PIRATERIE DANS LE GOLFE DE GUINÉE: LES ETATS DE LA RÉGION DOIVENT COOPÉRER
LAGOS, 01 nov 2013 (AFP) - Une meilleure coopération entre les forces ouest-africaines est essentielle pour lutter efficacement contre la piraterie, a estimé le Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM) vendredi, une semaine après l'enlèvement de deux Américains au large du Nigeria.
Le nombre d'attaques de pirates a augmenté de façon vertigineuse ces dernières années dans le Golfe de Guinée, qui comprend le Nigeria, le Bénin et le Togo, selon plusieurs études.
Suite à l'enlèvement, le 23 octobre, de deux Américains à bord d'un bateau de ravitaillement pétrolier au large du Nigeria, la Maison Blanche a déclaré être préoccupée par la hausse de la criminalité dans cette région fréquentée notamment par les pétroliers qui transportent le brut ouest-africain vers les raffineries du monde entier.
"L'Afrique de l'Ouest est une zone où l'information entre les pays et avec l'industrie (pétrolière) a besoin d'être améliorée", a déclaré à l'AFP Philip J. Heyl, qui dirige la section aérienne et marine de l'AFRICOM.
M. Heyl cite l'exemple de l'Afrique de l'Est, une région très touchée par les pirates somaliens, où les forces armées et les sociétés privées sont parvenues à communiquer de façon efficace pour faire baisser le nombre d'attaques.
La langue est une des barrières à surmonter en Afrique de l'Ouest, qui regroupe des pays anglophones et francophones, souligne M. Heyl. Et "parce qu'il y a beaucoup de pays, les questions de souveraineté ont compliqué les choses par le passé", ajoute-t-il.
Certaines attaques pourraient être empêchées si un système permettait aux forces maritimes de prévenir leurs voisins de la présence de bateaux suspects, notamment, explique M. Heyl. Mais le fait que les Etats d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale aient reconnu publiquement la gravité du problème est déjà très positif, estime-t-il.
L'accord anti-piraterie signé en juin entre ces Etats est "la première démonstration politique de haut niveau" dans le domaine. Si le problème est régional, pour de nombreux observateurs, il provient avant tout du Nigeria, premier producteur de pétrole africain.
La plupart des actes de piraterie dans le Golfe de Guinée visent les pétroliers et leur précieuse marchandise, revendue au marché noir.
Certains pensent que les Américains étaient visés, lors de l'enlèvement de la semaine dernière mais pour M. Heyl, il est prématuré d'affirmer que les pirates agissent en fonction de la nationalité de l'équipage. "Nous n'avons pas encore assez d'informations pour tirer ce genre de conclusion", dit-il.
L'armée nigériane a déclaré avoir lancé une opération de sauvetage afin de libérer le capitaine et le chef-mécanicien du navire C-Retriever, battant pavillon américain, attaqué au large de Brass, dans l'Etat de Bayelsa (sud).
Les étrangers enlevés dans le Golfe de Guinée sont libérés, la plupart du temps, au bout de quelques jours ou quelques semaines.
Selon les experts, des rançons sont payées pour leur libération, mais ni les gouvernements ni les sociétés impliquées ne communiquent sur les sommes remises aux ravisseurs