Poker menteur
Macky joue avec le feu !
L’Etat du Sénégal sait qu’il joue avec le feu en ne reconnaissant pas la décision de la CEDEAO. Il sait que le temps lui est compté pour lever l’interdiction de circuler faite à Karim Wade et consorts ou se conformé à la loi en notifiant aux intéressés la mesure qui les frappes ce qui a était fais par l’agent judiciaire de l’Etat. D’ici à ce que la Cour de Justice se prononce à nouveau sur la question après saisine des personnes ciblées par la Justice sénégalaise, de l’eau aura coulé sous les ponts et peut-être que des inculpations auront été faites. C’est une partie de poker qui se joue entre l’Etat du Sénégal et le Parti Démocratique Sénégalais. Un poker menteur, souligne-t-on dans les milieux judiciaires, de la part du PDS. Car à court, moyen ou long terme, la vérité éclatera et l’on saura que l’Etat a raison. Mais à la vérité, la question à mille balles est : la décision de la Cour de justice de la CEDEAO va-t-elle accélérer la traque des biens mal acquis ?
Les Sénégalais le souhaitent. Il urge désormais d’édifier le peuple sur les fautes commises par les anciens pontes du régime, régulièrement convoqués par la police et la gendarmerie et interdits de quitter le territoire national. ‘’Une décision illégale’’, a indiqué la Cour de Justice de la CEDEAO. Ceci aurait dû permettre aux personnes ciblées de vaquer tranquillement à leurs affaires, en parcourant le monde si elles le désirent. Le Ministère de la Justice du Sénégal s’est assis sur la décision de la CEDEAO, en notifiant aux intéressés son opposition à toute idée de sortir du pays. La Justice sénégalaise, en prenant cette décision qui va à l’encontre de celle de la Cour de la CEDEAO, semble démontrer qu’elle détient la vérité dans cette affaire. Est-ce également une manière de dire qu’elle est prête à brandir des preuves concernant les personnes qui font l’objet d’enquêtes ? Une décision de cette nature permettrait à la Justice sénégalaise de redorer son blason. Le Ministère de la Justice semble très mal à l’aise depuis que cette affaire a été déclenchée, car il semble avoir des difficultés à exhiber des preuves pour traîner en justice ceux qui sont soupçonnés d’avoir détourné des deniers publics.
Depuis près de huit mois que l’affaire des biens mal acquis à été soulevée, les Sénégalais suivent et s’impatientent. La plupart sont convaincus qu’il n’y a aucun doute que les personnalités ciblées se sont enrichies de façon éhontée. Leur train de vie dispendieux, le luxe dans lequel ils baignent, sont suffisamment révélateurs à leurs yeux. Ceci n’est malheureusement pas suffisant pour les condamner. Il faut des preuves, que la Justice sénégalaise et ses partenaires semblent avoir des difficultés à trouver. D’où l’obligation pour les nouvelles autorités de ronger leur frein. Cette situation expose le nouveau régime aux quolibets. Les personnages ciblés dans la traque des biens mal acquis surfent sur l’adage wolof qui dit : « lamigne dou lek moromam » (un maître de la parole ne peut subjuguer un autre maître de la parole). Le dispositif communicationnel du PDS est particulièrement pointu. Chaque brèche ouverte par le nouveau régime est exploitée à suffisance, pour dénoncer ce qui semble être de la persécution. Entraînant des dissensions au sein de la coalition au pouvoir. Le Parti Socialiste s’est dit, en effet, favorable à l’application de la décision de la Cour de justice de la CEDEAO. « Nous sommes un pays de droit et au niveau de la CEDEAO, nous avons souscrit des engagements et si la Cour prend une décision, il faut la mettre en œuvre », a souligné le Secrétaire Général du Parti Socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng. La non application de cette décision de la Cour de Justice de la CEDEAO entraînerait une suspension du Sénégal par ladite Cour. Une décision qui pourrait être lourde de conséquences.