A QUAND LE CHEMIN DE FER ?
Parce que les peuples ont besoin de rêver, le président Macky Sall et son Premier ministre doivent intégrer dans leurs démarches la nécessité de marcher sur leurs deux jambes. Gérer l'urgence quotidienne et ouvrir des fenêtres de rêve en imprimant aussi leurs actions dans l'érection de grands chantiers. Et s'il en est un qui mérite d'être ouvert, c'est bien celui du chemin de fer.
Prendre le train pour aller à Thiès, St-Louis, Matam. Prendre le train pour rallier Kaolack, Tambacounda, Ziguinchor. Connecter par ce biais le pays tout entier, d'Est en Ouest, du Nord au Sud, contribuera assurément à consolider le sentiment d'appartenance à une même communauté nationale. Subséquemment, le transport des personnes et des marchandises aura un impact réel sur la baisse de la surexploitation des routes par les gros camions et les "Ndiaga Ndiaye" et, sur les dégâts collatéraux que sont les accidents occasionnant de nombreuses pertes en vie humaine et des blessés.
Sans compter que comme naguère, toute une vie s'organisera autour du train, boostant ainsi les économies locales. C'est dire que la mise en œuvre de ce grand chantier va à coup sûr accompagner, amplifier et mettre en lumière toutes les réalisations en cours du président Macky Sall, lesquelles ont manifestement pour cœur de cible les gens de peu. C'est le cas avec la construction de pistes de production pour désenclaver les villages du pays en leur permettant de participer à l'effort de développement national, la mise en chantier de la Couverture maladie universelle (Cmu) en vue d'assurer la gratuité des soins aux familles les plus démunies, la bourse de sécurité familiale
Sans compter la traque des biens mal acquis qui, en participant de la lutte contre l'impunité, répond à une véritable demande sociale.
A l'évidence, Wade est le père de l'autoroute Dakar-Diamniadio et quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, cette infrastructure, l'une des plus intelligentes de toutes celles qui ont été réalisées durant ses deux mandatures lui collera à la peau. C'est le cas d'ailleurs aujourd'hui, puisqu'en l'empruntant, d'aucuns ne peuvent s'empêcher d'exprimer une petite pensée affectueuse à son endroit. Sourire en coin, épousant une posture théâtrale, ils font dans l'exclamation avec un tonitruant "Pa bi liguey na" qui, faut-il le préciser, loin d'exprimer une quelconque nostalgie, tend simplement à rendre à Wade ce qui appartient à Wade. Fini la galère des infernales embouteillages de Pikine, Thiaroye et l'incroyable épopée que constitue la traversée de Rufisque.
Et c'est particulièrement cela qui va rester dans l'imaginaire de ses compatriotes car, comme le faisait judicieusement remarquer un ami, les peuples ne retiennent que les premiers. Pour preuve, avait-il relevé, autant on connait l'Américain Neil Armstrong comme étant le premier homme à se poser sur la lune autant on ignore tous ceux qui l'ont suivi. Compte tenu de cela, il est clair que si la continuation de l'autoroute jusqu'à l'aéroport Blaise Diagne de Diass-Thiès est souhaitable, il ne faudrait pas pour autant que le président Macky Sall s'attende à ce que cela soit versé à son crédit. Tout au plus sera-t-il perçu comme celui qui a poursuivi l'œuvre entamée par son prédécesseur.
Pour dire que la postérité ne retient que le nom du précurseur, les autres réalisations s'inscrivant dans la voie de la consolidation voire de la banalisation. S'il veut imprimer sa marque personnelle dans l'édification du Sénégal en devenir, le chef de l'Etat doit alors ouvrir une nouvelle fenêtre de son histoire. Telle est la loi du désir. Ne l'éblouit que l'absence puisqu'il ne désire que ce qu'il n'a pas. Et c'est dans la rupture et la quête de nouveaux horizons qu'il s'accomplit.
Le président Macky Sall semble en être bien conscient, comme en atteste la sortie de Thierno Alassane Sall, son ministre des Infrastructures, des Transports et du Désenclavement.
S'exprimant vendredi 13 septembre 2013, à l'occasion du dîner débat de l'Amicale des Impôts et des Domaines sur le thème du financement des infrastructures, il avait souligné l'urgence qu'il y avait à "faire le rail ici et maintenant". Et de prévenir :" si on ne fait pas le rail maintenant, dans dix ans, il coûtera 50 fois plus cher, dans vingt ans, il coûtera deux fois plus cher et dans vingt-cinq, nous serons 25 millions de Sénégalais, le baril du pétrole sera à 250 dollars". Pour lui, "il y aura , pour aller vers le Mali, vers le reste du Sénégal, plus de 40 millions de tonnes de marchandises à transporter parce qu'il faudra nourrir deux fois plus de Sénégalais, deux fois plus de Maliens. Il y aura beaucoup plus d'accidents sur les routes avec des risques liés à des accidents de camions-citernes".
D'où l'urgence de mettre en branle ce grand chantier et de rendre possible le fait que les enfants puissent enfin entendre siffler le train.