PROPOSITIONS D’UN CITOYEN
Les Sénégalais sont sceptiques. Ils ont le sentiment d’être tenus à l’écart, de ne pouvoir se faire entendre qu’un jour tous les cinq ou sept ans. Certes, les Sénégalais marchent, mais ils rechignent de plus en plus devant cette dichotomie arbitraire qui leur nie leur capacité d’analyse et de discernement.
Comme des bambins, on leur annonce qu’ici sont les bons et là-bas les mauvais. Ils ne comprennent pas la situation dans laquelle le Sénégal se trouve, où l’on y perd jusqu’au sens des mots, la tolérance est devenue haine, le rassemblement affrontement, la vérité mensonge. Spectateur éperdu, le Sénégalais ne sait plus qui est avec qui, ni pourquoi les alliés de la veille se métamorphosent en ennemis irréductibles.
Aussi longtemps que la politique au Sénégal s’apparentera à un match dans lequel il s’agit d’écrabouiller l’adversaire par tous les moyens imaginables pour remporter la victoire, les spectateurs-électeurs applaudiront, se divertiront peut être, s’enflammeront parfois, mais ils ne lui porteront aucun respect.
Pour un Sénégalais moyennement doué de bon sens, le jeu politique avec ses éclats artificiels, ses représentations aseptisées, et ses ambiguïtés, est strictement réservé à quelques professionnels du machiavélisme.
Dans la conscience populaire, la politique est synonyme de mensonge, de cynisme et de malhonnêteté. On peut se scandaliser que la politique soit ainsi placée au banc d’infamie. Les acteurs en la défigurant, sont responsables de ce discrédit.
L’incivisme et la filouterie politique, se sont substituées à la vertu telle que décrite par Montesquieu comme principe fondamental de la démocratie. La politique est avant tout une éthique morale, à la fois individuelle et collective, fondée sur les potentialités intellectuelles et morales de l’homme.
Sans morale politique rigoureuse, observée par les responsables, qui ne doivent jamais subordonner leurs actes aux intérêts de leurs carrières personnelles, même diluées dans un destin collectif qui servirait d’alibi à des reniements injustifiables.
Pour que les Sénégalais respectent la politique, il faut que d’abord celle-ci respecte les citoyens. Qu’elle ait pour eux de la considération, qu’elle les écoute et les fasse participer à ses débats, à ses inquiétudes et ses initiatives.
Il appartient dès lors aux citoyens de retrouver cette citoyenneté spoliée, pour la faire vivre à l’heure du progrès de la société, y prendre sa place, chacun pour lui-même et chacun pour les autres. Une bonne expression de la citoyenneté favorise le bon fonctionnement de la démocratie et permet sans aucun doute un approfondissement et un épanouissement optimal des notions de gestion pluraliste, de décentralisation politique, de démocratie participative, d’économie sociale, et de solidarité nationale et ouvrira grandement la voie d’une éducation sociale, d’une éducation à la démocratie, d’une éducation à la paix et fera que le Sénégal ne soit plus composé de simples électeurs objets mais de citoyens responsables.
C’est pour ces raisons que nous faisons ces propositions, pour une clarification des règles du jeu politique, en espérant que, même si elles sont mal exprimées, elles seront comprises et rencontreront l’agrément des Sénégalais préoccupés par la paix sociale, le développement économique et l’émergence pour tous les citoyens.
1°/ Espace national
Le Sénégal a une superficie de 220 000 km2. Pour des raisons politiques, le territoire est divisé aujourd’hui en 14 régions. C’est une aberration politique et administrative, qu’un simple département puisse devenir une région.
Il faut revenir à l’ancienne physionomie, c’est à dire revenir à 7 régions et que chaque région compte 3 départements, pas plus. Les institutions régionales doivent comprendre une véritable assemblée régionale élue, qui contrôle l’exécutif régional, qui sera dirigée par un gouverneur élu pour une période déterminée.
2°/-Les partis politiques
Le Sénégal compte aujourd’hui plus de 250 partis légalement constitués et reconnus par l’autorité administrative. Mais il y a des partis qui ne respectent pas l’objet de leur création. C’est-à-dire, aller à la conquête du pouvoir, l’exercer etc.
1°/-Rendre obligatoire le respect de l’objet de sa création. Tout parti politique légalement constitué, et qui a reçu son récépissé, devra obligatoirement se présenter à toutes les élections sous sa propre bannière.
2°/-Une abstention serait synonyme d’annulation de son acte de reconnaissance et de dissolution automatique de cette formation.
3°/ Interdire toute forme de coalition. Que chaque parti parte seul affronter la sanction du peuple. (Même si des partis partagent la même idéologie ou la même la pensée politique).
4°/Que tout parti politique qui, après cinq années d’existence légale n’arrive pas à enregistrer l’adhésion effective d’au moins 1 million de militants soit banni et dissous par l’autorité compétente.
5° /Etre extrêmement sévère envers la transhumance, et la location de récépissé, phénomène abject sous toutes ses formes.
Le Sénégal compte à peu près 13 millions de personnes. Moins de 800 000 individus s’occupent directement des affaires politiques, administratives, financières et économiques de la Nation, mais dans ce sédiment, seulement 1/5ème de ceux-là se partagent les 9/10ème de nos richesses nationales.
Cela est significatif sur le plan de la justice sociale, car l’écart qu’il y a entre riches et pauvres est tellement monstrueux que certains Sénégalais vivent en dessous du seuil de la pauvreté, c’est à dire avec moins d’un dollar par jour. Le fichier électoral, nous dit-on, compte au moins 5 millions d’inscrits sur 13 millions.
Aucun parti et même les coalitions de partis n’arrivent même pas à engranger le cinquième de l’électorat. Et aucun parti ne peut justifier au moins 1 million des militants sur les 13 millions d’habitants que compte le Sénégal. Ce qui pose le problème de la représentative des partis politiques et surtout de leur légitimité.
Que ces quelques propositions, éminemment politiques et sociales, soient soumises à la sanction populaire. Elles sont faites dans le but unique de contribuer à la régénération des valeurs cardinales qui ont toujours caractérisé le peuple sénégalais.
Il appartiendra alors aux différentes formations politiques de convaincre les populations, plutôt que de s’accrocher à la fumeuse théorie qui consacre la thèse qu’aucun parti politique ne peut plus gouverner seul le Sénégal.
Les développeurs de cette théorie sont ceux qui se disputent toujours les plus forts restes ou qui cherchent des coalitions pour subsister, seul moyen pouvant permettre d’assister au banquet des gros bonnets. Il faut se donner les moyens de convaincre le peuple sénégalais et recueillir ses voix d’une part, et d’autre part, mettre une dose de «morale» dans la chose politique.