POURQUOI LE NIVEAU DE L'ÉCOLE SÉNÉGALAISE A TANT BAISSÉ
MAMADOU NDOYE, SECRETAIRE GENERAL DE LA LD
La baisse du niveau des élèves est souvent imputée au manque de formation des enseignants, surtout des volontaires de l’éducation. Le nouveau secrétaire général de la Ligue démocratique et spécialiste des questions d’éducation, Mamadou Ndoye, considère cette thèse étriquée. Il évoque des causes plus profondes, non encore élucidées.
Le ministre de l’Education nationale a déploré la baisse des performances au Concours général 2013. De 121 en 2010 et 122 en 2011, le nombre de distinctions est passé à 95 cette année. Ce net recul, que Serigne Mbaye Thiam lie aux grèves qui ont perturbé l’année scolaire 2012, est révélateur d’une baisse de niveau général dans l’enseignement scolaire. Celle-ci est souvent imputée au déficit de formation des enseignants, particulièrement les volontaires de l’éducation, mais Mamadou Ndoye, le nouveau secrétaire général de la Ld et spécialiste des questions d’éducation, réfute cette thèse et pointe des causes plus profondes.
‘’Les gens discutent de la qualité de l’éducation, mais ce débat ne date pas des volontaires, il ne faut pas le mettre sur leur compte, prévient l’ancien ministre de l’Alphabétisation et de l’Education de base, initiateur en 1995 du projet des volontaires. Les volontaires ont le même niveau académique que les enseignants qui sont en place. Ils ont subi une formation professionnelle comme eux. La seule différence, c’est le salaire. Donc, ce n’est pas là où se situe le problème. D’ailleurs les différentes évaluations ont montré que les élèves sous la responsabilité de volontaires ne font pas des performances moindres que les autres. Le problème de qualité dans l’école sénégalaise, il est plus profond.’’
Sortie de la bouche de Mamadou Ndoye, cette plaidoirie risque d’être considérée comme un parti-pris subjectif. Car, le secrétaire général de la Ld est le père des volontaires de l’Education nationale. Nommé ministre de l’Education de base en 1995, Mamadou Ndoye avait proposé le projet au président Abdou Diouf. Objectif visé : booster le taux de scolarisation au primaire. ‘’A l’époque on perdait 1 point de scolarisation par an. On est passé de 58% à 54%, se rappelle l’ancien ministre de l’Education de base. J’ai alors proposé de faire un service civique que je vais appeler les volontaires de l’éducation.’’
Les résultats furent immédiats : ‘’Dès l’année suivante, on a commencé à gagner 3 points. Ce qui explique la dynamique que le Sénégal a connue, jusqu’à obtenir aujourd’hui un taux brut de scolarisation de 100%.’’ Mais le combat de la massification remporté, il reste à gagner la guerre pour une éducation de qualité. C’est à ce niveau que les volontaires sont décriés. D’aucuns imputant la baisse du niveau des élèves à leur déficit de formation. Mamadou Ndoye corrige et invite à un diagnostic plus poussé.
‘’Il faut un diagnostic très scientifique, plaide-t-il. Quand les gens font une évaluation des apprentissages, ils ont le nombre d’élèves qui savent lire et le nombre d’élèves qui ne savent pas lire ; le nombre d’élève qui maîtrisent la numération et le nombre d’élèves qui ne la maîtrisent pas. Après, on prend les facteurs : les intrants matériels (classes, mobilier…), les supports didactiques, le programme, l’état de santé et de nutrition des élèves.’’ Et au-delà des intrants, Mamadou Ndoye évoque d’autres facteurs : les méthodes pédagogiques, l’environnement des apprentissages, le climat au niveau de l’établissement, l’environnement communautaire, l’environnement systémique…
Autant de facteurs à prendre en compte pour connaître les causes profondes de la baisse de niveau des élèves et d’envisager les solutions.