre Agboba a précisé qu’il connaît les actionnaires de Ahs international et Ahs Sénégal. Il s’agit, selon lui, de «Ibrahim Abou Khalil dit Bibo Bourgi, Karim Abou Khalil et Pape Mamadou Pouye».
«Quand je disais devant la commission d’instruction que je n’étais pas sûr si Karim Abou Khalil faisait partie des actionnaires, c’est parce que je n’avais pas le statut de ces sociétés à l’époque. Mais, au finish, j’ai la certitude maintenant». Aussi, l’ancien directeur adjoint de la défunte Air Afrique a souligné qu’il ne connaît pas Karim Wade. «Je l’ai connu à l’époque dans une réunion, quand il était ministre des Transports aériens. C’est parce qu’il avait réuni tous les intervenants dans la plateforme aéronautique du Sénégal. Mais, je n’ai jamais servi de prête-nom à cet homme pour un quelconque enrichissement. Encore une fois, c’est Bibo qui a sollicité mon expertise en tant que consultant», s’est expliqué le prévenu.
Abordant cette fameuse réunion dans le salon d’Ibrahim Khalil dit Bibo à Dakar, sur laquelle la Cour a beaucoup insisté, Pierre Agboba a révélé que c’était pour voir les conditions et les modalités dans lesquelles il devait appuyer le directeur de Ahs Sénégal,
Ely Manel Diop, pour le démarrage du fonctionnement de l’entreprise. «J’ai travaillé durant tout ce temps à Ahs gratuitement. Ma seule exigence était que l’entreprise devrait prendre en charge mes frais de déplacement, mon hébergement et autres besoins nécessaires. Encore une fois, je n’étais pas rémunéré», a répondu Pierre Agboba à la Cour, pour cette première manche de l’interrogatoire.