POUR UNE MÉTHODE MOINS LASSANTE DE FAIRE LA GRÈVE
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Ces temps-ci, des amis, travaillant dans différents secteurs d’activité, m’ont interpellé sur les grèves persistantes, décrétées par les syndicats des enseignants du moyen et du secondaire. Ils n’ont pas tous hésité à me faire part de leur inquiétude, car ils pensent dès à présent à une probable année blanche.
Je déplore, comme eux, la situation qui prévaut depuis quelques mois, dans nos lycées et collèges. Et, par la même occasion, je peux me permettre de donner mon point de vue sur la question, Je dis d’emblée que ce ne sera pas le point de vue d’un censeur, encore moins celui d’un donneur de leçons.
Je vais tout bonnement essayer d’aller à l’essentiel et de me faire comprendre, en ma qualité de père de famille, de citoyen et surtout, d’enseignant, fondamentalement attaché à l’amélioration de la qualité de notre système éducatif, dans le public et dans le privé.
Personne ne peut contester à un syndicat le droit de faire la grève, quand il juge que c’est l’ultime recours pour se faire entendre par le gouvernement et voir ses revendications satisfaites. Mais nous, les militants des syndicats, devons éviter que notre lutte s’apparente à un jusqu’auboutisme ravageur, qui finit par agacer tout le monde, y compris ceux de notre corporation.
A ce propos, je me plais à rappeler la grève du Sudes de 1980. Une grève historique ! Elle ne dura pas plus de vingt-quatre heures et amena le régime d’alors à revoir finalement sa position et à accorder l’indemnité de logement aux catégories d’enseignants qui n’en bénéficiaient pas.
Le Sudes, qui avait comme seul rival le Sypros, n’a pas, au fil du temps, abandonné cette tradition de lutte, moins lassante à mon avis. Elle fut même bénie par mon regretté condisciple et collègue, Iba Ndiaye Diadji, jusqu’à son dernier souffle.
Il ne cessait de clamer, à haute et intelligible voix, qu’il fallait arrêter toute forme de lutte, dès que les intérêts de nos élèves commençaient à être menacés. Lorsque nous entamions une confrontation, quels que fussent l’enjeu de celle-ci et le bienfondé de notre plate-forme revendicative, la sauvegarde des intérêts de nos enfants nous préoccupait essentiellement.
Je demande à mes collègues, jeunes syndicalistes, de concevoir désormais leurs plans d’actions à partir de ce credo.
De cette manière, ils auront la chance de se faire mieux comprendre par nos compatriotes. Ils gagneront toujours la bataille de l’opinion et, de surcroît, pourront montrer à leurs pourfendeurs qu’ils restent, contre vents et marées, les premiers défenseurs de l’école.
Pour le moment, je ne désespère pas que le Grand cadre des syndicats de l’enseignement, le Cusems et le gouvernement parviennent, avec l’aide des médiateurs, à signer au bout du compte un accord définitif, pouvant permettre non seulement de sauver l’année, mais aussi de stabiliser pendant très longtemps notre système éducatif
En tout état de cause, je ne souhaiterais pas, au cas où les négociations reprendraient, que chaque partie ne pût lâcher du lest, en ce qui concerne particulièrement l’indemnité de logement, et qu’il y eût de nouveau une rupture.
Il est vrai que, suite à l’impasse que l’on a constatée tout récemment, chaque enseignant doit maintenant «prendre ses responsabilités». Quant au gouvernement, il ne devrait plus ignorer souverainement la principale revendication de nos collègues.
Je soutiens encore que la démocratie n’a pas de coût, qu’il faudra organiser l’année prochaine un référendum, si c’est la voie incontournable ou royale pour réduire le mandat du président de la République.
J’affirme, avec insistance, que l’éducation n’a pas non plus de coût. Un pays qui ne lésine pas à investir aujourd’hui sur la formation, à tous les niveaux, pense vraiment au futur.
L’histoire retiendra que le premier Président du Sénégal a bâti une Nation, que son successeur s’est attelé à moderniser l’Etat et que le troisième a favorisé la construction d’infrastructures.
Et je constate que notre Président, né après l’indépendance, veut résolument nous mener vers l’émergence. Le début de la mise en œuvre du Pse en est à l’heure actuelle une preuve tangible.
Nous pouvons également compter sur lui pour refonder la République et restaurer les valeurs civiques. Néanmoins, il doit, à son tour et avant tout, compter sur des Sénégalais bien formés, plus motivés et très déterminés à faire toujours preuve d’un engagement patriotique sans faille