PITIÉ AUX ÉLÈVES ET À LEURS PARENTS
Voilà plus de dix ans maintenant, que l’école sénégalaise reste coincer dans une zone de turbulences, à cause de ses acteurs, notamment les enseignants. Des hoquets rageurs, on passe tout le temps à des débrayages et des journées entières sans cours.
En dépit des appels de détresse des élèves et de leurs parents, le quantum horaire ne cesse de se réduire à peau de chagrin. L’une des conséquences les plus visibles, c’est la baisse du niveau des élèves, qui les poursuit jusqu’à l’université, lieu par essence de l’excellence.
Aujourd’hui, les Sénégalais ont épuisé leur capacité d’indignation devant l’ostentation des enseignants à ne pas honorer leurs obligations professionnelles. Certains d’entre eux n’en ont même cure, que le quantum horaire national se réduise au fil du temps. Les syndicats auxquels ils sont affiliés, semblent tellement forts, qu’ils peuvent se permettre de sacrifier la carrière de leurs élèves, sous l’autel de revendications dont l’incidence sur nos finances publiques fait réfléchir tout homme d’Etat sérieux.
A la lumière des positions tranchées des uns et des autres, on risque encore de finir l’année, sans vider tout le programme. A chaque fois, on essaie juste de sauver les meubles, en donnant l’impression qu’on a évité une année blanche. Pour combien de temps, devrait-on encore vivre les mêmes incertitudes et les mêmes injustices à l’endroit des élèves et de leurs parents ?
Mais, autant les enseignants sont fautifs, autant également le gouvernement n’est pas exempt de reproches. Comment comprendre que ce gouvernement puisse prendre des engagements et signer des accords depuis plus d’un an, sans jamais daigner en respecter un seul ?
Ce qui est plus préoccupant, ce sont ses lenteurs dans le reclassement ô combien important des enseignants. Le gouvernement ne peut pas brandir des excuses à ce niveau, tellement les enseignants ont été patients. Il y en a parmi eux, qui ont perdu des années de requalification, la faute à une Administration tatillonne et partisane du moindre effort.
Comme d’habitude d’ailleurs. Même le ministre, qui a en charge la Fonction publique, a reconnu des dysfonctionnements dans le traitement des actes d’avancement des enseignants.
Il est temps sous ce rapport, que les fonctionnaires de l’Etat soient assujettis à des objectifs et qu’ils soient soumis à des contrôles de routine, relativement à l’efficacité du travail qu’ils sont censés abattre, dans le confort de leur bureau. Il est tout simplement inacceptable que des agents, chargés du traitement des actes d’avancement des enseignants, fassent le travail à leur rythme et produisent des résultats, selon le client.
Un an après s’être engagé à appliquer des accords signés avec les enseignants, le gouvernement du Sénégal doit les respecter, tout en tirant des leçons de cette impasse. Un gouvernement sérieux ne signe jamais un accord dont il sait à l’avance, qu’il pourrait avoir des difficultés à honorer. Un gouvernement sérieux doit pouvoir créer les conditions de négociations franches et très rationnelles avec des interlocuteurs crédibles et assez représentatifs.
Toute cette cacophonie à laquelle les Sénégalais assistent est tributaire d’une gestion clientéliste des carrières des enseignants, que l’administration scolaire a elle-même créé. A force de vouloir diviser les enseignants, par le truchement d’une caution à l’éclosion de ribambelles de syndicats, voilà le résultat qui est récolté.
Les élèves voient leur avenir inscrit en pointillés, les parents, qui restent les plus grands contributeurs du secteur, se tournent de plus en plus vers le privé et l’école publique est désacralisée. Dommage !