POUR MAURICE SONAR SENGHOR, ''DANIEL SORANO FUT GRAND PAR SON SEUL TALENT''
TRANCHE D’HISTOIRE
Le 3 mai 1974, alors directeur général de la Compagnie national Daniel Sorano, l’homme des planches, Maurice Sonar Senghor, présentait Daniel Sorano, qui a donné son nom à la plus ancienne salle de spectacle du Sénégal. Selon lui, « cet artiste fut grand par son talent ».
Dans son discours, il avait rappelé que Daniel Sorano était né dans « ce Toulouse des poètes et des chanteurs, un jour de décembre de l’année 1920 ».
Après un séjour au Sénégal où il passa sa plus tendre enfance, il était retourné à Toulouse pour y entreprendre ses études secondaires puis ses études d’enseignement supérieur qu’il avait été obligé d’interrompre à son premier certificat de licence ès-lettres.
Daniel Sorano, possédant une admirable voix de basse, se destinait déjà à l’art lyrique. Pourtant, une force irrésistible le poussait vers l’art dramatique. Plus tard, selon Maurice Sonar Senghor, il dira, « je crois que ce que j’apportais de plus beau à mes interprétations lyriques, ce devait être l’expression dramatique, le jeu dramatique qui crée le personnage ».
Daniel Sorano a toujours recherché, avec une puissance extraordinaire, tout ce qui pouvait augmenter la valeur de son personnage, sa dimension. Il avait une force d’interprétation toute particulière et se donnait à fond aux personnages qu’il incarnait.
Mais c’est surtout avec « Les Fourberies de Scapin », d’après Maurice Sonar Senghor, que Daniel Sorano avait trouvé, non plus le succès, mais le triomphe personnel. Le directeur de la Compagnie national Daniel Sorano s’est aussi souvenu d’un grand critique parisien qui écrivait, à propos du rôle de Scapin qu’il interprétait :
« j’ai enfin ri à Scapin. J’ai ri, j’ai trépigné et au baisser du rideau, je me suis levé avec toute la salle pour crier, car nos applaudissements ne nous suffisaient pas pour exprimer notre joie. Bien sûr, comme chez tous les métis, il y a chez Daniel Sorano une technique de l’acteur qui lui a été enseignée en France. Mais ce don de vivre, son personnage, de le recréer avec une telle intensité, ce don lui vient, en droite ligne de son sang sénégalais ».
Mort en mai 1962, sa vie fut, selon M. Senghor, « une flamme ardente, alimentée par un immense amour. Amour des siens, amour du théâtre, amour du travail et de l’action. Sa gloire est née de ses actes de foi. Il ne doit rien à la publicité, ni au scandale, ni à la facilité. Il fut grand par son seul talent ».