PROMOUVOIR L’UTILISATION DES PRODUITS DE NOS TERROIRS POUR S’AFFRANCHIR DU DÉSASTREUX HÉRITAGE COLONIAL
Coïncidence révélatrice, le premier rendez-vous international en terre africaine des produits locaux et de la cuisine africaine, Afroeats 2013, s’est ouvert à Dakar dans un contexte plutôt chargé... de nécessités. Loyer, électricité… mais surtout produits de première nécessité. Cette dernière question des denrées de première nécessité qui défraie la chronique dans sa dimension prix, pose nécessairement celle de la nature de ces produits qui proviennent d’ailleurs.
Le Premier ministre Abdoul Mbaye a eu l’heur de mettre le doigt sur la problématique en faisant référence aux « alternatives nutritionnelles nouvelles qui s’offrent aux jeunes générations actuelles, inquiètes face à la réalité du continent importateur net de produits alimentaires ».
Question d’autant plus épineuse que le gouvernement, de guerre lasse, vient d’opter pour l’homologation des prix de certaines denrées de première nécessité, à défaut de pouvoir influer sur leur baisse.
C’est le lot de toutes les économies extraverties comme le Sénégal et qui ne contrôle pas son marché intérieur. Un pays qui n’aspire pas à produire, mais plutôt qu’à consommer ce que d’autres produisent. C’est cette dépendance en particulier vis-à-vis des céréales importées au détriment de la production et de la transformation des cultures vivrières, qui ajoute à la pertinence d’initiative comme Afroeats.
En encourageant, sensibilisant et promouvant l’utilisation des produits de nos terroirs, Afroeats ne propose pas autre qu’un véritable affranchissement face à un héritage colonial jugé « désastreux » si l’on considère la question sous ses aspects socio-économico-culturels. Tant qu’à consommer notamment dans un contexte de crise alimentaire qui a secoué le monde et qui la menace tous les jours en raison de la croissance démographique, autant consommer local. Slogan encore creux au Sénégal. Et pour cause car, il ne suffit tout de même pas de le brandir, encore faut-il produire et, produire en qualité.
Relocaliser son alimentation, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Le mieux est d'analyser ses habitudes alimentaires, de tester d'autres lieux d'achats, se renseigner sur les fruits et légumes de saison, retrouver le plaisir de cuisiner et passer du temps avec ses proches à savourer autrement le moment des repas, etc.
Par ailleurs, l'argent investi dans une entreprise locale génère plus d'argent pour le territoire et ses infrastructures que l'argent dépensé dans un supermarché par exemple. Ce qui n’est pas mauvais en soi pour peu que les produits locaux soient tout aussi présents dans ce supermarché, en quantité et qualité. Relocaliser sa consommation, c'est soutenir son territoire. Attention à ne pas tomber dans une logique nationaliste bien sûr... il s'agit seulement d'une logique localiste, la nuance est grande !
Comme disait l’autre, manger local, c'est retrouver un lien au temps, aux saisons, aux saveurs, c'est limiter au maximum les additifs alimentaires, colorants et autres éléments comme l'huile de palme, les cubes, les acides gras trans, les sulfites, etc.