Pierre Gosse Diouf, peintre subconscient
KORA CORPS DE…

Comme un épi de mil en début de floraison, la peinture de Pierre Gosse Diouf est encore verte d’espoir de murissement. Pierre Gosse Diouf est peintre autodidacte. Pour meubler sa solitude de gardien de nuit, il n’a trouvé rien de mieux que le pinceau pour matérialiser son imaginaire et cela donne « Kora Corps », une exposition qui se déroule à Goethe Institut Sénégal sis au Point E du 7 juin au 7 juillet 2013. Le titre de l’exposition relève du jeu de mots qui masque parfois du voile de la pudeur les volutes de la Kora qui donne une résonnance à l’hyperboloïde féminin. «Fantasme» en est le révélateur. Elle est la femme qui expulse un Geiger de couleurs, le corps reposant sur un douillet matelas avec cette phrase de l’artiste peintre ; «Tes arômes sont magnifiques ».
Cette déclaration aurait pu servir de titre à l’exposition. Le tableau n’a certes pas la magnificence des arômes évoqués parce que soufrant de quelques surcharges colorées, il n’en reste pas moins attirant. En fait de Fantasmes, Lady Commandement et l’Avenir du monde forment un triptyque autour du corps de la femme. Lady commandement, tableau qui dénude la femme au milieu d’un tourbillon de pages arrachées dont on ne sait quel livre saint, prend ce corps nu comme lieu de spiritualité, lieu de toutes les dévotions que quelques figures géantes viennent saluer.
L’Avenir du monde fige la femme en début de grosses, le regard tristement abaissé, alors qu’en opposition s’affiche en médaillon sur le même tableau, le sourire d’une autre femme. Il se dégage de ce tableau une bouleversante sensualité qui met en, opposition l’attirance d’un ventre qui sollicite une caresse et la gravité d’un visage.
Et l’on arrive devant le gardien du temps, un immense et long couloir silencieux que garde la dépersonnalisation traduite en ombre chinoise par le regard méprisant de la société. Dans sa solitude nocturne, le gardien œil de lynx devient veilleur du temps. Il y a quelque chose de l’ordre du phallus aussi bien chez ce koriste qui tient entre ses jambes le manche de son instrument et chez la tresseuse qui tient entre ses cuisses une tige verticale sous forme de tronc.
La série de collage sur la Mère, le Rêve d’ailleurs, Retour de Soumbédioune de par les pigments utilisés et la tonalité de la peinture me semble être une veine à creuser et à approfondir. Les sculptures complètent la collection des œuvres exposées.