PLAIDOYER POUR UNE RATIFICATION PAR LE SENEGAL DU PROTOCOLE DE NOGOYA
ACCES AUX RESSOURCES GENETIQUES
Les ressources génétiques des pays pauvres sont, aujourd’hui, valorisées par les pays riches sans, en contrepartie, verser une compensation. C’est une lacune que le Protocole de Nagoya vient corriger à travers le troisième objectif de la Convention sur la diversité biologique.
Informer et sensibiliser sur les enjeux liés au Protocole de Nagoya concernant l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, c’est l’objet de l’atelier qui a réuni, à Dakar, des membres de la société civile et des journalistes. Il est organisé par la direction des Parcs nationaux, point focal national de la Convention sur la diversité biologique.
Le Sénégal, qui est signataire de ladite Convention, s’est inscrit, depuis novembre 2011, dans une dynamique d’élaboration d’une stratégie nationale en matière d’Apa (Accès, partage, avantage). Le colonel Samuel Diémé, conservateur des Parcs et point focal des Apa pour le Sénégal, a fait une communication sur les enjeux de la Convention pour les pays émergents comme le Sénégal à qui profite la ratification et la mise en œuvre.
Un partage juste et équitable des ressources
Le Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (Apa), relatif à la Convention sur la diversité biologique (Cdb), est, selon le colonel Diémé, un accord international au statut contraignant qui a été adopté à la dixième réunion de la conférence des Parties (Cop) à la Convention sur la diversité biologique, le 29 octobre 2010 à Nagoya, au Japon. Après six années de négociations, il a été ouvert à la signature au siège des Nations unies, à New York, en février 2011.
Le Protocole de Nagoya est le 3ème objectif de la Convention sur la diversité biologique. Il vise, entre autres, à veiller à la conservation de la diversité biologique, à assurer une utilisation durable des ressources génétiques et à garantir un partage juste et équitable. Si les deux premiers objectifs sont appliqués dans plusieurs pays, dont le Sénégal, il reste que rien n’est encore fait pour assurer un partage juste et équitable. Le Sénégal a très tôt mis en place, en ce qui concerne le premier objectif, des aires protégées (parcs, forêts classées, forêts communautaires, autres réserves naturelles et les aires marines protégées,…) et tout un arsenal juridique et administratif de protection. Il en est de même pour le deuxième objectif, avec la mise en place d’une politique de quotas qui vise à pérenniser la ressource. C’est au niveau du partage équitable et juste de l’utilisation des ressources que rien n’a, jusque-là, été fait.
Pour le colonel Samuel Diémé, « si l’on faisait la cartographie de ces ressources, on se rendrait compte que l’essentiel de celles-ci se trouve dans les pays développés. Ce sont les firmes occidentales qui développent et valorisent ces ressources (les firmes pharmaceutiques et cosmétiques, pour ne citer que ces exemples) », explique-t-il. Autrement dit, les ressources des pays pauvres sont valorisées par d’autres. Et c’est cette lacune que le Protocole vient corriger à travers le troisième objectif de la Convention sur la diversité biologique.
92 pays ont signé le Protocole, mais seuls 26 Etats l’ont ratifié. Or, pour qu’il soit mis en œuvre, au moins 50 pays doivent le ratifier.